Les images sont assez choquantes pour les pratiquants d’un islam modéré que sont les Maliens, avec quelques islamistes qui frôlent l’intégrisme et qui sont aptes au fanatisme religieux. Mais elles sont bien réelles : 100 coups de fouets ou moins, administrés à des couples hors mariage, à des fumeurs ou des preneurs d’alcool ; lapidation à mort de couple pour ceux qui ont eu des enfants hors mariage. Et le dernier acte frustrant pour des habitants en position de faiblesse est l’amputation d’une main à Ansongo, ville située au sud est de Gao, au nord est du pays. Il s’agit d’un présumé voleur de motos, dont le Mujao a coupé la main en application de la Charia, ce mercredi 8 août.
C’est la première fois depuis plus de quatre mois qu’ils occupent le nord du Mali, que les islamistes liés à Al-Qaïda ont amputé la main d’un voleur, selon les habitants de la région. L’amputation a eu lieu devant des dizaines de personnes sur une place publique de la localité d’Ansongo. Les membres du Mujao auraient prévenu que d’autres amputations auront lieu bientôt. Dimanche dernier, des jeunes de Gao ont empêché les islamistes de procéder à l’amputation d’un voleur. Un animateur de radio de Gao, Abdoul Malick Maïga, a été molesté pour avoir osé commenter cet acte de bravoure des jeunes de Gao.
Une autre manifestation a eu lieu dimanche soir pour protester contre l’agression de l’animateur. Le 29 juillet, les islamistes avaient pour la première fois, lapidé à mort dans la localité d’Aguelhok un homme et une femme parents de deux enfants, dont le dernier avait six mois, sans être mariés. Les groupes armés islamistes qui occupent les deux-tiers du territoire malien, depuis fin mars, agissent en toute impunité, en dehors de la résistance d’une frange de la population. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’apprête à envoyer au Mali une force armée de quelque 3.300 hommes, mais dit attendre pour cela une demande formelle des autorités de Bamako ainsi qu’un mandat de l’ONU.