Premier clash entre le président de la république et son tout-nouveau premier ministre : IBK désavoue Mara pour sa gestion du congrès raté du Haut conseil islamique
Recevant, le mercredi 30 avril à Koulouba, le groupement des leaders religieux dirigé par Thierno Hady Omar Thiam qui a décidé de mettre en place un bureau parallèle à celui formé le samedi 19 avril par le congrès du haut conseil islamique qu’il ne reconnait pas, le président a rendu son tout-nouveau Premier ministre responsable de la situation créée. Cela, par les informations erronées qu’il lui a communiquées et les actes partisans qu’il lui a fait poser et qui ont débouché sur la désunion de la communauté musulmane du Mali.
Est-ce déjà un premier clash entre le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta et son premier ministre Moussa Mara dans la gestion des affaires courantes ? Tel semble être le cas si on s’en tient aux propos tenus mercredi 30 avril par le président à l’endroit de son chef de gouvernement à propos du congrès du Haut conseil islamique et de l’audience qu’il a accordée au candidat Mahmoud Dicko alors en campagne au détriment de son challenger Thierno Hady Omar Thiam. Cela, dit-on, sur la base des renseignements qui lui ont été fournis par son premier ministre. Prenant à témoin ses hôtes, Ibrahim Boubacar Kéïta a asséné : « On m’a trompé. C’est vous-même, Moussa Mara, qui m’avez dit que la date du congrès était fixée au samedi 19 avril. C’est encore vous qui m’avez convaincu de recevoir Mahmoud Dicko alors que je vous ai dit que je n’aime pas qu’on m’impose les dates. Vous m’avez encouragé encore à présider ce congrès… « . Comme pour dire : voilà où vous nous avez conduit.
Après le report du congrès du Haut conseil islamique initialement prévu les 15, 16 et 17 avril, la plupart des délégués, du moins ceux proches du groupement des leaders spirituels musulmans, ont regagné leur lieu de résidence dans les régions.
A peine arrivés à destination, ils ont été informés à travers la télévision nationale de la tenue dudit congrès, le deuxième du Haut conseil islamique le samedi 19 avril. Il était donc difficile pour un grand nombre d’entre eux de rallier Bamako dans un délai aussi court et coïncider avec la cérémonie d’ouverture. Une réunion d’urgence a même été tenue la veille de ce congrès par le camp Thierno Hady Oumar Thiam pour définir les modalités de sa participation. Certains de ses membres ont préféré participer au congrès pour préserver la cohésion sociale alors que d’autres ont clairement affiché leur opposition à sa tenue.
C’est dans ce contexte que le congrès s’est ouvert. Mahmoud Dicko a clairement battu et de loin son adversaire Thierno Hady Omar Thiam en obtenant 57 voix contre 27 pour ce dernier. Cette victoire n’a souffert d’aucune contestation puisqu’elle a été acceptée par chacune des deux parties. Mais c’est sur le choix des autres membres du bureau qu’il y a eu de profondes ruptures. Les rivalités religieuses ont resurgi. Le camp Mahmoud Dicko a souhaité le maintien du bureau sortant du reste composé de beaucoup de ses partisans.
Les pro-Thiam ont rejeté cette proposition et prôné pour un bureau consensuel différent de l’ancien.
Dans la salle, la tension est vite montée d’un cran et l’on était au bord de l’implosion entre wahhabites et soufis. Informé de la situation, le ministre des affaires religieuses et du, Thierno Diallo, est accouru au CICB pour demander la suspension des travaux et rechercher un terrain d’entente entre les deux parties.
Le lundi 21 avril, les travaux ont repris à la demande du premier ministre Moussa Mara. Mais cette fois, sans les partisans de Thiam qui n’étaient pas dans la salle.
A la clôture du congrès, un bureau a été mis en place dans lequel figurent les noms des adversaires de Mahmoud Dicko y compris Thiam lui-même mais aussi de certains de ses proches.
Au même moment Thiam et ses partisans convoquaient une réunion au cours de laquelle ils ont dit ne pas reconnaitre le nouveau bureau. Ils ont ajouté que le bureau mis en place est celui d’IBK et n’est pas représentatif de la communauté musulmane du pays. En conséquence, ils ont décidé de mettre en place un bureau parallèle du Haut conseil islamique.
Lors de la rencontre du mercredi dernier, le président de la République a supplié le camp Thiam de surseoir à l’installation d’un bureau bis du Haut conseil islamique. Promettant de recevoir le camp Mahmoud Dicko pour désamorcer la crise.