L’un s’offre un avion à 20 milliards F CFA par soif de grandeur, l’autre revend le sien pour nourrir son peuple : Le mauvais exemple d’IBK et le choix lucide de la présidente du Malawi
Au moment où l’acquisition d’un nouvel avion présidentiel par le chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Kéita, continue de défrayer la chronique, on apprend d’une dépêche de l’AFP que la présidente malawite, Mme Joyce Banda, a décidé de vendre le jet présidentiel acquis par son prédécesseur pour investir l’argent dans l’acquisition de vivres pour son peuple. Le prix de vente de cet aéronef : 15 millions de dollars. La somme sera affectée à l’achat de maïs sur le marché local et à la culture de légumes.
Une chose est d’user de son pouvoir discrétionnaire pour s’acheter un avion présidentiel, une toute autre est de démontrer l’opportunité de cette coûteuse opération surtout quand son pays sort à peine de la plus grave crise de son histoire. D’aucuns diront que le Mali, quoi qu’on dise, est sous perfusion internationale pour faire face à certaines de ses dépenses prioritaires.
Et, à ce titre, malgré les explications du Premier ministre sur le besoin d’aéronef pour les déplacements du président IBK, cet achat n’était point prioritaire, comme viennent de le démontrer les autorités malawites.
Le Malawi est un pays économiquement mieux loti que le Mali mais ses autorités viennent de vendre leur avion présidentiel pour soutenir les populations sur le plan alimentaire. « Le Malawi va utiliser le produit de la vente de l’avion présidentiel -15 millions de dollars -, pour aider à nourrir les populations les plus pauvres et cultiver des légumes afin de combattre la malnutrition », a indiqué, le 5 avril, un porte-parole du ministère, Nations Msowoya.
« Il s’agit d’une décision collective du gouvernement pour que le produit de la vente de l’avion soit utilisé à l’achat de maïs sur le marché local et aussi à la culture de légumes », a-t-il précisé. Le petit appareil présidentiel de 14 places a été vendu à Bohnox entreprise, une firme basée dans les îles Vierges.
C’est le précédent président malawite, Bingu wa Mutharika, décédé l’an dernier, qui s’était fait le luxe de l’acheter pour 22 millions de dollars alors que quelque 10 % de la population de son pays souffrent de pénurie alimentaire, selon les experts agricoles.
Après cet achat, la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale et principal soutien bilatéral du Malawi, avait réduit son aide au pays de 4,7 millions de dollars. En raison des coûts liés à l’entretien de l’appareil, la présidente Joyce Banda a finalement décidé, l’an dernier, de le vendre. Depuis son arrivée au pouvoir, elle a introduit un train d’économies sur les dépenses de l’État, n’hésitant pas à prendre elle-même des vols commerciaux pour ses voyages à l’étranger.
Rappelons que lors des débats autour de la déclaration de politique générale du gouvernement, le vendredi 2 mai dernier, le Premier ministre a été interpellé sur l’achat du nouvel avion présidentiel par le député Mahamadou Hawa Gassama.
Il s’est évertué à justifier l’acquisition de cet appareil par le fait que l’ancien avion serait devenu vétuste et non autorisé à voler et que l’Etat malien n’a aucun titre de propriété sur lui.
« Cet avion présidentiel a coûté tout frais compris 20 milliards F CFA. Il appartient à la République du Mali. C’est l’avion du peuple malien et non celui d’Ibrahim Boubacar Kéita « , a-t-il déclaré, sans pouvoir convaincre les représentants du peuple, notamment l’opposition Celle-ci incriminait plus la violation des procédures de dépenses publiques (sans appel d’offres) et l’opportunité d’un tel achat qu’autre chose.