72 heures après la formation du nouveau gouvernement, des Bamakois que nous avons interrogés se sont dits sceptiques quant à la capacité de Mara de faire mieux que son prédécesseur. Certains entretiennent l’espoir tout de même.
La démission inattendue de l’ancien premier ministre, Oumar Tatam Ly a amené le président de la République, Ibrahima Boubacar Keïta, à porter son choix sur Moussa Mara pour le remplacer. La liste du gouvernement de ce dernier a été rendu publique le vendredi dernier. Les Maliens expriment beaucoup d’attentes envers ce gouvernement.
C’est le cas de Mamadou Traoré, administrateur civil. Pour lui » Nous saluons le rattachement de la sécurité intérieure à l’Administration. A mon avis, ce choix politique doit être salué. Mais il doit être accompagné des réformes structurelles. Nous avons toujours dit que la sécurité ne doit pas être détachée de l’Administration. Les deux vont de paire. Nous demandons au gouvernement de faire accompagner cette décision par des réformes dans tous les secteurs y compris la décentralisation « .
Ousmane Togo, étudiant à l’ENSUP, pense qu’il n’y a pas de différence entre l’équipe de Tatam Ly et celle de Mara. « Je suis pessimiste quant à la capacité de cette équipe à résoudre les problèmes du pays. Sept mois après son élection, Ibrahim Boubacar Kéïta peine à trouver des solutions aux problèmes des Maliens. Cela est manifeste à travers les deux gouvernements formés. Au moment où nous attendions des technocrates, nous observons que des chefs de partis politiques signent leur grand retour « . C’est également l’avis de Boubou Cissé.
L’employé de commerce affirme que le nombre de ministres de ce gouvernement est pléthorique. « Le pays n’a pas d’argent. Nous sortons d’une crise. Je pense qu’un gouvernement de cette taille ne va pas contribuer à soulager les dépenses publiques. On pouvait regrouper certains départements ».
Les défis à relever
Allaye Karabenta, pour sa part, est plus modéré. Il estime qu’il faut donner du temps à Mara et à son équipe. Mais l’économiste ajoute que le gouvernement doit s’atteler à relancer l’économie, à faire tout pour que le pays redémarre. Parmi les priorités, notre interlocuteur demande à la nouvelle équipe de se doter des moyens pour la libération totale de Kidal et la sécurisation de tout le territoire.
Sur ce point, le jeune administrateur Mamadou Traoré se prononce : « Dans ce gouvernement, il y a des hommes de talent, des hommes expérimentés même si certains ne sont pas connus du public. Mon conseil pour ce gouvernement, c’est qu’il doit engager très rapidement le dialogue avec nos frères maliens de Kidal. Il doit s’attaquer au problème de la gouvernance qui a miné notre pays et qui sape tous les efforts de développement. Tant qu’on n’aura pas une bonne gouvernance, on retournera à la case départ ».