« Je connais suffisamment Zahabi Ould Sidi Mohamed. C’est un cadre compétent et intègre qui saura prendre la mesure de la situation. Mais, je ne partage pas son optimisme quand on sait qu’il y a des points de blocages qui n’ont jamais été abordés tel que le pays médiateur, le lieu où devront se dérouler les négociations, la date des négociations et la libération des prisonniers ». Avec cette réponse de Mohamed Ag Aharib, Porte parole du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad, il n’y a aucun doute, la résolution de la crise du nord est dans l’impasse. Et, par la même occasion, en plus des exigences du MNLA, cette réponse du porte parole du HCUA dresse en quelque sorte les priorités de l’action de Modibo Keita, nommé le 22 avril 2014, par le Président de la République comme Haut Représentant du Chef de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-malien.
La grande bataille de la résolution de la crise du nord tarde à trouver ses marques. Après de longs mois de tergiversations, le Mali vient de se doter d’un ministère chargé de la Réconciliation, d’une commission vérité, justice et réconciliation et d’un haut représentant du Chef de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-malien. Avec ce dispositif, l’on pourrait penser que le dossier de la crise du nord qui a embrasé le Mali jusque dans ses fondations, est enfin pris en main. Mais, la réalité est toute autre. Si les autorités maliennes ne ratent aucune occasion pour dire leur volonté d’aller rapidement à des négociations, de l’autre côté les responsables des groupes armés, notamment le MNLA, crient au dilatoire.
Il y a de cela quelque jours que Mahamadou Djéry Maïga, Vice-président du MNLA, volait dans les flancs de Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre malien de la Réconciliation, qui avait estimé juste, après un bref séjour en Algérie de formuler le vœu de voir les deux parties, gouvernement malien et groupes armés, se retrouver, dans un délai raisonnable, autour de la table de négociations pour trouver une solution durable à la crise malienne. Dans la même vaine, il avait annoncé que les groupes armés pourront se retrouver de façon formelle en Algérie pour harmoniser leurs positions avant d’aller en négociations au Mali. Cette sortie du ministre malien de la réconciliation n’a été du goût du MNLA. Par la voix de son vice président Mahamadou Djéri Maiga, le MNLA a estimé qu’il n’a pas été informé que l’Algérie devenait le médiateur.
Même si de son côté le HCUA semble être plus dans de très bonnes dispositions, force est de reconnaître que la sortie de son porte parole en dit long sur les difficultés qui attendent Modibo Keita. « Je ne partage pas son optimisme quand on sait qu’il y a des points de blocages qui n’ont jamais été abordés tel que le pays médiateur, le lieu où devront se dérouler les négociations, la date des négociations et la libération des prisonniers », a déclaré Mohamed Ag Aharib, Porte parole du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad.
La désignation du pays médiateur, le lieu où devront se dérouler les négociations, la date des négociations et la libération des prisonniers, sont autant de difficultés que le porte parole du HCUA présente comme des points de blocages. Rapidement, Modibo Keita doit trouver la bonne stratégie pour lever ces goulots d’étranglement qui font que les négociations entre maliens piétinent. Déjà sur la question du médiateur, il y a de forte chance qu’un consensus soit rapidement trouvé. Au moment où le MNLA par la voix de Mahamadou Djéry Maïga s’est arcbouté sur la médiation de la CEDEAO, donc de Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso, le HCUA par la voix de son porte parole Mohamed Ag Aharib dit clairement « ne pas s’accrocher à aucune médiation, même s’il a des préférences ». Selon le porte parole du HCUA, la position de son mouvement est justifiée par le fait qu’ « Il est temps qu’on sorte de cette impasse ».
Et, d’ajouter « si nous avons la volonté d’avancer, il faudrait bien s’entendre sur un pays médiateur ». Si le MNLA arrivait à mettre beaucoup d’eau dans son vin, il n’y a aucun doute Mobibo Keita va avoir une tâche moins difficile. Dans tous les cas, du côté du HCUA, les actes récemment posés par les autorités maliennes sont bien interprétés. « Il semble que depuis quelque temps le Gouvernement Malien a changé de discours. Il affiche une volonté d’aller de l’avant et d’aller rapidement aux négociations. Je pense que c’est une opportunité qu’il faut saisir pour qu’on sorte de cette situation de ni guerre ni paix ».
Cette déclaration du porte parole du HCUA semble être la nouvelle position du mouvement quant à la sortie de la crise. La balle est dans le camp de Modibo Keita. Il saura interpréter tous les signaux qui lui parviennent pour trouver la démarche la meilleur pour toutes les parties dans l’intérêt supérieur de la nation commune à tous les maliens, qu’ils soient du sud ou du nord, tamashek, arabes, maures, sonrhaï, peulh, minianka, bobo ; dogon, senoufo, bambara, sarakolé ou malinké, etc. Il est temps, grand temps que le Mali sorte de cette situation de ni guerre, ni paix, dans sa partie nord et qui a fini par prendre tout le pays en otage.
Assane Koné