Les services proposés par notre administration démontrent qu’elle est malade. Malade de ses agents, de ses chefs et les remèdes proposés pour la sortir de l’agonie sont restés sans succès. Du moins, jusqu’ici les mesures annoncées par IBK à son arrivée tardent à se concrétiser. Voyage au cœur d’une administration qui évolue entre lourdeur et amateurisme.
Avoir un document administratif au Mali révèle parfois du parcours du combattant. Pis, dans notre administration, il faut compter avec la manière peu légère d’accueillir les usagers. « Bonjour Madame, j’ai rendez-vous avec le chef ». Je m’adressais ainsi à une secrétaire d’un service étatique. Sa réponse est sans ambages : « I ni sogoma, mbala djé ». J’ai continué en lui donnant mes références pour qu’elle puisse situer son patron. Sans hésiter, elle me répond encore en bambara.
Finalement, elle s’énerve à cause du simple fait que je ne m’exprimais qu’en français : « Tu es de quelle région du pays et de quelle ethnie » ? Intrigué par ces questions gênantes, j’ai tout de même gardé mon calme. J’ai compris qu’au Mali, dans les services étatiques, pour se faire comprendre, il faut savoir parler obligatoirement la langue nationale bamanan. Pourtant, la Constitution est claire en la matière, la langue officielle demeure le français.
Autre phénomène qui gangrène les services publics, c’est bien la lourdeur administrative qui constitue de nos jours une plaie qui affecte l’efficacité des services rendus. En plus, il faut déplorer le manque de motivation et d’engagement des fonctionnaires.
A cet effet, il n’est pas rare de voir des documents se perdre dans les tiroirs et les fameux circuits administratifs. Et malgré les multiples plaidoyers menés par le Commissariat au développement institutionnel (CDI), la situation perdure, l’administration malienne est trop familiale et est caractérisée par l’amateurisme.
Les recettes annoncées par IBK
A son investiture, le 4 septembre 2013, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, annonçait un changement d’habitudes dans l’administration malienne. Ainsi, il déclarait avec fermeté que c’est révolu le temps où les fonctionnaires maliens utilisaient les véhicules de service après les heures de travail. IBK menaçait les agents qui font du thé dans les services. Comme si cela ne suffisait pas, le chef de l’Etat était assuré que ses mesures seraient appliquées à la lettre d’office.
Le patent constat qui se dégage est que sept mois après l’annonce de ces mesures, l’administration malienne reste comme elle était et rien n’a changé dans les habitudes de ses acteurs dont nombre ont pris les menaces d’IBK comme du bluff.
En tout état de cause, d’aucuns voient dans les démarches du locataire de Koulouba comme un moyen de faire peur et d’asseoir l’autorité d’IBK à un moment où une bonne partie des travailleurs de l’administration ont déserté les bureaux.
Certes, Ibrahim Boubacar Kéita était convaincu de pouvoir réussir. Mais, ce qui lui a manqué, c’est surtout les mesures fortes d’application et d’accompagnement. Car, il est difficile de faire respecter cette décision du sommet sans désigner ceux qui sont chargés de son application sur le terrain, c’est-à-dire dans les services. Et c’est là où le bât blesse.
En tout cas, cette décision aura eu le mérite de faire peur même si elle n’a pas produit l’effet escompté, qui est le changement de comportements dans les services publics. Alors, faut-il recourir au remède de cheval ? En tout cas, celui de bonne femme a déjà montré ses limites.