Au terme du congrès ordinaire du HCI, le président sortant l’a emporté avec 59 voix contre 27 pour son unique rival, Thierno Hady Omar Thiam. Toutefois, les conditions dans lesquelles se sont déroulés les travaux ne semblent pas du goût de certains leaders qui ont choisi de boycotter la rencontre.
Ce congrès ordinaire, deuxième du genre depuis la création de du Haut conseil islamique en 2002, s’était ouvert samedi, sous le haut parrainage du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita. L’enjeu principal de cette rencontre qui a réuni, au centre international de conférence de Bamako, des délégués venus de partout du Mali était l’élection d’un nouveau bureau, avec en toile de fond le prestigieux poste de présidence. Toute chose qui, se rappelle-ton, avait donné lieu à une crise feutrée qui avait vraisemblablement contraint les autorités de tutelle à reporté sine die ce congrès, initialement prévu du 15 au 17 avril 2014.
Au terme des travaux qui ont pris fin ce lundi 21 avril 2014, l’on peut à présent dire que la communauté musulmane a sauvé l’essentiel, car Mahamoud Dicko a été reconduit à la tête d’un nouveau bureau pour les cinq ans à venir. Le président sortant, avec 59 voix, a en effet été préféré à son unique rival, Thierno Hady Oumar Thiam, qui n’en a récoltées que 27 alors que 13 autres inscrits se sont abstenus. Mody Sylla est élu au poste de 1er vice-président, pendant que le guide des Ançars, Ousmane Madani Haïdara, est, lui aussi, reconduit à la deuxième vice-présidence.
A 60 ans, l’Imam Dicko rempile ainsi pour un second mandat à la tête de l’organisation faîtière musulmane, après avoir succédé à Thierno Hady Boubacar Thiam à la faveur du premier congrès ordinaire en 2008. Mais, il faut dire que la réélection de M. Dicko a surpris beaucoup d’observateurs de la chose religieuse quand on sait que ce dernier était tombé en disgrâce auprès des soufis qui constitue l’écrasante majorité de la communauté musulmane du Mali, après la destruction de notre patrimoine culturel par les djihadistes dans le Nord de notre pays. En effet, beaucoup comme Ousmane Chérif Haïdara avait reproché au président du HCI de ne pas condamner ce comportement qui était, disent-ils, contraire aux prescriptions religieuses. Des sources nous révèlent que Tierno Thiam, soutenu par le groupement des leaders spirituels musulmans, n’avait pas le soutien de tous les éléments de son camp.
Par ailleurs, il y a lieu de noter que le bouillant président de l’Union des jeunes musulmans du Mali (Ujmma), Mohamed Maki Ba, a jugé nécessaire de ne pas prendre part aux travaux de ce congrès. Or, il nous est revenu que l’idée de boycott de la rencontre, qui aurait été émise dans un premier temps par le groupement des leaders spirituels musulmans auquel Mohamed Ba appartient, n’a finalement pas été maintenue. Si, joint au téléphone par nos soins, M. Ba s’est refusé à tout commentaire sur le congrès et son abstention, nous avons pour autant qu’il fait partie des leaders musulmans, regroupés autour d’Ousmane Haïdara, qui avaient, à la faveur d’une conférence de presse organisée le 16 avril dernier, demandé la dissolution du HCI et la mise en place d’une commission transitoire «neutre» pour conduire les travaux de ce congrès.
Aussi, les Maliens se souviennent que Mohamed Maki Ba, dans un passé récent, avait ouvertement contesté la légitimité de l’ancien bureau dont il accusait le président de ne plus servir les intérêts de la communauté musulmane du Mali. A présent, on se demande si ce jeune leader n’a toujours pas enterré la hache de guerre contre le président du Haut conseil islamique du Mali. Quoi qu’il en soit, il faut rappeler qu’au moment où notre pays s’est engagé sur la voie de la paix et de la réconciliation, la communauté musulmane ferait gagner le Mali en resserrant davantage ses rangs.
