«Nous ne sommes pas partis au Rpm, nous sommes des députés indépendants»
Suite à la démission de cinq députés Fare et de Zoumana Mory Coulibaly, ce dernier s’est confié à notre confrère «Mali Demain» : «C’est définitif, la page des Fare est tournée chez moi et mes camarades qui m’ont suivi. D’ailleurs, les cinq députés dont 3 de Ségou, un de Dioïla et un de Sikasso, démissionneront très bientôt pour me rejoindre. Je n’ai pas pu toucher les camarades de Niono. Nous irons au Rpm, mes camarades et moi». Après cette annonce, le député de Ségou, en l’occurrence l’honorable Abdoulaye Fofana, nous a joints au téléphone pour nous faire savoir qu’ils n’iront pas au Rpm.
En réalité, selon nos investigations, c’est une lettre de démission individuelle que chacun des députés aurait rédigée. Un certain Boubou Traoré s’est chargé d’en informer Soumana Mory Coulibaly, avant que celui-ci ne récupère la chose en faisant une lettre de démission commune chez un huissier de justice. La lettre a été ensuite déposée par Boubou Traoré au siège du parti Fare. Soumana Mory Coulibaly s’est alors empressé d’informer les responsables du Rpm, qu’ils ont démissionné et vont bientôt les rejoindre. Aujourd’hui, la réalité est tout autre, selon Abdoulaye Fofana député élu à Ségou. «Il n’en a jamais été question. Nous avons démissionné des Fare, mais nous restons députés indépendants. Nous n’allons dans une aucune formation pour le moment». Comme si cela ne suffisait pas, Zoumana Mory Coulibaly est en train d’appeler les militants Fare partout où ils trouvent à démissionner pour le rejoindre. Pour le moment, aucune structure des Fare n’a voulu le suivre.
De fait pour le Député Fofana : «Nous avons été désappointés par les lettres que Modibo Sidibé a envoyées au président de l’Assemblée nationale, à chacun d’entre nous et au parti Sadi. C’est là que nous nous sommes dit que ce n’est plus la peine de rester ; qu’il nous faut prendre nos responsabilités. Nous avons préféré quitter», nous a confié l’honorable Abdoulaye Fofana. Avant d’ajouter que lui et ses camarades démissionnaires resteront des députés indépendants, en attendant d’expliquer à leur base ce qui s’est passé avec le parti Fare. C’est après, dit-il, «que nous pourrons choisir un parti ou prendre une décision».
Toujours selon l’honorable Abdoulaye Fofana, il y a eu beaucoup de malentendus entre eux et Modibo Sidibé qui, selon lui, aurait dû prendre attache avec eux au sortir du Congrès pour fixer le cap à suivre. «Le premier vice-président Koné ne dit pas la vérité quand il affirme que nous avons refusé de le recevoir. Ce n’est pas vrai ! Nous ne l’avons même pas vu ! Si Modibo Sidibé lui-même nous avait appelés, nous n’aurions pas refusé d’aller l’écouter.
Malheureusement, il ne l’a pas fait. Nous sommes libres, nous aussi, de faire ce que nous voulons ; nous ne sommes pas des esclaves de quelqu’un. Pour le moment, nous sommes des députés indépendants, nous allons voir ce qu’il y a lieu de faire», a-t-il expliqué.
Pour le Secrétariat exécutif national du parti, les choses ne sont pas déroulées ainsi. D’autant que selon lui, c’est une lettre de démission collective qui a été envoyée au parti Fare. Celle-ci cite les noms de 5 députés et de Zoumana Mory Coulibaly. Pour le Secrétariat exécutif national des Fare, c’est une fuite en avant, car les députés, à part Bakary Woyo Doumbia, n’ont jamais voulu être clairs avec le parti. «Ils ont toujours dit qu’ils ne peuvent pas être élus sur les mêmes listes que le Rpm et venir dire le contraire, sauf qu’ils ne sont pas les seuls députés dans cette situation. Des députés élus à l’Assemblée nationale, sur les lites Rpm, sont restés fidèles à leurs partis politiques.
Donc aujourd’hui, les 5 députés ne doivent pas créer de fausses raisons pour expliquer leur départ. À l’issue de notre premier Congrès ordinaire, nous avons décidé d’aller dans l’opposition et demandé au président du parti de le matérialiser au niveau de l’Assemblée nationale. C’est ce qu’il a fait. Les décisions du congrès s’imposent à nous tous», nous a expliqué le Secrétaire général Mamadou Keïta.
En tout cas, le risque d’une bataille juridique pour le contrôle du parti semble écarter, car Zoumana Mory Coulibaly affirme que «ce n’est pas la peine de se tirailler autour d’un parti politique».
Kassim TRAORE