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1991-2012 de GMT à CMD : Non! Je ne démissionne pas !
Publié le vendredi 10 aout 2012   |  Le Zenith Bale


Entretien
© aBamako.com par DR
Entretien du premier ministre Cheikh Modibo Diarra avec la presse nationale.
Vendredi 27 juillet 2012. Primature. 100 jours du premier ministre Cheikh Modibo Diarra face à la presse.


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De 1991 à 2012, beaucoup d’eaux ont coulé sous le pont des Martyrs. De la dictature à la démocratie, les Maliens ont vu, entendu, apprécient et apprécieront. C’est pourquoi, malgré notre attachement au maintien du Dr Cheick Modibo Diarra (CMD) à la primature, il nous est revenu de constater que l’homme n’est pas sur la même planète que nous et qu’il est un revanchard, un dictateur en herbe. Qui n’a qu’un seul objectif, restaurer sa belle famille au pouvoir. Suivez notre regard.

En 1990, après la rencontre de la Baule, la perestroïka, le monde s’est effondré. Il s’est agi de changer radicalement le mode de gestion en optant pour le pouvoir du peuple et par le peuple. Tous ceux qui n’ont pas voulu aller dans ce sens en Afrique en ont fait les frais par l’injonction de nos ex colonisateurs s’appuyant sur la masse populaire déchainée à sortir d’un certain carcan. Au Mali, contesté depuis son putsch du 19 novembre 1968 contre le père de l’indépendance Modibo Kéïta, GMT (Général Moussa Traoré) va s’entêter. Il va décider d’attacher la couronne d’enfer à la tête des Maliens en précisant qu’il ne démissionnera pas : «ko nka fanga bila, ntè, nsébèkoro tè…». Il va s’accrocher au pouvoir et le vendredi 22 mars 1991, Bamako était à feu et à sang. Toutes choses qui pousseront des jeunes officiers et sous officiers, etc., à prendre leur destin en main, à leur tête Amadou Toumani Touré (ATT) pour renverser le régime le 26 mars et puis proclamé le multipartisme intégral, la liberté de presse et d’expression, entre autres besoins exprimés par le peuple.


Comme si c’était hier, plus de 20 ans après, c’est le gendre de celui qui a été arrêté et qui a plus bénéficié de la démocratie qui vient insulter tout le peuple. C’était le vendredi 27 juillet au CICB. En tenant des propos très désobligeants jusqu’à soutenir que ses cent jours valent mieux que les 20 ans de l’ère démocratique. Ainsi, les propos de CMD, nous offrent un excellent éclairage sur le pouvoir de nuisance, conscient ou inconscient, passif ou actif qui, dans un avenir proche, pourraient découler du regard paternaliste et éculé que continuent de porter certains militants et sympathisants de la 2ème République sur le Mali qui n’a cessé de faire l’expérience de radicales mutations au cours des deux dernières décennies.

Lors de cette rencontre avec la presse, les propos de M. Diarra arborent, comment CMD, pris en otage par l’idéologie de la République de son beau père, prétend apporter un éclairage sur des réalités dont il ignore presque tout. A l’en croire, il n’est pas possible de parler du Mali qu’en suivant, en sens inverse, le chemin du sens et de la raison, peu importe que cela se fasse dans un cadre où chaque mot prononcé l’est dans un contexte d’ignorance. D’où la tendance à saturer les mots, à recourir à une sorte de pléthore verbale, à procéder par la suffocation des images – toutes choses qui octroient à ces propos leur caractère heurté, bégayant abrupt et amateur.

Dans sa béatitude on ne trouve d’invitation à l’échange et au dialogue que rhétorique. Derrière les mots se cachent surtout des injonctions, des prescriptions, une insupportable suffisance dont, l’on n’imagine, ne peut faire preuve qu’un homme entré en connivence qu’avec les idéologues de la 2ème République. Il reprend, du coup, à son compte cette technique aussi bien que l’essentiel des thèses des idéologues de l’ère de son beau père. Dès lors, comment s’étonner qu’au bout du compte, sa définition du Mali et des cadres et acteurs de la Révolution de Mars 1991 soit une définition purement négative ? En effet, les acteurs de Mars 1991 sont surtout reconnaissables soit par ce qu’ils n’ont pas, ce qu’ils ne sont pas ou ce qu’ils ne sont jamais parvenus à accomplir. Ses propos se déroulent donc dans une béatifique volonté d’ignorance de son objet.

Etonnant, alors pour nous Maliens consciencieux qu’un des nôtres puisse encore, aujourd’hui, parler du Mali en des termes aussi peu intelligents. Mais à qui fera-t-on croire qu’il n’existe pas de responsabilité morale pour des actes perpétrés par le régime de GMT tout au long de son existence ? À qui fera-t-on croire que pour créer un monde humain, il faut évacuer la morale et l’éthique par la fenêtre puisque dans ce monde, il n’existe ni justice des plaintes, ni justice des causes ? Afin de dédouaner un système inique tel le régime de Moussa Traoré, l’envie est aujourd’hui de réécrire l’histoire du Mali et de ses hommes. Non, Dr revenez sur terre et sachez que la force ne pourra rien résoudre encore dans ce pays. Dr Diarra, réfléchissez sur cette boutade de CHE GUEVARA : «D’où que vienne la mort, elle est la bienvenue. L’essentiel c’est lorsque vous tomberez qu’une main se tende pour tenir le flambeau de la lutte jusqu’à la victoire totale». Alors, n’oubliez pas que c’est sous votre primature qu’il y a eu des fusillades entre étudiants au Mali. Alors, défendez votre bilan mais il ne faut pas essayer de nous embourber, de nous intimider ou pire nous insulter. Il ne sert à rien de tenir des propos populistes et démagogiques pour tenter de blanchir votre sanguinaire beau père.

Boubacar DABO

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