Le combustible ligneux est plus cher ici que le riz à cause des déforestations nécessaires aux aménagements des périmètres rizicoles.
L’agriculture est la principale activité socio-économique des populations du cercle de Niono. Elle est pratique aussi bien dans la zone inondée que dans la zone exondée. Dans la zone inondée la principale spéculation demeure le riz. Pour les aménagements de périmètres destinés à la riziculture, l’Office du Niger, depuis sa création, procède à une déforestation à grande échelle. Conséquence : il n’existe pas de forêts dans les casiers rizicoles. Ce qui rend très difficile l’approvisionnement de Niono en bois d’énergie.
Selon une étude faite par le Beagges-Sarl en 2009, le bassin d’approvisionnement de Niono comptait 26 communes réparties entre 4 cercles à savoir les cercles de Niono, Macina, Ségou et Ténenkou. La population totale de ces communes était estimée à 476.983 habitants en 1998. Avec un taux d’accroissement moyen de 1,4%, celle-ci a atteint 546 134 habitants en 2009.
Toujours selon la même source, les besoins de consommation de la ville de Niono en bois de chauffe par habitant et par an, sont évalués à 0,43 tonne soit 0,5665 m3 de bois de chauffe, et 1,26 tonne l’équivalent en charbon de bois. Avec un taux d’accroissement de 1,4% par an, la population de la ville de Niono en 2009 devait faire 33 480 habitants, et les besoins de consommation des ménages en bois de chauffe de la ville 56 581 tonnes soit 74.547,04 m3. L’équivalent en charbon de bois estimé à 42 221,20 tonnes. Les besoins en bois de chauffe atteindront 77.667 tonnes soit 94.423 m3 en 2025 suivant l’étude du Beagges-Sarl.
Aujourd’hui à Niono, trouver du bois de chauffe relève du parcours du combattant. La ville est approvisionnée à partir de 4 axes : route de Ségou, route de Koyan-Coura, route de Molodo et route de Nango du Sahel. Au total 13 communes approvisionnent la ville de Niono dont 8 du cercle même, 2 du cercle de Macina et 3 du cercle de Ségou.
Les principales communes qui assurent l’essentiel de cet approvisionnement sont Niono, Séribala, Mariko, Monimpébougou et Markala. Il est assuré par les moyens de transports motorisés (semi-remorques) et les charrettes. Actuellement il faut aller loin et même très loin de Niono 50 à 100 km pour trouver du bois de chauffe, révèle Mamadou Sabilé Traoré, technicien supérieur des Eaux et Forêts.
D’après notre interlocuteur les charretiers font 5 jours en aller et retour souvent plus selon la saison pour ramener de la brousse un chargement de bois. Ce chargement est cédé entre 25.000 et 30.000 Fcfa. Souvent en période d’hivernage quand les routes deviennent difficilement praticables, le chargement de bois de chauffe peut se vendre plus cher. Comme la plupart des gens ne peuvent pas acheter le changement, on le divise très souvent en 4 parties de 8 ou 7 morceaux chacune. Ces tas sont vendus à 7.500 ou 8.000 Fcfa. Nombreux sont les foyers qui s’approvisionnent auprès des petits détaillants qui vendent des tas de 3 ou 4 bûchettes à 200 voire 300 Fcfa, selon la qualité du bois et le quartier.
Il va sans dire que cette situation a des conséquences sur les budgets des ménages. Souleymane Tembely est salarié et chef d’une famille à 15 personnes. Il dépense par mois pas moins de 20.000 Fcfa pour l’achat du bois de chauffe. Abdou Zerbo, un autre salarié, débourse par mois 18.000 Fcfa pour sa famille de 12 personnes. Une femme chef de ménage et fonctionnaire à la retraite, révèle qu’elle achète quotidiennement du bois pour 300 Fcfa. « Ce qui me fait une dépense de 9.000 Fcfa par mois », précise-t-elle. Tous nos interlocuteurs jurent qu’ils veillent à la bonne utilisation du bois pour éviter tout gaspillage.
Alors quelle solution aux difficultés d’approvisionnement de la population de Niono en bois de chauffe ? Pour Mamadou Sabilé Traoré, il faut nécessairement passer par la sensibilisation afin d’amener la population à l’utilisation des produits de substitution telles que les briquettes. Mais la ville de Niono, faut-il le rappeler, disposait récemment d’une unité de fabrique de briquettes qui a fini par fermer ses portes à cause de la mévente de sa production.
Outre la sensibilisation, le forestier recommande l’arrêt des défrichements anarchiques et de la coupe abusive du bois par les ruraux, la lutte contre les feux de brousse, le respect du texte législatif qui stipule le reboisement de 10% de chaque superficie aménagée notamment le cas de l’Office du Niger.
Des études récentes menées dans la zone Office du Niger, ont montré que le bois de chauffe coûte plus cher que le riz et les distances pour l’approvisionnement en bois de chauffe augmente chaque année, révèle un agent d’une Ong de la place.
A l’Office du Niger, on a conscience de la souffrance des communautés pour l’approvisionnement en bois de chauffe. C’est pourquoi dans le but de contribuer à l’amélioration de la couverture ligneuse dans la zone et à l’atténuation du déficit de bois de chauffe pour les populations, la direction générale a initié un programme de reboisement d’environ sur 100 ha, financé par l’Union Européenne. Ce programme dont l’exécution est confiée à 3 Ong à savoir Yeredon, Pacinda et Aprofem, fait suite aux travaux d’aménagement de 2.500 ha dans la zone de M’Bèwani et de réalisation de 42 km de drains et collecteurs dans le Kala supérieur.
Les travaux ont déjà démarré dans les zones de production de Molodo, Macina et M’Béwani. Ce programme permettra également de créer des emplois locaux dans les zones concernées à travers des activités de reboisement et améliorer les revenus des groupes vulnérables que sont les femmes, les jeunes et les personnes affectées par la crise alimentaire. Le coût des travaux est estimé à 800 millions de Fcfa.
Source : Amap