Le Mali, notre pays, s’apprête à signer un Accord de Défense avec la France. Nous dit-on, non seulement pour circonscrire les velléités jihadistes auxquelles le pays est confronté dans le septentrion, mais aussi et surtout pour faire face à la criminalité en bandes organisées dans le Sahel. Cette décision du gouvernement malien fait grincer les dents au sein de la classe politique et de certains compatriotes qui la voient d’un mauvais œil. Mais apparemment, le vin semble déjà tirer et par conséquent, il faudrait le boire.
Annoncé pour être signé le 20 janvier dernier, fête de l’Armée, cet Accord de Défense entre le Mali et la France, avait dû être reporté. Et pour cause, certains hommes politiques s’en étaient insurgés à travers une fronde. De ce fait, le Gouvernement a laissé la tempête et leur rage passer, avant de passer à l’offensive. Aujourd’hui, il n’y a aucun doute que cet Accord sera signé, surtout que dans les Etats-majors militaires des deux pays, les tractations sont bien en cours pour peaufiner les stratégies pouvant permettre sa signature et sa bonne mise en œuvre.
Mais, ce que l’on ne comprend pas, c’est le courroux de certains hommes politiques de notre pays contre ce projet gouvernemental qui tient à cœur nos plus hautes autorités, à commencer par le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta. Parmi ces politiciens, nous citerons volontiers ceux du Mp22 avec à leur tête le turbulent Oumar Mariko, Secrétaire général du parti Sadi. Ce Mariko qui, après avoir longtemps nagé dans le marigot de l’opposition et qui a failli se noyer, a retrouvé son souffle en ralliant à toute vitesse la mouvance présidentielle à l’Assemblée nationale.
On se rappelle encore qu’au lendemain du coup d’Etat, c’est le Mp22 d’Oumar Mariko qui avait vite fait de féliciter et de soutenir la junte militaire dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Mariko et ses acolytes ne s’en cachaient pas. Leurs slogans étaient connus de tous : «A bas la France de François Hollande et la Cédéao» ; «A bas le néocolonialisme» ; «Non au retour des colons pour piller nos ressources», «Notre vaillante armée nous suffit», «Non à l’afghanisation et à la somalisation du Mali»…
En clair, ils s’opposaient à l’intervention militaire de la France dans notre pays pour donner un coup de massue aux jihadistes et à leurs alliés, notamment du Mnla, du Maa, du Hcua, d’Ançar Dine… Mais, aujourd’hui, que peuvent-ils encore dire ? L’histoire ne donne-t-elle pas raison à François Hollande et à Dioncounda Traoré, alors président par intérim de la République du Mali, qui, en son temps avait fait appel à la France ?
On se rappelle aussi qu’après le coup d’Etat du 22 mars 2012, alors que certains présidents de la Cédéao venaient dans notre pays pour s’enquérir de la situation réelle qui prévalait et tenter de trouver des solutions idoines à la crise à travers le dialogue, les militants du Mp22 avaient épaulé les putschistes pour que leur avion n’atterrisse pas à l’aéroport international de Bamako-Sénou.
De toutes les façons, aujourd’hui, l’Accord de Défense entre le Mali et la France est en passe d’être signé. Que peut alors dire le Mp22 d’Oumar Mariko ? Lui, Mariko qui est, rappelons-le, de la mouvance présidentielle ? Le Mali, à lui seul, peut-il faire face au terrorisme qui fait petit à petit du Nord de notre pays son nid ? La réponse est non. Car, «aucun pays du Sahel, pris isolément, ne peut combattre ce phénomène. Une synergie d’actions s’impose donc», expliquait le Haut représentant de la Cédéao au Mali, Cheaka Abdou Touré.
Bruno LOMA