Les affrontements qui ont opposé samedi l'armée malienne et des hommes armés dans la ville de Kidal (extrême nord-est) ont fait 36 morts, dont huit militaires, a annoncé dimanche le gouvernement, accusant la rébellion touareg du MNLA et "des groupes terroristes". Environ trente autre personnes sont portées disparues, selon le gouvernorat local.
"Au cours des affrontements, les forces armées maliennes ont enregistré huit morts et 25 blessés tandis que 28 morts et 62 blessés ont été dénombrés du côté des agresseurs", qui étaient "le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) appuyé par des éléments des groupes terroristes", a affirmé le ministère malien de la Défense dans un communiqué.
"Une trentaine de nos agents sont portés disparus depuis hier (samedi). Nous ne connaissons pas leur sort", a déclaré de son côté un responsable au gouvernorat de Kidal, chef-lieu de région à plus de 1.500 km de Bamako.
Selon ce responsable joint depuis la capitale malienne par téléphone, les agents portés disparus comprennent des civils et des militaires. "Certains d'entre eux seraient détenus par les rebelles mais nous ne savons pas combien d'entre eux", a-t-il dit, en refusant de s'exprimer davantage.
Sollicitée par l'AFP, l'armée malienne a refusé tout commentaire dans l'immédiat.
Le ministre malien de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga, qui n'était pas joignable en milieu de journée, avait annoncé à l'AFP un renfort de militaires maliens à Kidal. "Les forces armées maliennes renforceront assez rapidement leurs positions à Kidal et dans sa périphérie pour sécuriser les populations et les biens des personnes", a-t-il dit dans un entretien téléphonique. "
Nous allons si nécessaire doubler nos effectifs sur place. Les dispositions sont prises. Nous sommes totalement dans un état d'esprit de poursuivre les efforts de négociation (avec les groupes armés présents dans le Nord), mais il est également du devoir de l'armée de jouer son rôle", a-t-il ajouté.
Selon deux sources - une militaire et officielle -, un militaire malien a été tué dans les échanges de tirs près du gouvernorat de Kidal samedi.
Les affrontements ont opposé des soldats maliens et à des rebelles touareg lors d'un déplacement dans la ville du Premier ministre malien Moussa Mara, qui effectue depuis vendredi une tournée dans le nord du pays.
Le Premier ministre a quitté Kidal
M. Mara a quitté Kidal dimanche matin pour Gao, le calme était revenu sur place dans la nuit de dimanche à lundi, selon un responsable local de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).
Le chef du gouvernement et sa délégation étaient protégés par des membres de la force Serval, opération militaire de la France en cours au Mali depuis janvier 2013. En plus des soldats français, des contingents de plusieurs pays sont déployés au Mali sous mandat de l'ONU.
Selon un membre de l'entourage du Premier ministre, l'hélicoptère de M. Mara a transporté à Gao au moins un soldat blessé.
"Un militaire malien a été tué dans les échanges de tirs près du gouvernorat de la ville", a affirmé samedi une source militaire malienne. Selon un membre de la délégation officielle, il est décédé des suites de ses blessures, d'autres sources sur place estiment cependant que le bilan des décès pourrait être plus lourd, sans fournir de détails.
Dans un communiqué samedi, la Minusma avait dénoncé les actes de violence à Kidal, en évoquant un bilan de 19 blessés légers parmi ses policiers sur place et sept parmi les manifestants.
Le MNLA donne un bilan différent des affrontements
Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), rébellion touareg dont des hommes sont présents dans la ville et dont les partisans réclament l'indépendance ou l'autonomie d'un vaste territoire du nord du Mali, a de son côté rapporté un bilan différent dans un communiqué diffusé tard samedi soir. Selon le MNLA, un de ses combattants a été blessé et quatre soldats maliens ont été tués. Le mouvement a ajouté que ces hommes ont pris le contrôle du gouvernorat de Kidal, évacué par les rebelles en novembre 2013 après près de neuf mois d'occupation de ces bâtiments officiels.
Kidal était la deuxième étape de la visite dans le nord du Mali de Moussa Mara, sa première depuis sa prise de fonction, début avril. Il s'était rendu vendredi à Tombouctou (nord-ouest), et séjournera jusqu'à lundi à Gao, selon son programme.
Vendredi, plusieurs centaines de jeunes et de femmes avaient manifesté à l'aéroport contre cette visite.
En novembre 2013, le précédent Premier ministre Oumar Tatam Ly avait été contraint d'annuler une visite à Kidal après l'intrusion de manifestants hostiles sur l'aéroport de la ville.
Les régions de Kidal, Gao et Tombouctou ont été occupé pendant près de dix mois entre 2012 et 2013 par des groupes armés incluant des islamistes liés à Al-Qaïda.
Les islamistes ont été en grande partie chassés des grandes villes par l'opération militaire internationale déclenchée en janvier 2013 à l'initiative de la France et toujours en jours. Ils ont été affaiblis mais demeurent présents dans le Nord, y commettant régulièrement des attaques meurtrières. Et l'Etat malien n'a jamais repris véritablement le contrôle de Kidal et de sa région. ... suite de l'article sur Jeune Afrique