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L’Indépendant N° 3498 du 13/5/2014

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Billet de Roche : Maliens ! Vos monuments et vos jardins sont en pleur
Publié le mardi 13 mai 2014  |  L’Indépendant




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Il ne vous faudrait pas remonter longtemps dans vos souvenirs pour vous rendre compte que le Mali, à l’instar des autres pays de l’Afrique Occidentale ( j’allais dire AOF, cas de Kidal obligeant), s’affichait à la queue du peloton des pays dépourvus de monuments et de jardins qui embellissent la ville et symbolisent certains actes positifs posés par le peuple. Depuis l’avènement de la troisième République à ce jour, nous assistons avec une légitime fierté, à une floraison de ceux-ci à telle enseigne que nous sommes tentés de dire que tout couple marié qui, après la mairie, ne prend pas de photos en guise de » tiléfènir » dans ces lieux, se classe de facto dans la catégorie des « gawou ».

Mais hélas ! Nous Maliens, étant ce que nous sommes sans savoir ce que nous serons, avons repris nos vieilles habitudes négatives vis à vis de la chose publique. Empruntons le boulevard de l’Indépedance et constatons : l’hippopotame qui symbolise le Mali sort du commun et pour cause ! Il change de couleur comme un caméléon, Bizarement gris habituellement, il devient multicolore à l’approche des élections à force d’y placarder les affiches. Les magnifiques jardins qui bordent le boulevard de l’Indépendance donnent l’image du passage d’un ouragan jihadiste.

C’est à croire que le Malien n’aime que trois belles choses : la femme, la voiture et la villa. Kabako ! Le monument de l’indépendance auquel il fait face voit son gazon se dessécher, ses fleurs ne vivent que la vie d’une belle du jour qui naît le matin et meurt le soir, histoire de vous dire qu’elles ne ressuscitent qu’à la veille d’un éventuel dépôt de gerbe de fleurs et la jolie plaque commémorative du cinquantenaire se confond avec ce triste décor.

Prenons l’artère qui traverse la base pour constater que le jardin qui sépare les deux voies est devenu un mirage pour cause de trois mues successives. En poursuivant notre chemin, on tombe des nues devant la statue de Nkrumah (oh ! combien hautement symbolique) qui semble trôner dans un désert : plus de fleurs ni de gazon ! Le ridicule ne tue pas sinon comment comprendre que les voies d’accès à cette statue soient jonchées de fleuristes ?

En terminant, débouchons sur le monument de l’éléphant. L’enceinte est si brisée de toute part que l’on se demande si les Maliens ne croient, à l’instar des Français, que c’est leur Bastille qu’ils veulent prendre une seconde fois ; Prenons seulement garde de ne pas nous faire embrocher par la défense du mastodonte. Je vous vois fatigués par notre promenade ; partons nous reposer à la place CAN que nous avons transformée en lieu de bivouac. A ce train là, je ne serai pas surpris de voir un jour, une Jakarta et un sotrama suspendus au panneau solaire d’un feu tricolore, panneau qui fait aujourd’hui notre fierté. Roche, » a fo safouroulayi, wa ne y’a fo safouroulayi !

Roche KEITA

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