Dans le grand désert du septentrion, on croyait l’accalmie revenue, mais les tirs d’obus confirment, malheureusement, la dextérité des groupes armés terroristes. Comme en témoigne la série d’attaques kamikazes contre les positions de nos forces armées et leurs alliées. Indépendamment de cette situation désastreuse, la cohabitation entre les forces ne rassure guère.
EUTMPour la sécurisation du Nord du Mali trois forces interviennent, l’armée malienne, les forces onusiennes et Serval. Si le rôle des Fama est la défense nationale, celui des forces onusiennes, se limite à la stabilisation et la sécurité de l’intérieur des villes, tandis que les forces Serval servent d’appui stratégique et technique à l’armée malienne, en cas de danger terroriste avéré. Mais, de nos jours, force est de reconnaitre qu’à l’intérieur des villes, il y a un manque de coordination au niveau des états-majors des forces en place.
Nonobstant la présence de ces forces, l’insécurité a pris des nouvelles formes dans le Nord avec l’apparition des attaques en série. Ainsi, il n’est pas rare d’assister au largage d’obus de façon courante. Les trois régions du Nord ne sont pas épargnées par cette situation qui montre une certaine souplesse dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité dans les zones concernées. Et ces attaques ont toujours visé les grandes villes où les différentes forces sont installées.
Toutes ces attaques portent la marque des jihadistes qui commencent à s’organiser sur le terrain. Mieux, dans le mode opératoire, il est évident que les auteurs de ce largage d’obus connaissent parfaitement les cibles.
Mais au-delà de la persistance de cette nouvelle forme de harcèlement, les terroristes et bandits armés veulent défier les forces en présence (l’armée malienne, l’opération Serval et la Minusma) qui assurent la sécurité, nos investigations nous ont permis de comprendre la nature de leur collaboration et surtout ses limites objectives sur le terrain.
Sinon comment comprendre que malgré la force de frappe des terroristes, les forces ne parviennent pas à installer un véritable périmètre de sécurité ? D’où la colère des jeunes de Gao la semaine dernière face à ce qu’ils qualifient d’inaction des forces de la Minusma et de Serval. Les manifestants s’étonnent du fait que malgré leur grand nombre, celles-ci (forces onusiennes et Serval) ne parviennent pas à apporter le soutien nécessaire l’armée malienne dans sa lutte acharnée contre les terroristes.
Les mêmes manifestants accusent les différents contingents présents dans la Cité des Askia de se préoccuper plus de leur propre sécurité que de contribuer à la sécurisation. Autre constat, là où les forces onusiennes sont présentes, elles donnent l’impression de travailler de façon légère, à en croire certaines sources.
Si dans la ville de Kidal, ce sont les éléments du continent sénégalais qui assurent la sécurité, à l’aéroport, c’est l’opération Serval qui est sur le terrain. Tandis qu’à l’intérieur de la région, notamment à Tessalit, ce sont les soldats tchadiens qui y sont présents et mènent la résistance malgré les dures conditions climatiques.
Cette omniprésence des différentes forces armées n’a pas empêché les terroristes de procéder à des attaques parfois meurtrières. Le patent constat qui se dégage est la recrudescence des tirs d’obus qui se sont succédé à Gao et à Tombouctou en début de semaine.
Une certitude : tous les observateurs s’accordent sur le fait qu’il y a une sorte de confusion de rôles et un relâchement à tous les niveaux. A cela s’ajoute, le déficit de coordination entre les différentes forces. Ce qui confirme un véritable malaise.
Alpha Mahamane Cissé