Une commission ad hoc pour piloter le reste des préparatifs du congrès reporté du Haut conseil islamique permettrait de faire baisser la tension vive au sein des organisations musulmanes.
Le congrès du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) devait se tenir les 15, 16 et 17 avril 2014. Face au climat de forte tension qui prévaut entre les différents prétendants au poste de président du HCIM, il a été décidé, à l’issue d’une réunion de médiation, de reporter le congrès à une date ultérieure. De ce fait, le Groupement des leaders spirituels musulmans, dirigé par Chérif Ousmane Madani Haïdara, exige la mise en place d’une commission neutre par le département des Affaires religieuses et du Culte.
Le groupement a animé le mardi 15 avril 2014 une conférence de presse à son siège à l’Hippodrome. Deux personnalités ont animé la rencontre : Thierno Hady Oumar Thiam, candidat du groupement à la présidence du HCIM, et Chérif Ousmane Madani Haïdara, coordonnateur du mouvement.
Le premier a révélé qu’il est bien le candidat du groupement et dit ne pas comprendre la réaction de certaines personnes qui se montrent étonnées de voir une candidature venant d’un autre courant religieux et traitent sa candidature de trahison. Or, il croit savoir que nous sommes en démocratie et que le multipartisme est garanti. Thierno Hady Oumar Thiam, puisque c’est de lui qu’il s’agit, rappelle qu’au congrès qui a vu l’avènement de Mahmoud Dicko à la tête du HCIM, il y avait 3 candidats.
Il a ensuite regretté que l’affaire se soit terminée devant les tribunaux. Selon lui, tout était fin prêt au niveau du groupement pour le congrès du 15 avril, mais ce sont les autorités du pays qui ont décidé de son report et cela doit être accepté puisque ce sont elles qui ont mis en place le HCIM pour servir d’interface avec les musulmans. Le candidat du groupement dit avoir plus de 10 ans d’expérience dans la gestion du HCIM pour y avoir occupé plusieurs fonctions.
Avec le report, il appelle le ministère des Affaires religieuses et du Culte de mettre en place une commission ad hoc qui sera chargée de préparer les travaux du prochain congrès, car, a-t-il estimé, il n’y a plus de Haut conseil islamique. Une telle procédure peut permettre d’éviter des irrégularités, selon lui.
Le Chérif Ousmane Madani Haïdara a regretté qu’un autre islam soit en train de remettre en cause l’islam hérité avec nos ancêtres. Pour lui, le Tidianya et les Kadrya ont vécu au Mali des années sans problème a fortiori verser du sang. Cet islam est à mille lieues de l’islam qu’on a connu ces derniers temps au Mali dont le point culminant a été l’occupation des régions du Nord au nom de la religion musulmane.
L’érudit d’Ançar Dine a expliqué que selon ce que des témoins lui ont rapporté, le congrès qui a vu Mahmoud Dicko accéder à la présidence du Haut conseil islamique du Mali a été entaché d’irrégularités et ce n’est pas pour rien que le tribunal qui avait été saisi de l’affaire avait recommandé la reprise du congrès. Mais, a expliqué le Cheikh, le pouvoir de l’époque voulait coûte que coûte imposer son homme à la tête de l’organisation. Le guide d’Ançar Dine a expliqué que c’est par patriotisme et patience que les uns et les autres ont accepté le compromis, sinon le pouvoir ne pouvait rien imposer à qui que ce soit.
Mohamed Macki Bah de l’UJMA a expliqué que pour le présent congrès, les familles fondatrices de Bamako ont tenté une médiation et voulaient obtenir un bureau consensuel avant les assises. Mais, a-t-il souligné, le blocage s’est créé au niveau de la présidence où ni Mahmoud Dicko, candidat à sa propre succession, ni Thierno Hady Oumar Thiam, n’a voulu céder.
Ce qui a même amené les sages de Bamako à demander que les deux prétendants se retirent au profit de Chérif Ousmane Madani Haïdara. Mais ce dernier a décliné l’offre. C’est ce blocage qui a amené le gouvernement à reporter purement et simplement le congrès.
Un congrès tant attend
Le mandat de Mahmoud Dicko est arrivé à terme depuis janvier 2012. Mais le renouvèlement du bureau du HCIM n’a pu avoir lieu à cette date, à cause de la crise politico-sécuritaire qu’a connue notre pays. Le 2e congrès ordinaire devait se tenir cette semaine, mais aux dernières nouvelles, il a été reporté à cause de la forte tension qui règne entre les différents prétendants au fauteuil du président du HCIM.
Selon nos informations, suite à cette situation, les familles fondatrices de Bamako, au cours d’une rencontre tenue lundi, n’ont pas pu faire baisser la tension qui était montée d’un cran entre les différents candidats.
La même source indique qu’au cours de cette rencontre dont l’objectif était de procéder aux derniers réglages avant la tenue du congrès, des candidats ont failli en venir aux mains. C’est pourquoi, les autorités ont décidé de reporter le congrès sine die afin d’éviter d’éventuels affrontements entre les différentes tendances.
Selon nos informations, IBK aurait eu, depuis Dakar où il était en visite d’Etat, échos de cette tension qui prévalait entre les différentes tendances. Et il aurait ordonné aux organisateurs et au département en charge des Affaires religieuses et du Culte de trouver une formule appropriée pour éviter le pire. Et ceux-ci n’ont trouvé mieux que le report de ce congrès à une date ultérieure. Le temps que des mesures soient prises pour une meilleure organisation.
Ils sont deux candidats en lice pour le poste de président du HCI. Le président sortant, l’imam Mahmoud Dicko, et Thierno Hady Oumar Thiam du groupement des leaders religieux. Mais il semble que Mahmoud Dicko soit dans la ligne de mire d’une fronde qui veut le faire partir coûte que coûte. La décision de report du congrès du HCI est diversement appréciée.
« Le gouvernement a pris la bonne décision en décidant du report de ce congrès », nous a expliqué le représentant d’une association islamique qui a pris part à la rencontre du lundi. Cependant, d’aucuns crient à l’immixtion du gouvernement dans les affaires du HCI, qui n’est pas une institution de la République, mais une organisation de la société civile.