Dans cet entretien, Guimba aborde plusieurs sujets, dont son dernier spectable à Paris et surtout la situation politique dans notre pays. Aux dirigeants de notre pays il signale qu’il est préférable d’attribuer le marché des armements à des Etats plutôt qu’à des individus, à une société ou une entreprise quelconque, avant de se prononcer sur les attentes du peuple reativement l’école malienne en agonie, les denrées alimentaires inaccessibles, l’absence de solution concrète pour ouvrir le marché du travail aux diplômés sans emploi, aux autres sans formations, la corruption qui bat son plein. Enfin il se dit dans l’opposition constructive, qui aide le Président de la République chaque fois qu’il est sur une voie et s’engage à le combattre avec toutes ses forces, chaque fois qu’il pense que le Président s’égare du » Mali D’abord « . Lisez plutôt !
Parlez-moi brièvement de l’œil du loup, votre dernier spectacle à Paris
L’œil du loup est un texte du célèbre écrivain Daniel Pennac, mis en scène par Clara Bauer, interprété par Vincent Berger, Ximo et moi-même. C’est une histoire profondément humaine, racontée à travers une amitié déclenchée par la rencontre de deux êtres : un petit garçon africain et un loup venu d’Alaska. Le premier fut contraint à l’exil par la guerre, la déforestation et tous les maux dont souffre l’Afrique. L’autre doit son dépaysement à la chasse, la traque, bref à l’action dévastatrice de l’homme sur la nature… Ce dernier s’est retrouvé cloîtré dans un zoo. Le spectacle en question a été créé en Italie en septembre 2013 et durant tout le mois de février 2014, il a été présenté à Paris. Ce spectacle a suscité un grand engouement chez les petits comme chez les grands. Il a eu une très bonne presse. Dans les mois à venir, l’aventure va continuer vers d’autres horizons : Europe, Amérique latine, Afrique et autres. Ce fut un honneur pour moi de travailler dans une mise en scène d’une telle qualité, un texte aussi mur et auprès des comédiens aussi expérimentés que talentueux.
Vous avez pris part au MASA en Côte d’Ivoire. Que pensez-vous de cette rencontre dans la sous-région ?
Le MASA est un des événements artistiques et culturels le plus important et le plus significatif dans la sous-région. Il est important par l’affluence qu’il draine. Il est significatif car c’est une des voies les plus sûres pouvant conduire nos Etats vers l’unité africaine. Cet évènement me semble beaucoup plus efficace que les discours politiciens qui finalement ne sont que des tonneaux vides qui font du bruit sans donner de rythme comparativement au tam-tam et aux balafons dont les rythmes nous font vibrer au plus profond de nos cœurs et nos esprits.
Justement, c’est bien à cause de ces mêmes problèmes politiques que le MASA fut annulé pendant sept longues années. Quel gâchis !
Même si de façon générale, l’organisation n’était pas à la hauteur : 48h de voyage pour certains pour relier Paris à Abidjan, difficultés de caser artistes et invités tout de suite à leur arrivée sans compter les multiples improvisations survenues au niveau de la programmation etc.… Nous pouvons largement nous réjouir de la reprise du MASA et de notre participation à ces retrouvailles. Nous devons saluer le grand peuple de la Côte d’Ivoire qui a su rebondir au lieu d’entretenir et de patauger dans une guerre civile.
Habib, juste après ta participation au MASA, vous vous êtes quand même retrouvé au Mali.
Bien avant le MASA, j’avais été sollicité par Abdoul Aziz Koné en vue de parrainer » Fish Mali « , le Festival international de Slam et humour dont il est le promoteur. J`ai fait alors d’une pierre deux coups en répondant à cet appel de par ma présence. Ce fut pour moi un grand honneur d’être sollicité par la jeunesse malienne à cet autre grand rendez-vous pour le rayonnement de la culture de mon pays. Lors de ce festival, j’ai été grandement impressionné par le niveau d’engagement de la jeunesse africaine et de la qualité de leurs textes. J’ai eu la nette impression que la jeunesse africaine est en cours de prendre son destin en main, car de nombreux pays ont honoré de leur présence l’événement : le Togo, le Ghana, le Benin, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger… Sans oublier que la Belgique et la France étaient tout à la fois représentées. J’étais fier de cette jeunesse battante.
Comment avez-vous trouvé le Mali en cette période d’instabilité chronique qui perdure depuis deux ans ?
Nous sommes rentrés dans une vie constitutionnelle normale. Bien qu’il reste encore les communales devant nous, on peut se réjouir car je ne l’aurai pas cru un seul instant il y a quelques mois. On est très loin de l’anarchie qui régnait avant…, les militaires sont rentrés dans les casernes. Ce fut un grand soulagement. Le parti du Président IBK a obtenu la majorité absolue dans l’Assemblée Nationale. Même les Députés-racailles, et des députés » soukoubè-soukoubè » se sont confondus dans la masse du RPM en vue de bénéficier des faveurs du pouvoir…. Maintenaint, même si l’illusion créée par les promesses électorales s’est dissipée, nous attendons chacune des promesses proférées pendant les campagnes : Yes we are waiting. Au passage, je signale aux dirigeants qu’il est préférable d’attribuer le marché des armements à des Etats plutôt qu’à des individus, à une société ou une entreprise quelconque… A bon entendeur salut.
Aujourd’hui, le défi à relever pour le gouvernement est immense. Le peuple est impatient et alerte. L’école malienne est toujours plongée dans une profonde agonie, les denrées alimentaires sont inaccessibles par le pouvoir d’achat des Maliens moyens, qui ont installé IBK dans le fauteuil présidentiel. Aucune solution concrète n’est en cours pour ouvrir le marché du travail aux diplômés sans emploi, aux autres sans formations encore moins de travail. Et pourtant la majorité d’entre eux ont porté leur choix sur IBK.
La corruption bat son plein…. Bref, ma position est très claire. Je suis dans l’opposition constructive, pas dans une opposition opportuniste. Une vraie opposition qui aide le Président de la République chaque fois qu’il est sur une voie que je pense meilleure pour notre pays et le combattre avec toutes mes forces, chaque fois que je pense qu’il s’égare du » Mali D’abord « . Je reconnais que je n’ai pas beaucoup de force, mais je ferai ce que je peux… On attend de voir.
Propos recueillis par Aboubacar Eros Sissoko depuis Paris