Dakar - Trois organisations de défense des droits de l’Homme et l’expert de l’ONU pour le Mali ont réclamé mardi des enquêtes sur les assassinats commis à Kidal, dans le nord-est du pays, le 17 mai.
Six responsables de l’Etat et deux civils ont été assassinés au gouvernorat de Kidal, qui a ensuite été occupé par des groupes armés après des affrontements entre l’armée malienne et des groupes armés, selon l’ONU au Mali et le gouvernement malien. Le gouvernement malien a indiqué que les six responsables étaient deux préfets et quatre sous-préfets, et il a annoncé un bilan de 36 morts, dont huit militaires, lors des combats qui se sont déroulés alors que le Premier ministre Moussa Mara était en visite dans la ville. Kidal est en partie contrôlée par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Dans un communiqué commun, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Association malienne des droits humains (AMDH) ont condamné ces assassinats, également dénoncés par Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué séparé. "Nous exhortons les autorités judiciaires maliennes, avec le soutien de la communauté internationale, à faire la lumière sur ces actes afin de poursuivre leurs auteurs", a déclaré le président de l’AMDH, Me Moctar Mariko.
Pour HRW, "les autorités maliennes doivent mener une enquête rapide et rigoureuse sur ces assassinats afin que les responsables rendent des comptes". "Tous les groupes armés présents à Kidal, en particulier le MNLA, doivent coopérer pleinement aux efforts qui seront déployés pour enquêter sur ces assassinats", a affirmé l’ONG, appelant aussi les forces maliennes à "tout faire pour protéger les civils dans tout le pays contre des actes de punition
collective et de représailles".
Suliman Baldo, expert indépendant sur la situation des droits de l’Homme au Mali nommé par l’ONU en août 2013, a parlé d’"actes hautement condamnables", qui fragilisent encore plus la situation sécuritaire dans le nord du Mali, instable. "Une enquête doit être ouverte afin d’établir les faits et les responsabilités pour les incidents survenus à Kidal. Elle aidera à rétablir la confiance et à créer les conditions pour une poursuite sereine du dialogue politique" entre Bamako et les groupes armés.
Le Mali a été traumatisé et divisé par une profonde crise politico-militaire de 18 mois, dont le départ a été une offensive lancée par le MNLA en janvier 2012. Cette crise a été marquée par un coup d’Etat en mars 2012, puis l’occupation des régions du Nord malien pendant près de dix mois en 2012-2013 par divers groupes armés dont des jihadistes liés à Al-Qaïda.
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