Toujours vêtu en blanc, le ministre des Affaires religieux ne rate jamais la prière du vendredi. Le gouverneur du District de Bamako et le maire de la Commune IV lui emboîtent le pas en ce jour saint pour montrer à la face du monde qu’ils donnent le bon exemple du musulman type. C’est peut-être du saupoudrage ! Car, dès qu’ils sont saisis pour trouble à l’ordre public orchestré par de douteux religieux, ils barricadent leur terrier. Ils l’ont fait, une fois de plus, samedi dernier en se faisant représenter à la réunion de l’Association des résidents de l’Aci 2000 (Ar-Aci 2000), dont l’ordre du jour porte sur la «nuisance sonore» émanant de la chapelle des Vainqueurs.
Depuis toujours, ces autorités observent un silence de carpe, un silence radio total et laissent pourrir la plaie. À preuve ! C’est la rage au cœur que les résidents de Djicoroni Aci 2000 expriment régulièrement, depuis 2004, leur ras-le-bol aux ministres, au gouverneur du District de Bamako et au maire de la Commune IV. Toujours sans résultat !
Qu’il s’agisse de développement économique, social ou culturel, de gestion de l’environnement ou de sécurité, les autorités s’en fichent éperdument bien qu’il s’agit du bien-être des habitants de ce quartier paisible. Seul la Police nationale, dépourvue de moyens avec un personnel insignifiant, veille au grain par le truchement des commissariats du 5e et 14e Arrondissements.
Plus dépité que jamais, les résidents de Djicoroni Aci 2000, sous la houlette de leur association (Ar-Aci 2000), monte au créneau faute d’avoir obtenu gain de cause auprès des autorités. De quoi s’agit-il encore ? Les adeptes de la Chapelle des Vainqueurs sise à la Rue 485 à Djicoroni Aci 2000 dépassent les bornes. Presque tous les jours et très souvent jusqu’à l’heure du crime, ils battent le tam-tam à tout rompre, chantent à gorge déployée sur fond de décibels et trépignent jusqu’à faire entendre le bruit de leurs pas de danse à mille lieue à la ronde.
«Trop ! C’est trop ! La nuit, la Chapelle des Vainqueurs dérange trop», déplore Bakary Fané, mécanicien de son état, riverain de World mission Agency. Bakary Diawara, mécano de profession, enfonce le clou : «Ils mettent de la musique tout le temps. Tout le monde se plaint dans le quartier». Prince, le brocanteur du coin, signale qu’il n’est «pas dans son pays. C’est pas mon problème».
Ici, à Djicoroni Aci 2000, la parole est invariable de bouche à oreille. La chapelle des Vainqueurs, domiciliée à la parcelle N° 2962, face à l’école CIGES, séparée de la mosquée Mous’Ab Ben Oumayré et du lycée Joseph Ki Zerbo par la Rue 485, perturbe à feu continu, nuit et jour, l’ordre social, trouble la quiétude d’honnêtes citoyens et déconcentre les élèves. Et, personne ne dit rien. C’est du laisser-faire qui risque de tourner au vinaigre. Il peut même aboutir à une guerre inter religieuse en vogue en Afrique.
D’ailleurs, lors de la prière de l’Aïd, n’eût été le téméraire imam de la mosquée précitée, mu par la tolérance en matière de réligion la Chapelle des Vainqueurs serait réduite en cendres.
En tout cas, dans cette maison de Dieu, le tempo du tam-tam rythme la prière. Le tamani résonne-t-il à la Cathédrale ou à la Grande mosquée de Bamako?
Tous les chemins mènent à Dieu. Premier démocrate, le Tout-puissant dixit : «Dis : ô ! Vous les mécréants ! Je n’adore pas ce que vous adorez ! Vous n’adorez pas ce que j’adore ! Je n’adore pas ce que vous adorez ! Vous n’adorerez pas ce que j’adore ! Vous avez votre religion ! J’ai ma religion !»
En somme, Dieu ne demande à personne de troubler la quiétude de ses semblables comme le fait si bien les «Vainqueurs de l’Aci 2000».
Mister NO