Sept mois après son élection, Ibrahim Boubacar Keïta n’arrive guère à débloquer la situation de Kidal, toujours occupée par des groupes armés. Le président, faute de vision claire et précise, ne parviens jusque là pas à amorcer le dialogue avec ces groupes, alors que l’accord de Ouaga devrait servir de base de discussion entre les deux parties. A Bamako, le pouvoir cafouille et la question du nord ne semble plus être une priorité pour IBK et son régime.
Pour sa première sortie en sa qualité de nouveau ministre de la réconciliation, Zahaby Ould Sidi Mohamed était la semaine dernière à Alger. Là, il commet sa première bourde sous la forme d’une déclaration dans laquelle il annonce la tenue prochaine de pourparlers à Alger entre le gouvernement malien et les groupes armés, déjà avancés dans les discussions. Le même jour, un cinglant démenti est apporté au ministre par le Mnla.
En effet, un responsable de ce mouvement a indiqué que les propos tenus par Zahaby n’engagent nullement le Mnla, qui rejette toute médiation algérienne dans ce dossier du nord. Pour ce mouvement armé, seule demeure la médiation de la Cedeao, mandatée par la communauté internationale.
La bavure algéroise de Zahaby n’est guère une surprise. Elle est l’illustration parfaite de la cacophonie instaurée à Bamako autour de la question du nord et des négociations à propos de Kidal. Et depuis des mois, des manœuvres politico-diplomatiques se multiplient entre Bamako, Alger, Ouaga, Rabat et Paris. Pour quels résultats ?
Aujourd’hui encore, personne ne sait quand débuteront véritablement les négociations ? Où se tiendront-elles? Qui en sera le médiateur ? Avec quels groupes faut-il négocier ?
Ces questions restent toujours sans réponse et pourraient le demeurer longtemps, au grand dam des populations maliennes qui avaient naïvement cru en certains discours politiciens lors de la campagne électorale.
Aujourd’hui, le pouvoir de Ibrahim Boubacar Keïta n’a aucune solution pour Kidal. D’où le tâtonnement en cours des négociations. Et c’est une véritable crise de confiance qui règne actuellement entre Bamako et les différents groupes armés. Que dire, par ailleurs, de l’atmosphère entre le pouvoir malien et les partenaires, notamment les pays membres de la Cedeao qui ont récemment renouvelé leur confiance au Burkina Faso dans les négociations inter maliennes ? Pour l’instant, l’organisation régionale et les autres pays semblent perplexes face à cette cacophonie.
Au même moment, la situation à Kidal est d’autant plus inquiétante que certaines informations font état de nouvelles violences entre groupes armés. Et, au lieu de chercher à faire revenir Kidal dans la République, au lieu de mener une diplomatie discrète et efficace, les autorités de Bamako multiplient les actions d’éclat dont la dernière est la nomination par le chef de l’Etat d’un Haut représentant dans le dialogue inclusif inter malien. Dire que c’est sept mois après que IBK songe à mandater quelqu’un pour entamer des négociations. La gestion du dossier du nord tout comme celle des autres grands dossiers de la nation, notamment les questions économiques, politiques et sociales, sont caractérisées par la même démarche : l’improvisation.
En effet, IBK n’a aucune solution à proposer aux Maliens à propos de Kidal. Il n’a aucune solution à offrir aux Maliens dans beaucoup de domaines. D’où, cette gestion à l’aveuglette qu’il propose. C’est pourquoi, le Mali est dans l’impasse. Et, « au lieu de s’attaquer aux préoccupations de ses citoyens, le président s’éloigne chaque jour des réalités du pays », nous confie un responsable politique. Au-delà, le président IBK, qui a la critique facile à propos de la gestion de ses prédécesseurs, se rend compte qu’il est plus aisé de discourir que de gouverner. Pour preuve, le 11 avril 2012, IBK, lors d’un meeting du Coren (collectif des ressortissants du nord) déclarait : «C’est le rôle de l’armée de libérer le pays. Pas celui d’armées étrangères, ni d’une force d’interposition qui viendrait fixer les lignes d’une partition dont nous ne voulons pas. C’est le rôle de notre armée d’unifier le pays… ». Et à propos de l’occupation du nord, il ajoutait ceci : «Je comprends votre indignation. Et comme vous, je suis indigné. Je me suis révolté, je suis meurtri. Je me sens bafoué…. ».
Alors, deux ans après, le même IBK est au pouvoir. Et cela fait sept mois qu’il dirige le pays, alors que Kidal reste toujours «occupée », mais personne n’entend plus le même discours. Autrement dit, le chef de l’Etat n’est ni indigné, ni bafoué, ni meurtri par ce qui se passe à Kidal. Voilà tout le paradoxe !