Mahamoud Dicko vient d’être réélu à la tête du Haut conseil islamique du Mali, non sans l’aide du président de la République, du chérif de Nioro ; sans parler des 25 millions Fcfa utilisés comme moyens de persuasion.
Les travaux du 2ème congrès ordinaire du Haut conseil islamique du Mali se sont achevés, lundi 21 avril 2014, par l’élection d’un nouveau bureau que dirige l’Imam Mahamoud Dicko. Avant ce congrès, il y a eu un clash entre les différentes associations qui composent le Haut conseil islamique du Mali. Cela a été plus visible quand Thierno Hady Thiam a déclaré sa candidature, soutenue par le groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, sous la houlette de Chérif Ousmane Madani Haïdara. Ainsi, il y a eu deux candidats, deux clans et deux visions. Sachant très bien que sur les 70 associations membres du Haut conseil islamique 42 étaient autour de la candidature de Thiam, Mahamoud Dicko et ses hommes se sont mis à la tâche. Non sans l’aide du président de la République, du chérif de Nioro, sans parler des 25 millions Fcfa qu’IBK a donnés pour l’organisation dudit congrès.
Secret de polichinelle : le président du Haut conseil islamique du Mali n’a pas été élu pour diriger cette faîtière des musulmans. Les grosses de la justice existent et en attestent. Après le premier congrès, c’est par la fraude qu’il est parvenu à la tête de cette association. Il n’est aussi un secret pour personne, que l’Imam Dicko fait partie des leaders musulmans qui ont signé un mémorandum avec IBK, en 2002, pour la présidentielle. Tout le monde sait que c’est le même Mahamoud Dicko qui a monté de toutes pièces le Mouvement Sabati 2012, pour soutenir IBK. Aujourd’hui, avec le renouvellement du bureau, qui plus est sous l’ère IBK, Dicko ne pouvait que s’attendre à être réélu à la tête du Haut conseil islamique. Ce qui a été fait.
La préparation du congrès sous tension
Cela fait 7 mois que le Haut conseil islamique du Mali prépare son congrès avec les représentants des 70 associations membres, dont chacune a payé 100 000 Fcfa pour l’organisation du congrès. Une somme qui n’a rien à voir avec les 15 millions de Fcfa donnés par le président de la République IBK pour la bonne organisation de ce congrès. De sorte que tous les membres de la commission d’organisation étaient sereins quant à la bonne tenue de ce 2ème congrès ordinaire. Parce qu’en 2002, il y a eu des difficultés ; tout comme en 2008 où l’affaire a été tranchée au tribunal. Au cœur de toutes ces difficultés, il y avait et il y a toujours une seule et même personne, Mahamoud Dicko.
Cette année, tout pouvait bien se passer si à la veille du congrès, il n’y avait pas eu des incompréhensions entre les deux tendances. Malgré tout, l’organisation a continué son travail ; les délégués sont arrivés à Bamako. C’est le mardi 15 avril 2014 que le congrès devrait commencer au Palais des congrès. Mais, à la veille, le ministre des Affaires religieuses et du Culte est sorti à la télévision nationale pour annoncer le report du congrès, sous prétexte que le président de la République souhaite présider l’ouverture des travaux dudit congrès.
La même nuit, les familles fondatrices ont convoqué les deux camps emmenés par Mahamoud Dicko, Ousmane Chérif Madani Haïdara et Thierno Hady Thiam. Elles ont alors demandé aux deux candidats de se retirer au profit de Haïdara, mais celui-ci a décliné cette proposition. La rencontre initiée par les familles fondatrices de Bamako avait pour but de trouver un bureau consensuel pour éviter d’éventuels problèmes. Au même moment, le Premier ministre avait envoyé le ministre des Affaires religieuses et du Culte pour informer les participants à cette réunion du report du congrès. Le groupe des Dicko n’était pas d’accord, il a donc exigé que ce report soit matérialisé par un écrit. Que se préparait-il ? En tout cas, la déception était grande pour les partisans du candidat Thiam, eux qui pensaient gagner haut les mains cette élection.
Le retour des délégués dans leurs localités
Après le report du congrès, le lendemain mardi 15 avril 2014, tous les délégués ont été mis dans leurs droits, afin qu’ils puissent retourner dans leurs localités respectives. C’est au siège même du Haut conseil islamique du Mali qu’ils ont été remboursés.
À peine si certains délégués sont arrivés dans leurs régions, le mercredi 16 avril, que Radios Dambé et Niéta ont commencé à diffuser un communiqué annonçant la tenue du congrès pour le samedi 19 avril 2014 au CICB, sous la haute présidence du président IBK. Ce communiqué a été signé par l’Imam Mahamoud Dicko. Auparavant, le groupement des leaders spirituels musulmans avait exigé un certain nombre de conditions pour garantir la bonne tenue du congrès, notamment la mise en place d’un organe neutre, la dissolution de la commission d’organisation.
Mais, contre toute attente, dès son arrivée, Ibrahim Boubacar Keïta a reçu l’Imam Mahamoud Dicko dans la nuit de jeudi 17 avril 2014 à vendredi 18 avril 2014. C’est alors que ce dernier lui a donné des assurances pour la bonne organisation du congrès à la date du samedi 19 avril 2014, avant de recevoir des mains d’IBK 10 millions supplémentaires pour réparer les dommages du report. Auparavant, le même IBK lui avait déjà donné 15 millions. Pour ainsi dire, Mahamoud Dicko a surfé sur les relations tendues entre IBK et le Chérif de Nioro, pour obtenir la bénédiction du premier en affirmant que le second souhaite le voir rempiler à la tête du Haut conseil islamique du Mali.
Dans le même temps, le candidat Thierno Hady Thiam, qui s’attendait à être reçu par le président IBK, a dû faire contre mauvaise fortune bon cœur. Dans son camp, la surprise était d’autant plus grande qu’il estimait que le président de la République ne pouvait pas écouter un candidat et laisser l’autre en rade. Et jusqu’à l’ouverture du congrès, les membres du groupement des leaders spirituels musulmans n’ont pas été reçus par IBK.
Lequel s’est juste borné à écouter Mahamoud Dicko seul chez lui, à Sébénicoro. Avant de demander au protocole de la République de faire diffuser à la télévision nationale le communiqué annonçant la tenue du 2ème congrès du Haut conseil islamique à la date de samedi 19 avril 2014. Le protocole de la République n’a-t-il pas mieux à faire ?
Sinaly KEITA