Nouveau rebondissement dans la crise politico-institutionnelle au Mali : Plusieurs regroupements exigent des assises nationales avant la formation du Gouvernement d’union nationale
Une coalition de plusieurs regroupements politiques et de la société civile vient d’appeler à la tenue d’assises nationales avant la formation d’une quelconque équipe gouvernementale. Un terrain d’entente serait en train d’être trouvé avec le président Dioncounda Traoré, les familles fondatrices de Bamako et des acteurs politiques dans ce sens, à en croire Hamadoun Amion Guindo, le président de la COPAM.
Cette coalition regroupant la CSM, la COPAM, IBK-Mali 2012, le Front pour le Mali et la République (FMR), les Forces pour la réconciliation, la démocratie et la paix-Mali Ko, l’Alliance pour le renouveau du Mali/ Rien que la société civile (ARM-RSC), Joko ni Maaya était face à la presse hier jeudi 9 août à la Maison de la presse. Elle veut que les Maliens se parlent d’abord. » La stabilité du Mali passe par le confort de l’existant « . La formule est de Me Mountaga Tall, le coordinateur de la Convergence pour sauver le Mali (CSM).
La crise politico-institutionnelle que traverse le Mali vient de prendre une nouvelle tournure. Au moment où, avec le retour au pays du président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, l’on pensait que tous les regards se sont tournés vers la formation d’un gouvernement d’union nationale, comme recommandée par les partenaires du Mali, des voix se font de plus en plus insistantes pour contester cette manière de faire les choses.
Le présidium de la conférence était constitué par Me Mountaga Tall de la CSM, Bocar Moussa Diarra du regroupement IBK Mali-2012, Hamadoun Amion Guindo de la COPAM, Adama Traoré du MP-22 et de la COPAM, Nancoman Kéita du RPM et du regroupement IBK-Mali-2012.
Pour les intervenants, c’est le gouvernement qui organise normalement les consultations et les concertations nationales. Ils ne sont pas dans une bataille pour ou contre une personne. « Nous sommes pour la stabilité du pays. Et la stabilité du Mali passe par le confort de l’existant…Et à nos rencontres avec le président Dioncounda Traoré, il ne nous a jamais parlé de gouvernement mais de propositions qu’il a faites dans son message à la nation… « , a expliqué Me Mountaga Tall.
Pour sa part, le président de la COPAM, Hamadoun Amion Guindo, a confié qu’ils ont même eu une rencontre avec le président de la République par intérim la veille sous l’égide des familles Niaré fondatrices de Bamako. Ils seraient parvenus à faire comprendre à Dioncounda Traoré que la demande pressante du peuple c’est l’organisation d’une convention nationale avant tout changement dans le dispositif institutionnel actuel.
Concernant l’ultimatum de la CEDEAO par rapport à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dans les plus brefs délais, les conférenciers diront que la résolution de la crise malienne est une affaire des Maliens. « Nul n’est plus pressé de sortir de cette crise que nous-mêmes’’, a expliqué Bocar Moussa Diarra.
Nous vous proposons in extenso la déclaration rendue publique par cette coalition qui tient aussi à ce que le Gouvernement soit formé par le Premier ministre. « Profondément meurtris par les souffrances quotidiennement endurées par nos frères et sœurs déplacés, réfugiés ou pris en otage au Nord de notre pays par des groupes rebelles, mafieux ou intégristes ; conscients que c’est par une transition apaisée, stable, inclusive et équilibrée que le Mali parviendra rapidement au retour à un ordre constitutionnel effectif après des élections transparentes, démocratiques, participatives ; rappelant le protocole d’accord signé entre nos regroupements le 6 juillet 2012 à la Maison des aînés de Bamako ; rappelant en outre les engagements pris par l’ensemble des forces vives de la nation à l’initiative des femmes du Mali devant les familles fondatrices de Bamako, le haut Conseil islamique du Mali et les communicateurs traditionnels le 22 juillet 2012 ; après une analyse approfondie de la situation sociopolitique au Mali, du bilan de l’action gouvernementale présenté par le Premier ministre Cheick Modibo Diarra ; du message à la nation du président de la République par intérim Dioncounda Traoré ; des propositions de sortie de crise formulées par différents regroupements socio-politiques ; de la Constitution de la République du Mali du 25 février 1992, de l’Accord-cadre du 6 avril 1992 et des décisions et avis des hautes juridictions maliennes.
- Saluons le retour au Mali du président de la République par intérim Dioncounda Traoré et lui souhaitons un prompt et complet rétablissement ;
- Réaffirmons notre attachement à la Constitution de la République du Mali du 25 février 1992, à l’Accord-cadre du 6 avril 2012 et aux décisions et avis de la Cour constitutionnelle du Mali qui doivent être respectés par tous ;
- Prenons acte des propositions formulées par le président de la République par intérim dans son message à la nation du 31 juillet ; Constatons cependant que le président de la République par intérim ne peut mettre en application les propositions qu’il a formulées sans la validation des forces vives de la nation dans le cadre d’une concertation nationale ;
- Réitérons en conséquence au Gouvernement la demande de l’organisation dans les meilleurs délais possibles d’une concertation entre toutes les forces vives de la nation conformément à l’Accord-cadre du 6 avril 2012 ;
- Saluons les consultations entamées par le président de la République par intérim pour le renforcement de la cohésion nationale ;
- Rappelons qu’il revient au Premier ministre la prérogative constitutionnelle de former le Gouvernement d’union nationale équilibré et inclusif ;
- Invitons les principaux organes de la transition à une saine collaboration pour une transition stable et apaisée en vue de la libération rapide des régions occupées ;
- Comptons sur le sens des responsabilités et de l’Etat de chacun pour raffermir l’unité nationale et éviter au Mali de nouvelles aventures ;
- Exhortons le Directoire du cadre de concertation mis en place par nos regroupements à tout mettre en œuvre avec le Gouvernement pour la convocation urgente de la concertation nationale».
Bruno D SEGBEDJI
djitosegbedji@yahoo.fr