Suite à son audition du 22 avril dernier, les charges retenues contre le General Amadou Haya Sanogo dans le cadre de l’affaire dite des bérets rouges disparus, ont été requalifiées par le Juge en charge du dossier Yaya Karembé. Après cette requalification, certains cadors du barreau que nous avons approchés émettent quelques réserves face à la nouvelle donne qui vient d’intervenir dans ce dossier. Ils estiment que le jeune juge Yaya Karembé, serait en train d’aller plus vite que la musique, un peu trop vite selon eux. Toute chose qui pourrait, si les avocats de la défense l’exploitaient à bon escient constituer une bouée de sauvetage pour leur client.
En effet, selon l’un des éminents avocats, dont nous tairons évidemment le nom, la requalification des faits que le juge a prononcé doit se faire sur la base de certaines preuves surtout les résultats définitifs des tests ADN, sur les restes des corps qui ont été déterrés à Diago.
A ce stade du dossier, continue-t-il, nous n’avons reçu aucune information sur l’arrivée de ces résultats, mais le juge a tout de même requalifié les charges. Selon lui, s’il s’avérait que les résultats ne soient pas là, il faudrait que le juge puisse avoir de sérieuses preuves pour avoir pris cette décision, sinon la défense pourrait comme elle est d’ailleurs en train de le faire, nier toute implication directe de leur client ou le faire libérer pour faute de preuves. Et si les corps déterrés étaient autres que ceux des bérets rouges disparus? Voilà la question. Selon lui, le juge aurait dû attendre que tous les résultats complets des tests ADN soient à sa disposition avant de procéder à cette requalification des charges. Pourtant, juste après l’audience du 22 avril dernier, l’un des avocats de la défense, affirmait qu’ils étaient confiants et pensaient pouvoir obtenir une liberté provisoire pour leur client.
Propagande ou pas ? On l’ignore pour le moment, une sortie médiatique très mal appréciée par les parents des militaires disparus. Qui ont menacé de se soulever si cela se faisait. En plus de cela il est ressorti dans les échanges que la technique utilisée par la défense est la négation par Sanogo de toute implication directe dans les crimes commis. Egalement sur ce point, il a fait savoir que cela ne peut nullement faire libérer le bourreau de Kati, (passer nous l’expression), car en droit, l’in-culpabilité ne peut couvrir la responsabilité dans un crime.
C’est-à dire qu’au moment des faits, si Sanogo n’a pas donné l’ordre pour l’exécution de ces militaires, en tant que chef de l’ex junte, qu’a-t-il fait pour éviter que cela ne se produise. Il peut ne pas être coupable mais sa responsabilité reste toutefois engagée du moment où il était le chef au moment des faits. Cela est aussi un crime en droit, même absent, la responsabilité d’un chef reste déterminant sur ces sujets et les fautes commises par ceux-ci. Toutefois, il a insisté, sur le fait que le juge Karembé aussi brillant soit-il, ne devrait pas se laisser bousculer par le cours des événements, il doit rester vigilant pour ne pas prêter le flanc, car un dossier si sensible mérite d’être géré avec le plus grand tact.
Hamidou N’Gatté