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L’Indépendant N° 3481 du 16/4/2014

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Roue libre : MARA, un premier ministre fantoche ?
Publié le mercredi 16 avril 2014  |  L’Indépendant




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De Alpha à IBK en passant par ATT, au Mali, le choix du premier ministre n’a jamais obéi à la tradition républicaine qui consiste à sortir l’oiseau rare des rangs du parti majoritaire. Le premier a sorti du frigo de vieux dinosaures staliniens comme Abdoulaye Sekou Sow, Younoussi Touré et autres qui au moindre coup de boutoir ont préféré prendre leurs jambes à leur cou. IBK est l’exception qui confirme la règle. ATT a préféré se rabattre sur des retraités comme Ag Hamani, Mariam Khaidama, Issoufi Maïga. IBK innove avec la politique des jeunes dont Oumar Tatam Ly fut l’agneau sacrificiel.

Enquiquiné par les proches du président en particulier par son fils Karim Kéïta, Tatam Ly est parti la gorge serrée. Homme plus effacé que discret, pendant sept mois il n’a servi que d’épouvantail pour les tisserands. Si la nomination de son successeur Moussa Mara a été plus ou moins bien accueillie par l’opinion comme le signe du changement, elle a tout aussi provoqué des gorges chaudes au sein du RPM. Comment, en effet un homme politique qui ne vaut pas son pesant d’or à l’Assemblée nationale avec un seul élu peut-il être nommé comme le premier de nos ministres ? On avance comme arguments que l’expert comptable est compétent, rigoureux, bon gestionnaire des deniers publics.

Certes, il est adulé en commune IV où à l’annonce de sa nomination, des partisans indécrottables ont fait la fête passant du culte de la personnalité à l’idolâtrie. Dans ce quartier pourtant on ne lui connait qu’un seul haut fait d’arme, celui d’avoir remis dans leur droit les 900 déguerpis de leurs parcelles, dont les bicoques ont été rasées à coup de bulldozer au profit des riches. Hormis chaque hivernage, c’était le cauchemar pour les usagers du marché de Djikoroni para. Sur une route pourtant bitumée, on pataugeait dans la boue et dans les eaux, la chaussée étant transformée en lac Baïkal. Pendant qu’au marché proprement dit, c’était la crasse, vendeurs, clients et simples passants fuyaient les automobilistes pour ne pas être éclaboussés par la boue. Les photographes affluaient pour prendre les derniers clichés de cette scène insolite. Y a-t-il un maire dans la ville ?

Ailleurs, Mara s’est cassé les dents sur la montagne d’ordures de Lafiabougou arguant que son enlèvement relève de la responsabilité de la mairie du District. Pourtant, Housseiny Amion Guindo, le président de la CODEM qui habite à mille lieues de là avait loué de sa poche des bennes et des pelleteuses pour soulager les riverains que les ordures commençaient à envahir. On peut alors se demander quels critères ont prévalu au choix de cet énarque comme chef du gouvernement ? C’est que d’abord Mara a des qualités intrinsèques qui en imposent, sa jeunesse aussi est un atout puisque IBK prône le changement. Mais Mara est un néophyte qui fait son baptême de feu dans la gestion des affaires publiques au sommet de l’Etat. L’homme n’est peut-être pas un cascadeur comme Oumar Mariko mais il est tout aussi de la génération des têtes brûlées.

C’est une tête forte qui a accepté de se mettre au service d’un homme au bras d’acier. Deux eaux chaudes peuvent-elles se tiédir ? Dans ce cas ou il s’abaisse ou il passe sous les Fourches Caudines. Les Maliens savent et disent que son gouvernement a été formé par-dessus sa tête et qu’il n’a même pas eu son mot à dire. Vrai de vrai car il n’a pas pu offrir un strapontin à son valet de chambre et à plus forte raison une place honorable à un cadre de son parti. Attention à la longue au syndrome Tatam Ly. C’est une première couleuvre qu’il vient d’avaler apparemment sans rechigner. Il semble même s’accommoder de ce diktat lorsqu’il a dit récemment qu’il va exécuter les directives du chef.

Ces directives, c’est le programme du candidat IBK assaisonné des caprices du chef. On ne parlera donc plus improprement de gouvernement Mara mais plutôt de gouvernement IBK car cette équipe est celle du président. Par un échange de bons procédés pour un choix aussi inattendu, les frères ennemis des législatives de 2007 ont certes enterré pour un temps, la hache de guerre mais pourront-ils fumer le calumet de la paix. Les Maliens attendent la suite.
Mamadou Lamine DOUMBIA

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