L’affaire de l’avion présidentiel malien continue d’alimenter la polémique. Après l’opposition, c’est le Fonds monétaire international (FMI), un des grands partenaires du Mali, qui veut voir clair dans cette affaire. Et il est dans son bon droit, car Dieu seul sait combien de francs CFA cette institution a mis et continue de mettre à la disposition du Mali pour lui permettre de décoller. Le FMI a d’autant plus raison de demander des comptes au Mali que la cacophonie qui entoure cette affaire, n’est pas de nature à éclairer les Maliens et tous ceux qui veulent savoir la vérité sur l’achat de cet oiseau de fer de prestige.
Il y a un flou artistique qui entoure l’achat de cet avion, qui ne rassure ni les Maliens ni les partenaires
En fait, le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) et son Premier ministre ne sont pas sur la même longueur d’ondes en ce qui concerne le coût de l’avion. Pendant que le premier parle de 17 milliards de F CFA, le second, lui, avance la somme de 20 milliards. Qui dit vrai ? Bien malin qui saura répondre à cette question. On voit clairement qu’il y a un flou artistique qui entoure l’achat de cet avion. Toute chose qui ne rassure ni les Maliens ni les partenaires. Aussi, les arguments servis au FMI sont loin d’être solides et diplomatiques. Pour autant que l’on sache, le FMI travaille avec les chefs d’Etat et non avec les ministres des finances. Dire donc au FMI de se référer au ministère des finances est une réponse diplomatiquement peu correcte. En réagissant de la sorte, les autorités maliennes pensent-elles au futur ? Se rendent-elles compte que l’achat de cet avion présidentiel peut créer un précédent dangereux dans leur collaboration avec le FMI ? A dire vrai, le président IBK a eu tort de croire que l’achat de cet avion, qui relève plus du prestige que de la nécessité, allait se passer comme s’il avait acheté un grand boubou. Le Mali, faut-il le rappeler, sort de la crise la plus grave qu’il ait jamais connue, et la priorité devrait être de mobiliser les moyens financiers, matériels et humains pour relancer son développement, et non mobiliser des fonds pour acheter un avion, fût-il présidentiel. Comment peut-on se permettre une telle dépense de luxe dans un pays soutenu à bout de bras par la communauté internationale ?
IBK doit mettre un point d’honneur à faire toute la lumière dans cette affaire
IBK aura-t-il le courage, après avoir dépensé une somme aussi faramineuse pour l’acquisition d’un avion, d’aller vers le FMI ou d’autres partenaires au développement pour demander de l’aide ? Quel argument va-t-il brandir pour pouvoir convaincre les partenaires techniques et financiers ? Pourra-t-il encore dire que son pays n’a pas de moyens financiers alors qu’il a dépensé 20 milliards de F CFA pour une dépense qui n’en valait pas la peine ? En tout cas, IBK doit se ressaisir car son nom commence à être trop cité dans des affaires. Plus les jours passent, plus il donne l’impression, à travers ses actes, d’être venu au pouvoir pour rattraper un retard. Les Maliens qui l’ont élu attendent de lui des solutions, des actes concrets qui vont améliorer leurs conditions de vie. Il a donc intérêt à colmater vite les nombreuses brèches et à se mettre sérieusement au service de tous les Maliens, car il sera jugé à la fin de son mandat sur les résultats engrangés. C’est le prix à payer s’il tient à un second mandat. Cela dit, IBK doit mettre un point d’honneur à faire toute la lumière dans cette affaire de l’avion présidentiel. On ne gouverne pas un pays avec ses sentiments, ses désirs, encore moins avec ses lubies.