Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a demandé mercredi soir "un cessez-le-feu immédiat" après de nouveaux combats à Kidal, dont les rebelles touaregs du MNLA affirment avoir pris le contrôle.
La déroute de l'armée malienne à Kidal a poussé mercredi 21 mai le président Ibrahim Boubar Keïta a demandé un "cessez-le-feu immédiat". Quelque heures plus tôt, de nouveaux combats avaient opposé les forces régulières aux combattants du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui a ensuite affirmé contrôler la ville en début de soirée. Les rebelles touaregs ont également annoncé avoir conquis d'autres localités "d'où l'armée a fui, sans combats".
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Déjà théâtre d'affrontements sanglants le week-end dernier à l'occasion de la visite du Premier ministre Moussa Mara, Kidal, situé à 1 500 km au nord-est de Bamako, est plus que jamais un défi pour l'État malien, où il n'a jamais réussi à complètement reprendre pied depuis plus d'un an.
HCUA et MAA aux côtés du MNLA
Des combats, d'abord qualifiés d'"opération de sécurisation" par l'armée malienne, ont éclaté mercredi matin avant de tourner dans l'après-midi en faveur du MNLA. Joint au téléphone par Jeune Afrique, Bilal Ag Acherif, chef du groupe rebelle, a indiqué que ses troupes contrôlaient les points névralgiques de la ville - tels le "camp 1" de l'armée et le gouvernorat - et que les militaires maliens s'était réfugiés dans le camp de la Minusma (force de l'ONU au Mali). Mossa Ag Attaher, responsable de la communication du MNLA, a quant à lui dénoncé l'"agression" de l'armée malienne, désormais délogée de "l'ensemble (de ses) positions". D'après Moussa Ag Assarid, un autre responsable du MNLA, l'armée aurait également "fui d'autres villes, sans combats", citant notament Anderamboukane, Ménaka, Aguelhoc, Tessalit, ou encore Anefis. Cette information n'a pu être immédiatement confirmée auprès d'une autre source que les groupes armés.
De leur côté, le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), deux autres mouvements rebelles du Nord du Mali, ont déclaré avoir pris part aux combats aux côtés du MNLA.
Plusieurs soldats maliens tués
Dans un communiqué publié dans la soirée, le gouvernement a reconnu que les combats à Kidal avait tourné en défaveur des soldats maliens, qui ont notamment tenté de reprendre le gouvernorat de la ville tombé aux mains des groupes armés le 17 mai. Les forces maliennes ont pu reprendre "un temps le gouvernorat" mais, "affaiblies par des problèmes de coordination, de renseignement, (elles) ont dû se replier sous le feu nourri des groupes rebelles appuyés par les terroristes d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et de narcotrafiquants", a expliqué le porte-parole du gouvernement, Mahamane Baby. Il a aussi indiqué que "conformément au souhait du secrétaire général des Nations unies et au nom de la communauté internationale", le président Ibrahim Boubacar Keïta demandait "un cessez-le-feu immédiat".
Le porte-parole du gouvernement a par ailleurs fait état de "plusieurs blessés et des pertes en vie humaines" de part et d'autre dans les combats. De son côté, Moussa Ag Assarid a affirmé que la coalition des groupes armés avait enregistré dans ses rangs "quatre morts et huit blessés". Selon lui, plusieurs soldats maliens ont été tués, blessés ou faits prisonniers.
L'ONU réclame un cessez-le-feu
Face à cette brusque flambée de violences, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé mercredi "à la cessation immédiate des combats et à la mise en place d’un cessez-le-feu" à Kidal. La tension y était brusquement montée samedi dernier, à l'occasion de la première visite du chef du gouvernement Moussa Mara à Kidal. Selon les autorités maliennes, les combats avaient fait 36 morts, dont huit militaires.
D'après l'ONU et Bamako, six responsables de l'État et deux civils ont également été assassinés le même jour au gouvernorat de Kidal. Le MNLA a toutefois démenti avoir combattu aux côtés des jihadistes et avoir exécuté des otages.
Mardi, dans une déclaration unanime, les quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont condamné les violences du week-end. Ce regain de tension a aussi obligé la France à décaler de "quelques semaines" la réorganisation de son dispositif militaire au Sahel et a amené Paris à muscler sa présence dans la région septentrionale du Mali. Une centaine de soldats français ont ainsi été envoyés en renfort dans la ville de Gao (au sud de Kidal).
(Avec AFP) ... suite de l'article sur Jeune Afrique