Les Maliens dans leur large majorité voyaient venir le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta en sauveur pour résoudre définitivement la récurrente question de la rébellion au nord du pays. Et pour concrétiser ce vœu ardent de tous ses compatriotes, suite à l’échec de ses prédécesseurs, les Maliens s’attendaient à le voir changer de fusil d’épaule dans la gestion de la crise. Notamment, en ce qui concerne la réinsertion des militaires maliens ayant déserté et rallié le rang des terroristes et des narcotrafiquants. Ces apatrides seront-ils réintégrés dans l’armée ?
Le gouvernement a-t-il réellement un programme fiable pour la gestion de la question ? Interpellé par l’opposition lors de la présentation de sa déclaration de politique générale, sur la question, la réponse de Moussa Mara a été mitigée, voire même confuse. Car, au lieu d’éclairer les lanternes de ses compatriotes, il a fait installer le doute. En clair, le Premier ministre s’est embourbé dans sa réponse.
Et les explications qu’il a fournies aux parlementaires montrent bien que sa réponse a été improvisée. Car, d’abord par la négative, Moussa Mara dira que « tous les déserteurs seront radiés de l’armée », avant de finir par nuancer en soutenant qu’il y a lieu de distinguer entre ceux qui ont pris les armes contre leur pays, qui seront radiés, et d’autres qui ont déserté sans pour autant qu’on puisse les mettre dans cette catégorie. Il paraît clairement que la réponse du PM a été une réponse forcée, furtive et montée de toute pièce sans conviction aucune. Et, elle traduit par ailleurs que son gouvernement n’écarte pas l’éternelle solution de la réinsertion des éléments des groupes armés dans l’armée républicaine.
C’est dire donc que les Maliens ne devront pas être surpris un jour, comme tel a été le cas de certains mutins qui ont pu accéder à l’hémicycle sous la bannière du parti présidentiel, à assister à une réintégration massive dans l’armée d’anciens rebelles qui ont été étiquetés comme étant des criminels de guerre qui traînent derrière eux la réputation d’être les commanditaires ou les auteurs des crimes d’Aguel Hoc où des dizaines de militaires maliens ont été égorgés en 2012. Mais, pourrait-t-il compter cette fois-ci sur l’indulgence des forces armées et de sécurité ?
Surtout quand on sait que le contexte des précédentes rebellions que le Mali a connu est différent de celle que le pays traverse aujourd’hui au vu de la gravité des atrocités perpétrées par les groupes armés lors de l’occupation des trois régions du nord du pays. Alors question : IBK fera-t-il mieux que ses prédécesseurs en tenant compte de cet aspect particulier de la crise actuelle ? En tout cas pour l’instant, rien dans sa résolution de la crise actuelle, ne diffère sa démarche de celle de ses prédécesseurs.
Youssouf Z KEITA