Désormais, plus question de tergiverser. L’heureux élu de la Primature, Moussa, a dévoilé le 11 avril dernier la nouvelle ossature de l’attelage gouvernemental. L’on retiendra que sa composition fait des mécontents qui s’attendaient à une équipe resserrée, mais celle-ci compte 31 ministres contre 35 de l’ancien gouvernement d’Oumar Tatam Ly. L’essentiel, pour certains analystes de la scène politique malienne, n’est pas le nombre, mais la qualité et l’engagement de ceux qui figurent dans l’actuel gouvernement et surtout une solidarité gouvernementale pour remettre le Mali sur les rails. Décryptage.
D’abord, un constat s’impose : il y a eu d’intenses tractations avant que Moussa Mara ne puisse former son gouvernement. C’est ce qui explique le fait qu’alors qu’on s’attendait à une équipe restreinte ne dépassant pas 22 0u 25 ministres pour limiter les dépenses en ces temps de crise, le nouveau Premier ministre a dû aller jusqu’à 31. Histoire de satisfaire certaines formations politiques, notamment le parti présidentiel, le Rpm ? L’on ne saurait clairement le dire.
Mais, ce qui est intéressant à noter, c’est que dans ce nouvel attelage, version Moussa Mara, il y a quelques entrants, des recalés, mais pas d’immenses bouleversements.
Les poids lourds toujours en place
Le ministre de la Justice, Mohamed Ali Bathily, peu populaire, dit-on, auprès des magistrats, mais très apprécié par le président IBK, conserve son poste. Deux autres poids lourds de l’ancien gouvernement sont maintenus : Soumeylou Boubèye Maïga à la Défense et le général Sada Samaké qui, en plus du portefeuille de la Sécurité, hérite de celui de l’Intérieur. Mme Bouaré Fily Sissoko est également maintenue au ministère de l’Economie et Tiéman Hubert Coulibaly aux Domaines de l’Etat. Zahabi Ould Sidi Mohamed a pour sa part été transféré, passant des Affaires étrangères à la Réconciliation nationale…
Les nouveaux entrants
Ils sont au total 8 ministres à intégrer le gouvernement de Moussa Mara qui compte 5 femmes et aucun ministre délégué. Il s’agit, entre autres, d’Abdoulaye Diop, qui fut pendant plusieurs années ambassadeur du Mali aux Etats-Unis, fait son entrée au gouvernement en tant que ministre des Affaires étrangères. Ousmane Sy, un ex-ministre sous le régime du président Alpha Oumar Konaré (2002-2012) est nommé ministre de la Décentralisation. Première expérience gouvernementale pour Mamadou Camara qui quitte le poste stratégique de Directeur de Cabinet du président de la République pour le portefeuille de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication. Zahabi Ould Sidy Mohamed, précédemment ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, atterrit au ministère de la Réconciliation, en remplacement de Cheick Oumar Diarrah Cheikna Seydi Ahmadi Diawara dirige le nouveau ministère de l’Aménagement du territoire, de la Planification et de la Population. Mountaga Tall, chef du parti Comité national d’initiative pour le développement (Cnid), un vétéran des vétérans de la classe politique malienne, fait une entrée remarquée dans le gouvernement comme ministre de l’Enseignement supérieur. Housseyni Amion Guindo, candidat battu à la présidentielle de 2013, est au ministère des sports. Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo obtient le département de la Culture…
Les recalés
Parmi les ministres remerciés, on note la sortie fracassante de deux généraux : le général Moussa Sinko Coulibaly, ex-ministre de l’Administration territoriale. Cet organisateur de la dernière présidentielle – un succès – était aussi l’un des membres de l’ex-junte à l’origine du coup d’Etat militaire de mars 2012. Et le général Abdoulaye Koumaré, qui était aussi très proche du chef de l’ex-junte Amadou Sanogo. Ousmane Ag Rhissa qui était au département de l’Environnement, Cheick Oumar Diarrah de la Réconciliation nationale, Bruno Maïga de la culture… ont été «mis à la porte».
Selon nos informations, après la formation de ce nouveau gouvernement, le nouveau Premier ministre Moussa Mara veut aller très vite. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il s’est rapidement fixé plusieurs priorités dont la sécurité et la réconciliation, essentielles pour le Mali qui sort d’une longue crise.
«La sécurité de l’ensemble des Maliens là où ils se trouvent et sur l’ensemble du territoire national», est prioritaire, avait affirmé M. Mara lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur Oumar Tatam Ly. Aller vite ! Oui, mais, Moussa Mara, vu sa jeunesse, ne doit pas confondre vitesse et précipitation, tout en misant sur la solidarité gouvernementale. Il doit «se hâter lentement», car «qui va lentement, va sûrement» et «qui veut aller loin, ménage sa monture». Bonne chance à vous Premier ministre et à votre nouveau gouvernement !