On ne prend pas rendez-vous avec le destin, mais la valeur se cultive, se nourrit, s’entretient, telle une fleur qui se fane si elle n’est pas entretenue. Cette vertu, le jeune Moussa Mara l’a eu très tôt.
Cet expert-comptable que certains politiciens négligeaient, fait la fierté de notre pays. Oui, il fait aujourd’hui la fierté du Mali au plan national, international, voire mondial. Non pas parce que ce maire de la Commune VI devenu par la suite ministre de l’Urbanisme et de la Politique, puis Premier ministre de la République du Mali, pilote l’action gouvernementale à vue. Mais, parce qu’il a une vision claire pour le Mali. Il l’avait d’ailleurs démontré alors qu’il était candidat à la dernière présidentielle à travers son programme de société que certains qualifiaient de meilleur. Et tout récemment, à l’Assemblée nationale, il a révélé aux Maliens (à plus 77%) à travers sa Déclaration de politique générale, qu’il a la tête sur les épaules.
Et comme il le clamait, le Mali qui a tangué, mais n’a pas chaviré, a d’énormes priorités, parmi lesquelles la plus prépondérante est la récupération de toute l’intégrité territoriale, notamment de Kidal où le Mnla et ses acolytes continuent de défier la République. Juste après la validation de sa Déclaration de politique générale par les honorables députés à l’Assemblée nationale, le voilà en action. Le jeune Premier ministre se lance un défi : s’enquérir de la situation qui prévaut dans le septentrion de notre pays, notamment à Gao, à Tombouctou et à Kidal. Initiative risquée, il le savait bien, non pas à Gao et à Tombouctou, mais dans le «fief des saigneurs» du Mnla et des jihadistes. Quel courage, pour ce Malinké bon teint !
Le 17 mai 2014, il savait que ça chauffe à Kidal, les islamistes sachant eux aussi qu’il va y arriver. Lesquels font occuper l’aéroport par une horde de femmes et d’enfants, histoire d’empêcher l’avion du Premier ministre d’atterrir. Intelligent qu’il est, Mara contourne la situation, car pour lui, pas question de ne pas se rendre à Kidal qui fait partie intégrante du Mali. Solution : l’hélicoptère.
Le voilà donc à Kidal à la surprise générale des bandits armés du Mnla, du Hcua, du Maa, du Fia, des jihadistes … Mara sait que c’est trop risqué, mais ne recule pas. Du camp militaire au Gouvernorat, sa délégation essuie des tirs nourris des «imbéciles et des apatrides». Mais, l’homme n’a pas l’air grave : cela lui fait sourire, car le Mali est et sera Un et Indivisible. Etant au Gouvernorat, il entend les balles siffler, mais ne se laisse pas distraire dans son entretien avec le Gouverneur et ses collaborateurs.
Mission accomplie, un autre obstacle : le vent de sable qui ne permet pas à son hélicoptère de prendre son envol pour Gao. Là encore, le jeune Mara ne tremble pas. Il passe la nuit au camp des militaires maliens basés à Kidal. Trop risqué encore ! Mais, il se dit qu’il préfère mourir pour le Mali que d’être lâche. Le revoilà de retour à Bamako, mais le cœur meurtri de voir que pour une simple visite, il y a eu des morts. Un «Aguel Hoc II» qui mérite d’être bien sanctionné à la hauteur de l’acte, promet le vaillant Premier ministre qui est aujourd’hui félicité tant par les Maliens que par la Communauté internationale pour son courage et son langage franc, mais bien mesuré. Bon vent, Monsieur le Premier ministre, pour la libération définitive de Kidal !
Bruno LOMA