Avec la séparation de la Jeunesse des Sports, il était prévisible que le bâtiment occupé par la «Jeunesse et les Sports» revienne naturellement au Département des Sports. Et il en a toujours été comme cela chaque fois que les deux ministères se sont «séparés». La précédente fois, c’était avec le premier gouvernement de la transition, après le putsch du 22 mars 2012. Mais, cette fois-ci, le titulaire de la Jeunesse et de la Construction citoyenne se bat pour rester dans un bâtiment qui a toujours symbolisé les sports. Au point que le président Alpha Oumar Konaré y a dressé le monument symbolisant la devise olympique : Plus vite, plus haut et plus fort !
Et pour l’anecdote, notre propre expérience nous a prouvé que le Malien lambda connaît le bâtiment comme celui du sport et non pour autre chose. Amusez-vous à prendre un taxi et dites que vous partez au ministère de la Jeunesse et des Sports. Le taximan mettra du temps à se situer. Mais il suffit de lui dire : je vais au ministère des Sports pour qu’il vous dise toute de suite : sur la route de Koulouba ! Contraindre le ministère des Sports à emménager à la Cité administrative n’est pas une décision sage pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que le bâtiment qui y est réservé au Département ne pourra pas accueillir le cabinet et la Direction nationale des Sports et de l’éducation physique (Dnsep). Celle-ci est désormais son unique service central et surtout l’interlocuteur privilégié des nombreuses fédérations nationales sportives. Ainsi, le Département sera contraint de s’isoler de sa direction technique, entachant ainsi son efficacité.
Une petite enquête nous a aussi permis de comprendre que les fédérations, le mouvement olympique et sportif n’adhèrent pas à cette décision. Certains responsables disent même que le Comité national olympique et sportif (Cnosm) doit saisir le Premier ministre pour annuler cette décision qui porte un préjudice énorme aux sportifs du pays. «De toutes les manières, ce sont les organisations de jeunesse qui ont souhaité cette séparation. À elles d’en assumer toutes les conséquences. On dit que le bâtiment sera bientôt cassé et reconstruit. Mais, des sources nous disent qu’il n’est prévu dans le plan qu’un seul bureau ministériel. Qui va l’occuper ? Ce ne sont pas les bâtiments qui manquent à l’Etat pour héberger la Jeunesse et la Construction citoyenne. Qu’on nous laisse notre bastion, notre Patrimoine historique», souligne un dirigeant.
Pour cet autre, «nous avons toujours pensé que le renouveau de l’action publique visait à rapprocher l’administration de ses usagers et non de les en éloigner. C’est évident que la Cité administrative est l’endroit le moins indiqué pour abriter les sports». Le sport est un secteur particulier et très sensible. Ses acteurs ne sauraient longtemps se soumettre aux conditions drastiques pour accéder à leur Département de tutelle. Pour nos interlocuteurs, cette décision ne vise qu’à couper le ministère de la base du développement des sports. Ceux-ci pensent qu’à défaut, il faut mettre le bâtiment récemment occupé par le ministère délégué chargé de l’Elevage, de la Pêche et de la Sécurité alimentaire à la disposition des sports pour ne pas éloigner le Département de son noyau central et surtout du public sportif.
Face déjà à la colère, voire à la révolte qu’on sent monter d’un cran par rapport à cette mesure, on voit mal le nouveau ministre des Sports réussir sa mission dans de telles conditions. C’est comme si la Primature et le Secrétariat général du gouvernement le condamnaient à l’échec, avant même le début de sa mission. À Housseini Amion Guindo de se battre pour garder un bâtiment, qui a toujours symbolisé le sport au Mali.
Kass El DIANY