La ministre Rama Diallo lors du débat thématique aux Nations Unies : « J’exprime la volonté du Mali de faire de la culture, un pilier du développement socio-économique…»
Mme Ndiaye Rama Diallo a introduit son discours par la morale de l’histoire du Roi de l’Empire du Mali, Soundjiata KEITA, qui, enfant était perclus. Cet handicap physique, qu’il surmontera de façon extraordinaire, ne l’a pas empêché d’être cet empereur respecté pour ses combats, mais aussi pour son impact visionnaire des siècles durant. » Le Mali, dont j’ai l’immense honneur de porter la voix ici, aujourd’hui, se relève de l’handicap à lui imposé par la barbarie humaine. Le Mali qui se tient debout ici aujourd’hui, l’est pour des générations futures « .
Elle a ensuite réitéré les remerciements du Mali pour la mobilisation de la communauté internationale, en faveur de la libération de son pays aux mains des ennemis qui ont occupé sa partie nord : » Cette mobilisation a été singulièrement appuyée par l’acte inédit du Conseil de Sécurité de l’ONU qui, pour la première fois de son histoire, et sous l’impulsion de son secrétaire général M. Ban Ki MOON, a donné mandat à la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA) de protéger le patrimoine culturel malien en collaboration avec l’UNESCO. Je voudrais aussi saluer les initiatives françaises, les apports de l’Union européenne et l’approche singulière marocaine de la question de la réconciliation qui appuie le Mali dans la recherche d’une culture religieuse de tolérance et de paix « .
Parlant des travaux de réhabilitation du patrimoine culturel malien dont le coup d’envoi du lancement officiel des travaux de reconstruction a été donné au mois de mars dernier, Mme Ndiaye a indiqué que: » Ce processus s’étendra, dans les mois à venir, aux mausolées, au monument El Farouk et au centre de manuscrits anciens Ahmed Baba et à d’autres édifices majeurs « .
La ministre de la Culture a profité de la tribune pour vendre les valeurs culturelles maliennes, gage de la cohésion sociale, prenant pour exemple la charte du Mandé. » Il existe au sein des groupes socioculturels maliens des ressources de sagesse pour prévenir, gérer et éteindre les conflits. En cela, le patrimoine culturel oral est l’un des plus riches au monde par la profondeur de la pensée que la pertinence et le poids des symboles. La Charte de Kurukanfuga (ou Charte du Mandé) proclamée en 1236, institutionnalisant la parenté à plaisanterie ou cousinage à plaisanterie, ou encore le TOGUNA, abri de dialogue et d’écoute en pays Dogon, sont des socles culturels devant être des leviers qui favorisent un retour de l’entente et de la paix » a-telle déclaré.
Maigres ressources injectées dans le secteur
La ministre a cependant déploré que » malgré sa culture riche et diversifiée, le Mali n’injecte qu’à peine, 0,4% du budget national dans le secteur alors que la culture participe à hauteur de 2,38% au Produit Intérieur brut. Elle est également pourvoyeuse d’emplois avec 115 000 emplois qui représentent 5,8% de la population active en 2006″. Un secteur qui reste prisonnier de l’informel. Elle a aussi déploré l’inexistence d’une industrie culturelle digne de ce nom, bien que Mali ait offert à la world music ses dignes représentants (Ali Farka TOURE, Amadou et Mariam, Salif KEITA, etc.). Le cinéma, la littérature, l’art photographique ne sont pas en reste.
Malgré d’énormes difficultés, la ministre reste tout de même confiante et croit à un nouveau souffle dans le secteur : » Cela ne saurait être une fatalité pour nous. Conscient du potentiel historique et conscient de la force créative du Mali, le gouvernement malien sous l’impulsion du président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA a dégagé une vision de la culture sans ambigüité en phase avec le plan d’action adopté en février 2013 à l’UNESCO et s’inscrivant dans la continuité du document de plan de relance économique durable du Mali (PRED) présenté aux donateurs de Bruxelles en mai 2013 « .
En plus de l’adoption récente du projet de décret portant modalités de perception et de répartition des redevances de droits d’auteurs et de droits de voisins. A cela s’ajoute la préparation de plusieurs textes qui permettront au secteur de la culture de bénéficier d’un cadre institutionnel favorable à son plein épanouissement.
Faire de la Culture, un véritable levier de développement
Elle a également réitéré la volonté des autorités maliennes de promouvoir les industries culturelles débarrassées du fléau de la piraterie. Le Mali s’est engagé à investir dans les infrastructures culturelles. » C’est pourquoi l’Etat du Mali reste dans la logique d’associer des investissements privés tant nationaux qu’internationaux et je me fais ici le porte-voix commercial de cette vision. Investir dans les infrastructures culturelles c’est garantir des emplois certes, mais aussi, c’est créer les conditions de protection à la fois des sites du patrimoine culturel et de l’environnement » a assuré la ministre.
Mme Ndiaye Rama Diallo a annoncé par la même occasion que le Mali accueillera très prochainement les consultations nationales sur » la Culture et le Développement durable » à l’initiative du Groupe de développement des Nations Unies pour le Développement (GNUD), sous la coordination de l’UNESCO, du FNUAP et du PNUD. Ce qui d’après elle, démontre à suffisance l’engagement ferme et résolu du Mali de s’inscrire dans le schéma de développement post-2015 dont les nouvelles autorités dessineront les prémices. » L’engagement du Mali n’attendra pas 2015 pour faire de la Culture le quatrième pilier du développement durable » a promis la ministre Rama Diallo.