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Les milliardaires du coup d’Etat du 22 mars 2012 : Amadou Haya Sanogo, 15 – Seïba Diarra, 9 – Youssouf Traoré, 6 – Amadou Konaré, 5 – Samba Karim Timbo, 4
Publié le samedi 26 avril 2014  |  Le Reporter Mensuel


© aBamako.com par as
Audience et départ du président de la République Fédérale du Nigeria Goodluck Jonathan.
20/10/12. Bamako. Hotel Radisson. Le président du comité militaire de suivi et de reforme Capitaine Amadou Haya Sanogo.


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Dans l’histoire du Mali, on dénombre trois coups d’Etat militaires. En 1968, plus précisément le 19 novembre 1968, le président Modibo Keïta fut arrêté à Koulikoro par des officiers sous la direction d Lieutenant Moussa Traoré. Le 26 mars 1991, Moussa Traoré devenu général, est renversé par un groupe de militaires avec comme chef le Lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Le 22 mars 2012, Amadou Toumani Touré a été chassé du pouvoir par des éléments du camp de Kati qui ont désigné comme chef le capitaine Amadou Haya Sanogo.

Visiblement, les Maliens ont constaté que le dernier coup d’Etat n’était pas préparé. C’est le seul coup d’Etat qui n’a pas été accueilli de façon populaire. Pour preuves, les militaires qui l’ont fait, n’ont jamais tenu un meeting à la Bourse du travail ou à la Maison du peuple, ne serait-ce que pour donner un semblant d’air populaire à leur putsch. Au-delà de tout cela, les putschistes du 22 mars 2012 n’ont pas respecté les engagements pris vis-à-vis du peuple.


Au contraire, en si peu de temps, la tournure des événements a permis aux Maliens de découvrir la réalité et les vraies raisons qui ont poussé Haya et compagnons à prendre les armes. Ceux qui étaient venus pour redresser l’Etat malien et réarmer moralement et matériellement les troupes, ont vit fait d’abandonner les blessés, les morts d’entre leurs frères d’armes qui se trouvaient au front dans le désert. Les 27 militaires et policiers auteurs autoproclamés du coup d’Etat du 22 mars 2012 ont, selon notre source, oublié les raisons profondes du coup de force réalisé le lendemain, c’est-à-dire, le 23 mars 2012, à mesure qu’ils recevaient des biens et dons de toute nature et de partout.

Un officier de l’armée malienne a été la première personne à leur donner 13 millions de Fcfa en espèce, pour qu’ils puissent acheter du carburant et avoir de quoi entretenir la troupe. La moitié de cette somme a pris la direction du compte personnel du général Amadou Haya Sanogo ; deux autres millions ont été donnés au capitaine Amadou Konaré dit Papa. Depuis ce jour, les scènes de partage de gâteau se sont multipliées à Kati. Puis, il y a eu des citernes de carburant, de l’argent en espèce venant d’un homme politique, puis des téléphones portables et l’une des sociétés de téléphonie de la place a installé un haut débit avec code Cnrdre. Des bœufs, moutons, vaches et plus les véhicules du parc de la Présidence de la République ont rempli la cour du PC de Kati.

C’est alors que Haya et les siens ont commencé à s’éloigner des troupes et à s’enrichir à leurs dépens. Cela était visible à Kati au regard du nombre de bâtiments qu’ils ont rénovés, retouchés ou mis au goût du jour. Mais la véritable stratégie d’enrichissement des ténors du putsch, selon notre source, a consisté à puiser dans les caisses de l’Etat à travers les services de l’assiette. En effet, du vendredi 23 mars 2012 au vendredi 13 avril 2012, les versements des recettes des douanes maliennes étaient faits directement à Kati, où commençaient à s’amonceler des sacs remplis d’argent en coupures de 10.000 Fcfa. «Certains de ces billets ont été retrouvés chez Seiba Diarra lors de la minuterie du 30 septembre 2013 et les numéros de série sont connus», ajoute notre source.

Mieux, à Kati, le partage était simple : s’il y avait 4 sacs d’argent, Haya en prenait 2, et de ses pieds, il renvoyait un à Konaré et le dernier à Seiba Diarra. La douane a souffert plus que toutes les structures comme les impôts et le trésor. Après tout cela, les «tondjon» de Seiba se sont organisés pour racketter certains commerçants de la ville et grandes sociétés. En une nuit, un grand commerçant, qui est dans l’agro-alimentaire, a donné 500 millions en espèce. À la suite de quoi, selon notre source, des hommes politiques, qui ont eu à gérer notre pays, pour ne pas détourner des fonds de l’Etat, ont alors pris peur, et à travers des connaissances, ont commencé à payer des sommes d’argent qui varient de 50 à 100 millions Fcfa. C’est ainsi que du 23 mars 2013 au 8 juin 2012, la junte avait mobilisé 46 milliards de Fcfa, à travers la douane, le trésor, les impôts et les rackets. Notre source révèle aussi que les plus fortunés étaient Haya lui-même, Konaré, le colonel Youssouf Traoré, Seiba Diarra, Timbo. Ce sont eux qui sont subitement devenus des milliardaires. D’autres ont des voitures, des promotions exceptionnelles… Ce qui a fait qu’il n’y avait pas eu de problème, car chacun a en eu pour sa part.

Même après le retour à l’ordre constitutionnel normal, ils ont continué à recevoir de l’argent avec l’appui de certaines autorités. Au moment de son arrestation Haya, à lui seul, possédait 15 milliards de Fcfa ; Konaré, 5 milliards ; Colonel Youssouf, 6 milliards ; Seiba Diarra, 9 milliards et Samba Karim Timbo, 4 milliards Fcfa. C’est ce dernier, nous apprend-on, qui faisait le tour des banques avec des sacs d’argent pour faire des dépôts. Une fois, il avait même fui avec une importante somme d’argent de la junte, avant de revenir. Tout cela, sans compter leurs biens et actions dans certaines sociétés et entreprises au Mali et dans la sous-région.

Notre source ajoute que les généraux Moussa Sinko Coulibaly et Abdoulaye Koumaré n’en sont pas sortis les mains vides, mais personne ne peut estimer leur fortune, en raison du fait qu’ils n’étaient plus fréquents à Kati. Encore que Moussa Sinko soit moins bavard que les autres, qui ont décidé de fêter leurs milliards lors de soirées de «Donso N’goni». Par contre, Moussa Sinko avait acheté beaucoup de parcelles, qu’il a abandonnées avec l’ouverture des différents dossiers judiciaires. Alors que le général Koumaré a fait d’autres types d’investissement, selon notre source. Le seul officier qui n’a jamais pris fait et cause pour Kati est l’actuel directeur de la Sécurité (SE), Moussa Diawara. Il était l’un des rares à tenir tête à Haya et aux autres, tout comme son prédécesseur, qui a eu plusieurs fois maille à partir avec les «tondjon» de Seïba Diarra, notamment à l’occasion de l’arrestation d’Oumar Mariko par la Sécurité d’Etat (SE).

En somme, le coup d’Etat a été bénéfique pour les responsables de la junte, qui se sont enrichis en si peu de temps. En tout cas, plus que ceux qui ont géré le pays pendant plusieurs années. D’où la minuterie du 30 septembre 2013.

Kassim TRAORE

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