Cheick Modibo Diarra reste le chef du gouvernement. Le président par intérim Dioncounda Traoré a «renouvelé sa confiance» à son Premier ministre de transition. Il lui demande de «lui faire des propositions en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale», comme le réclame la Cédéao. Cheick Modibo Diarra était entré en fonction le 24 avril. Depuis des semaines, il était critiqué pour son bilan des premiers 100 jours de la transition.
Il y a ceux qui réclamaient la tête de Cheick Modibo Diarra, et ceux qui demandaient qu’il soit reconduit. Mais selon un proche de Dioncounda Traoré, le maintien du Premier ministre à son poste, n’est pas du tout la victoire d’un camp sur un autre.
Au sein du gouvernement attendu, tous les regroupements de partis politiques et d’associations seront représentés. Il leur a été d’ailleurs demandé de proposer des noms de personnes susceptibles de faire partie de la nouvelle équipe.
A côté du gouvernement, il est également prévu la création d’autres structures qui peuvent compléter l’action gouvernementale. Le Haut conseil d’Etat par exemple, sera constitué d’un président et de deux vice-présidents. L’un des deux vice-présidents s’occupera des questions militaires et de la reconquête du Mali aux mains des islamistes.
Deux autres organes seront également crées : la commission aux négociations, pour engager le dialogue avec les islamistes maliens au Nord, et le conseil national de transition, qui sera consulté sur des schémas de sortis de crise. Cela fait beaucoup d’autres structures, pour que tous les pouvoirs ne soient plus concentrés dans les mains de l’exécutif, commente un autre proche du président Dioncounda Traoré.
Chacun à sa place
Cheick Modibo Diarra reste à son poste mais le Premier ministre sera sous surveillance. Car le professeur Dioncounda Traoré compte bien jouer pleinement son rôle de président de la transition, mis entre parenthèse à la suite de l'agression dont il a été victime le 21 mai dernier.
Durant toute cette période, le Premier ministre s'est octroyé un rôle majeur, faisant la pluie et le beau temps à Bamako, provoquant très vite de nombreuses critiques dans la classe politique mais pas seulement. La Cédéao, Commission économique des etats de l'Afrique de l'Ouest, a émis des doutes sur sa compétence. Même les militaires putschistes, premiers soutiens de Cheick Modibo Diarra, ont pris leur distance avec lui.
Mais Cheick Modibo Diarra n'est pas un homme seul. Les forces politiques pro-putschistes sont toujours derrière lui et il peut compter sur le soutien puissant, des représentants religieux musulmans.
Dimanche, quelques heures avant l'annonce de sa reconduction au poste de Premier ministre, il s'est fait acclamer par le public dans le stade du 26 mars de Bamako, plein à craquer, lors d'un important meeting du Haut conseil islamique, sur la crise institutionnelle au Mali.
Dioncounda avait-il vraiment le choix ? Selon un homme politique malien, le président devait garder Diarra pour maintenir un équilibre entre pro et anti-junte et construire une transition consensuelle. Le futur gouvernement d'union nationale devra refléter cet équilibre. Vendredi dernier, à Accra en marge des obsèques du président ghanéen Atta-Mills, les chefs d'Etats de la Cédéao ont rappelé qu’ « il y avait urgence ».
Réactions
Dans la classe politique malienne, les avis sont partagés sur cette reconduction. Chez les pro-putchistes, on se félicite majoritairement de ce choix. Maître Mountaga Tall, coordinateur de la Convergence pour sauver le Mali se dit satisfait du respect de l'accord-cadre et du choix de la stabilité. Le juriste malien estime que le Premier ministre, malgré les critiques, n'a pas démérité et qu"il faut travailler désormais à une large entente nationale.
Du côté du Front du refus, la coalition des partis opposés au coup d'Etat, la position officielle sera connue ce lundi 13 août. On se souvient que le FDR avait demandé le départ de Cheick Modibo Diarra estimant que « le Mali avait besoin d'un Premier ministre compétent et rassembleur ».