Depuis environ trois mois, les agents de SECURICOM et leur direction sont à couteaux tirés. Les premiers accusent leur employeur de licenciement illégal. Mais celui-ci fonde sa décision sur ‘‘l’abandon de postes de travail’’. Du coup, un dialogue de sourd s’installe d’une part, entre les agents licenciés et la direction de Sécuricom. Et, d’autre part, entre la direction de Sécuricom et les autorités. Au cours d’une conférence de presse animée, vendredi dernier, au siège de la CSTM, les délégués syndicaux de Sécuricom ont livré aux journalistes, les derniers développements de la situation qui est loin de connaitre son épilogue.
La conférence était animée par les secrétaires généraux des comités syndicaux de Securicom, Abdourahamane Tabouré, Aboubacar Ousmane et par des représentants de la CSTM. Selon Abdourahamane Tabouré, secrétaire général du comité syndical de la sûreté aéroportuaire, toutest parti d’une décision de mutation, sans fondement, des agents Securicom qui ont pris l’initiative de mettre en place des comités syndicaux.
En mi-février, les agents Sécuricom chargés de la sureté aéroportuaire ont informé leur direction générale de la mise en place d’un autre comité syndical : «comité syndical des agents de la sûreté aéroportuaire».Aussitôt informée, la direction générale de Securicom a notifié aux initiateurs de ce comité syndical, la décision de leur mutation de l’aéroport de Bamako-Sénou où, ils travaillaient.
Pour M. Tabouré, cette décision de mutation a été prise par la direction, pour dissuader les travailleurs ; car elle ne veut entendre parler de comité syndical à Securicom. Mais malgré ces menaces, le comité syndical de la sûreté aéroportuaire a été mis en place. Toute chose qui a contribué à détériorer, davantage, les rapports entre les travailleurs et leur direction ; laquelle n’a pas hésité à commettre l’irréparable, en licenciant, sans autorisation de la direction régionale du travail de Bamako, une quinzaine d’employés impliqués dans la mise en place de ce comité syndical.
Saisie, par les victimes (licenciés), la direction régionale du travail est formelle : la décision de licenciement, prise par la direction de Securicom, est illégale. Mieux, dans une lettre en date du 14 mars, la direction régionale du travail de Bamako notifie à la direction de Sécuricom, son désaccord avec la décision de licenciement des agents concernés. Agents qu’elle considère, jusqu’à preuve de contraire, comme des délégués syndicaux. Et l’article L 227 du Code du travail est clair en la matière : aucun licenciement n’est possible sans l’autorisation de la direction nationale du travail.
Malgré tout, la direction de Sécuricom persiste et défie l’inspection du travail, en refusant de réintégrer ces agents privés, depuis trois mois, de leurs salaires. Soutenus par l’écrasante majorité de leurs collègues, les membres des comités syndicaux ont organisé, en mars dernier, des meetings devant la direction générale de Sécuricom. Ces meetings ont été suivis par l’observation de 72 heures de grève, dans l’espoir de se faire entendre. En vain.
La direction générale de Sécuricom, à en croire le secrétaire général du comité syndical de la sureté aéroportuaire, refuse toute voie de négociation avec les travailleurs. En dépit de la médiation du directeur régionale du travail.
Rappelons que l’affaire a été portée devant le tribunal du Travail de Bamako. Mais mercredi dernier, le président du tribunal s’est déclaré incompétent pour juger cette affaire. Curieusement.
Aux dernières nouvelles, l’affaire a été portée devant la Cour d’Appel de Bamako. Et sa décision est attendue avec impatience par les deux parties. «Nous avons confiance en notre justice et en nos autorités», a conclu, Abdourahame Tabouré.
Abou Berthé