Comme il fallait s’y attendre, la déclaration de politique générale du Premier ministre Moussa Mara, faite le mardi dernier à l’Assemblée nationale, a été adoptée par l’écrasante majorité des députés. La DPG a été approuvée par les députés le vendredi 2 mai, tard dans la nuit, par 121 voix pour, 22 voix contre et zéro abstention.
La déclaration de politique générale a été approuvée après de longs débats, parfois houleux, entre l’opposition et la majorité présidentielle. L’adoption du document du Premier ministre n’a pas surpris, car rien ne présageait son blocage. En tout cas, pas les critiques et les observations, pour la forme, de l’opposition. Surtout quand on sait que le Premier ministre, bien qu’il ne soit pas du parti présidentiel, est issu de la majorité présidentielle.
Notons que l’adoption de la déclaration de politique générale est une chose, sa mise en œuvre en est une autre. Après l’adoption de son document, le Premier ministre Moussa Mara a assuré que son équipe s’emploiera, corps et âme, pour sa mise en œuvre effective. Cela avec l’accompagnement, la bénédiction, les critiques et les conseils des députés et de l’ensemble des Maliens.
Débats houleux
Au cours des débats, l’opposition a posé de nombreuses questions sur la situation du Nord, la dette intérieure du Mali, mais aussi et surtout sur l’affaire du Boeing 737-700 ou avion présidentiel qui a fait couler et continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive.
Le Premier ministre Moussa Mara a donné des précisions aux députés et aux Maliens sur cette affaire afin qu’elle soit comprise. Selon lui, contrairement à ce qui se dit, l’ancien avion présidentiel, le Boeing 727-500 n’appartient pas au Mali. Le Mali, a-t-il dit, n’a à ce jour aucun document pour justifier la propriété de cet appareil.
Le Premier ministre a indiqué que selon des rapports que l’on peut vérifier, le 727 ne répond pas aux exigences de son constructeur.
Un autre rapport indique que cet avion avait besoin d’une visite technique qui devait coûter 2 millions de dollars. « A quoi sert d’investir de telle somme dans un appareil qui ne vous appartient pas », s’est interrogé le Premier ministre. Aussi, de nombreux audits réalisés sur ce cet appareil prouvent qu’il est irréparable. Pour Moussa Mara, un Etat sérieux, un Etat souverain ne peut pas se permettre d’utiliser un tel avion.
Puisque les voyages du président de la République constituent une priorité, l’Etat avait le choix entre acheter ou louer un avion. Et c’est l’achat qui a prévalu sur la location.
L’actuel avion présidentiel, un Boeing 737-700 est un avion d’occasion, précise Moussa Mara, qui a été acheté à 20 milliards F CFA, y compris les frais de transport, l’assurance, les intermédiaires, etc.
Il a ajouté que cette option est meilleure comparée à la location pour plusieurs raisons. D’abord, l’avion ainsi acheté peut être utilisé sans problème pendant dix-huit ans, alors que les 20 milliards F CFA utilisés pour son achat équivalent à 4 années de location. Ensuite, aujourd’hui, on peut dire que le Mali a son avion présidentiel. « Cet avion n’appartient pas à IBK, mais aux 15 millions de Maliens », a-t-il conclu sous un tonnerre d’applaudissements. Les 20 milliards sont payables par trimestre pendant une durée de quatre ans.
Des éclairages qui n’ont malheureusement pas convaincu l’opposition qui a répliqué que l’Assemblée nationale n’a pas été informée de l’achat de cet avion et qu’il n’y a pas eu d’appels d’offres.
La dette intérieure, de 1995 à 2012, était de 167milliards F CFA
Moussa Mara qui a fait savoir que son gouvernement n’a rien à cacher et ne cachera rien, a affirmé devant l’Assemblée nationale que l’essentiel de la dette intérieure du Mali a été enregistrée entre 2008 et 2012. Pour le Premier ministre, ce sont de « véritables bandits » qui ont endetté l’Etat, sans aucun crédit budgétaire. C’est pourquoi, après un audit réalisé sur cette dette, 73 milliards F CFA ont été rejetés. Sur le reste de la dette intérieure estimée à 94 milliards F CFA, le gouvernement s’engage à payer cette année, 66 milliards F CFA. Ce qui est très significatif selon le Premier ministre, mais insignifiant selon l’opposition.
« L’armée malienne est présente sur tout le territoire »
Du moins, c’est ce qu’a déclaré le Premier ministre en guise de réponse à une question d’un député sur la « quasi-inexistence » de l’armée malienne au nord. Pour Moussa Mara, l’armée malienne est bel et bien présente au nord, y compris à Kidal, même si, a-t-il ajouté, son déploiement, son opérationnalisation n’est pas satisfaisante.
La preuve de l’existence de l’armée dans toutes les localités du Mali, surtout dans celles du Nord est, selon Moussa Mara, la tournée du chef d’état-major général des armées au nord. Celui-ci n’est escorté par d’autres forces que les forces armées maliennes. Il a assuré que l’armée malienne monte en puissance dans les localités du Nord.
Le déploiement de l’administration dans les régions du Nord est un processus. A ce jour, dira-t-il, la justice a été redéployée, tous les gouverneurs de région, les préfets, les sous-préfets, les présidents des conseils de cercle et de région ainsi que les maires ont rejoint leurs postes respectifs. Ce qui constitue un grand pas dans le déploiement de l’administration dans les régions du Nord.
Le Premier ministre a profité de l’occasion pour rappeler que les déserteurs de l’armée malienne sont ou seront radiés. Aucun déserteur de l’armée malienne, surtout celui qui a pris les armes contre le Mali, ne sera réintégré. Mais il a précisé que ceux qui ont déserté l’armée par peur de représailles, ne subiront pas le même sort que les déserteurs qui ont porté les armes contre le Mali. Selon lui, il est important de faire la part entre réintégration qui concerne les ex-combattants et la réinsertion qui concerne les populations victimes de la crise.
1500 milliards F CFA pour reconstruire et développer le Nord
Au cours des débats, le Premier ministre a donné des éclairages sur l’enveloppe financière prévue pour la reconstruction et le développement des régions du Nord détruites pendant la crise.
On se rappelle qu’au sommet des donateurs à Bruxelles, environ 1500 milliards ont été promis au Mali pour la reconstruction des régions du nord. A ce jour, 700 milliards ont pu être mobilisés et 800 milliards F CFA restent à décaisser.
A. Diakité