La conférence de Bruxelles du 15 mai 2013 a été l’occasion de mobiliser, en plus de la communauté internationale, l’ensemble des acteurs clés du développement du pays, à savoir, le gouvernement, les collectivités locales, le secteur privé, la société civile, la diaspora et les médias. Elle a débouché sur la mise en place d’un mécanisme de suivi au niveau politique avec la participation des sièges des donateurs. Ce mécanisme se réunit alternativement au Mali et à l’extérieur du Mali à un rythme permettant un suivi rapproché du Plan pour la relance durable. La diaspora malienne a occupé dès les premières ébauches de la table ronde une place prépondérante, notamment sur l’utilisation des transferts financiers.
Le processus étant enclenché, le gouvernement a élaboré un plan d’action pour la période 2013-2018 ayant pour axes majeurs la réhabilitation des institutions afin de les rendre fortes et crédibles ; la restauration de la sécurité des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national ; la mise en œuvre d’une politique active de réconciliation nationale ; la qualité de l’éducation ; la construction d’une économie émergente afin de promouvoir la croissance. Ce plan, selon lui, prend en charge les engagements souscrits par notre pays à Bruxelles le 15 mai 2013. Moussa Mara avait rappelé que les engagements d’aider le Mali ont été pris sur la base du Document PRED pour la période 2013-2014 à hauteur d’environ 2 155 milliards de Fcfa, dont 25% de prêts et 75% de dons. En terme de bilan, sur les 2155 milliards promis en mai 2013, 1474 milliards ont fait l’objet d’engagement ferme à travers des accords et conventions signés. 965 milliards de Fcfa ont déjà été décaissés, dont 807 milliards en 2013 et 158 milliards en 2014.
431 milliards officiellement transférés par an par la diaspora
La question de la contribution de la diaspora a été également abordée au cours de cette 3ème Revue de Bamako du 15 mai 2014. Il ressort de la communication du ministre Abdramane Sylla en charge des Maliens de l’extérieur, que 4 millions de Maliens sont à l’étranger dont 3,5 millions en Afrique pour 2 millions en Côte d’Ivoire. Quant à la contribution de la diaspora au développement du Mali, elle est multiforme et variée. Elle touche de plus en plus les grands secteurs de développement. Les transferts financiers formalisés sont passés ainsi de 120 milliards Fcfa en 2013 à 300 en 2007, puis à 431 milliards en 2012, soit 8,1% du PIB nominal. Ces ressources ont été employées à 80% pour les besoins sociaux des familles, 15% pour les projets de développement communautaire et seulement 5% pour les investissements productifs.
A ce jour, 400 associations maliennes sont recensées en France avec pour objectifs statuaires le développement de leur village d’origine. De 1994 à 2004, 31 villages ont reçu ainsi 2,8 milliards, soit au moins 9 millions de Fcfa par village. D’autres contributions sont réalisées à travers le co-développement formalisé en 2000 entre la France et le Mali. C’est un ensemble de stratégies et d’outils de mobilisation des compétences de la diaspora pour le développent socio-économique du Mali. Depuis 2002, ce sont près de 90 projets de développement local investis par la diaspora à travers la Cellule technique de co-développement pour un montant de 1 443 105 400 Fcfa. Le coût global des projets est de 2 525 434 450 Fcfa dont 20% de contribution de la diaspora. A la date du 31 juillet 2013, la contribution des Maliens de l’extérieur pour soutenir le pays en crise et les familles, s’élève à 834 488 907 Fcfa dont 627 806 704 pour les efforts de guerre et 206 682 203 pour les populations déplacées.
Apports culturel et intellectuel
La diaspora malienne contribue à enrichir la culture malienne et développe également le transfert des connaissances par des approches d’échanges encadrées. La contribution dans l’éducation et la recherche s’effectue à travers les nationaux expatriés dans le cadre du projet Tokten, en partenariat avec le Pnud et l’Union européenne. Depuis l’adhésion du Mali au Tokten en 1998, plusieurs secteurs comme l’enseignement, l’agriculture, la santé, les Pme/Pmi ont été couverts. A ce jour, le nombre d’antennes relais à l’extérieur est de 12 ; le nombre d’experts est de 474 dont 270 mobilisés pour 155 structures bénéficiaires ; 673 missions réalisées et 17 accords inter-universitaires conclus.
Un cadre des investissements incitatif
Dans le cadre des investissements que le ministère des Maliens s’attache à améliorer pour sa population cible, on peut noter l’existence d’un Code d’investissement incitatif, le Guichet unique 72H, la baisse des coûts des transferts de fonds avec la levée de la clause d’’exclusivité, la réduction des commissions, le renforcement et l’élargissement du programme de co-développement à quatre régions après Kayes et le renforcement du Programme Tokten. En perspectives, il est question de la mise en place d’un cadre institutionnel mieux adapté à la mobilisation des apports financiers de la diaspora ; la création d’établissement financiers au profit de la diaspora ; la mise en place de services et produits d’amélioration des transferts classiques ; le lancement de diaspora-bonds ; la création de la Maison des Maliens de l’extérieur. Il est également prévu la mise en œuvre effective des recommandations du Forum des investisseurs de la diaspora malienne de décembre 2009 et du Forum de la diaspora intellectuelle, scientifique et technique de juillet 2010. Enfin, des efforts seront fournis pour promouvoir la coopération décentralisée impliquant les migrants et la mobilisation des nouvelles générations de la diaspora pour le développement du pays.
Le Ministère des Maliens de l’extérieur jouera son rôle de protection et de sécurisation des Maliens de l’extérieur par des accompagnements et une assistance diversifiés, afin de maximiser davantage leur contribution au développement du pays par l’augmentation de la part des investissements productifs, telle qu’assortie de la Déclaration de politique générale du chef du gouvernement, Moussa Mara, elle-même inspiré par le Programme politique du président de la République.
Casimir SANGALA (MME)