Le document précise les engagements du pays d’origine, du pays d’accueil et de l’organisme onusien chargé des réfugiés. Notre pays est en train de sortir de la crise sécuritaire, sociopolitique et économique sans précédent qui avait provoqué le départ massif de nos compatriotes vers les pays voisins.
En effet, confrontés à ce terrible dilemme – rester et vivre sous la tyrannie des bandes armées qui s’étaient emparées des régions nord de notre pays ou partir et vivre dans la précarité -, bon nombre de nos compatriotes ont fait le choix de partir. Ainsi, près de 300.000 de nos compatriotes fuyant la barbarie des occupants, se sont réfugiés au Burkina Faso, en Mauritanie, en Algérie, au Niger. Cette pénible vie de refugiés, nos compatriotes l’ont vécue durement dans leur chair. Certains ont dû tout abandonner pour gagner ces camps de réfugiés où la vie est à la limite du supportable.
Cependant, parmi les pays voisins qui ont accueilli nos compatriotes, le Niger s’est très tôt distingué par son organisation et sa solidarité agissante. Les 48.000 compatriotes qui ont choisi ce pays y ont été reçus avec un accueil fraternel et une solidarité exemplaire. Aujourd’hui, avec le retour de la stabilité, le rapatriement de nos compatriotes est une priorité du gouvernement pour amorcer le chantier de la paix et de la réconciliation.
C’est ainsi qu’à travers le département de l’Intérieur et de la Sécurité, un processus de rapatriement volontaire des refugiés maliens au Niger a été entrepris. L’accord tripartite marquant le lancement de ce processus a été paraphé samedi dernier à Niamey par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le général Sada Samaké, son homologue nigérien chargé de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses, Massoudou Hassoumi, ainsi que le représentant du Haut commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), Ousséni Compaoré.
Cet accord tripartite vise, pour notre pays et ses partenaires, à mettre en place les mécanismes destinés à faciliter le retour volontaire de nos compatriotes dans la sécurité et la dignité. Ainsi, notre pays s’engage à poursuivre les efforts de sécurisation et d’amélioration des conditions de vie dans les zones qui accueilleront les ex-réfugiés. Tandis que le Niger doit garantir l’asile et la protection internationale à ceux de nos compatriotes qui n’auraient pas encore opté pour le retour. En collaboration avec notre pays et le Niger, l’UNHCR exercera son rôle de supervision et de coordination de l’opération de rapatriement volontaire ainsi que de réinsertion effective et rapide de nos compatriotes qui auront choisi de retourner au bercail. L’accord met donc en place les mesures nécessaires pour faciliter leur retour volontaire.
Dans son intervention, le ministre nigérien de la Sécurité, Massoudou Hassoumi, rappellera le chemin parcouru depuis l’arrivée des premiers refugiés sur le sol nigérien. « Nous avons vécu dans notre âme et dans notre chair ce qui est arrivé au pays frère du Mali. Le Niger est et restera donc un allié inconditionnel du Mali dans cette lutte, c’est-à-dire la lutte contre le terrorisme, l’obscurantisme et le banditisme. Et le développement positif de la situation sécuritaire et politique enregistré au Mali depuis les élections présidentielle et législatives encourage le retour définitif de la paix donc du retour des refugiés », a t-il indiqué en réaffirmant l’engagement du Niger à accompagner notre pays dans la mise en œuvre effective de ce processus.
Massoudou Hassoumi insistera sur le caractère volontaire de ce rapatriement. En ce sens, il précisera qu’en « vertu des conventions internationales, il n’y aura pas de retour forcé pour les réfugiés. Le Niger garantira l’asile et la protection internationale aux refugiés qui n’auraient pas encore opté pour le retour».
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le général Sada Samaké a rendu un hommage appuyé aux autorités et au peuple nigérien pour l’élan de solidarité indéfectible qu’ils ont manifesté pendant la période sombre qu’a connue notre pays. « Le peuple malien reconnaissant, n’oubliera jamais l’engagement à ses côtés des fils du Niger pour bouter hors du nord de son territoire les occupants obscurantistes. Cependant, le président Ibrahim Boubacar Keita lors de son investiture avait lancé un appel vibrant à ses compatriotes réfugiés, les invitant à regagner leur patrie, pays qui les a vus naitre et grandir afin qu’il prennent leur part de responsabilité dans la reconstruction de leur patrie. C’est pour cela que nous sommes là, pour inviter nos compatriotes à retourner au bercail et à prendre part au processus de paix et de réconciliation engagé par le gouvernement. Cette signature d’accord tripartite créera donc le cadre juridique indispensable à la facilitation du retour de nos compatriotes dans la sécurité et la dignité », a t-il développé.
Le ministre Samaké remerciera l’UNHCR pour son engagement constant pour assurer non seulement un cadre de vie agréable à nos compatriotes réfugiés mais aussi pour apporter un soutien inestimable aux structures techniques maliennes pendant le processus électoral et, aujourd’hui, pour la préparation et la mise en œuvre de cet accord. Il a ainsi réaffirmé l’engagement de notre pays à appliquer correctement les dispositions de cet accord afin que le processus de rapatriement volontaire puisse débuter dans de bonnes dispositions.
A la fin de la rencontre, les trois partenaires du processus ont, dans un communiqué final, réaffirmé leur engagement à œuvrer ensemble pour la bonne application de l’accord. Ils se sont donné rendez-vous le 3 juin prochain à Bamako pour la première réunion de la commission tripartite. Le ministre Sada Samaké a, à cet effet, invité son homologue du Niger à effectuer une visite de travail dans notre pays. Massoudou Hassoumi a acceptée l’invitation avec plaisir.