La création du ministère Affaires religieuses et des Cultes est utile pour une transition apaisée au Mali et pour une éventuelle gestion du problème du Nord. Néanmoins, il ne faudrait pas que cela soit une opportunité de s’attaquer à la laïcité de l’Etat : la vigilance est donc de mise.
Les plus hautes autorités du pays ont bien réfléchi en créant un ministère des Affaires religieuses et des Cultes. Cela peut contribuer efficacement à la bonne marche des affaires et à mener une transition sereine. Mieux, ce département vient de combler bien des attentes en représentant beaucoup de sensibilités du pays : c’est du reste l’une des marques d’un gouvernement dit d’union nationale. Par ailleurs, ce ministère pourrait s’occuper des différences religieuses lors des grandes prises de décision concernant la Nation, surtout que ces dernières années, ce sont les religieux qui mobilisent autant du monde dans le cadre de leurs différentes revendications. Et toutes ces mobilisations ont agité les autorités compétentes en provoquant des changements de décisions prises. Par ailleurs, les religieux ne sont pas restés en marge dans le cadre de la recherche de solutions idoines pour la sortie de crise à laquelle notre pays est confronté. A cet effet, ces religieux avaient effectué un déplacement à Ouaga et dans le septentrion malien.
Cependant, il ne faut éviter d’éventuels dérapages à propos de la composition du personnel du Cabinet ministériel ou à propos des missions confiées à ce ministère des Affaires religieuses et des Cultes. Aussi, les religieux ne doivent pas imposer des idées ou actes susceptibles de dérouter le pays vers une tendance par trop religieuse. Toute chose qui pourrait sérieusement compromettre, voire affecter cette laïcité du pays si chère aux Maliens. Autrement dit, les plus hautes autorités du Mali sont d’ores et déjà averties : non seulement elles doivent assumer leurs responsables, mais elles doivent bien cadrer ce nouveau département dans ses prérogatives et sa raison d’être. En plus, toutes les couches religieuses et sociopolitiques du pays doivent être représentées dans ce ministère pour ne pas favoriser une religion au détriment d’une autre. Ce département doit également prendre en compte les différentes aspirations sociales en vue d’œuvrer uniquement en faveur du développement du pays et non en vue d’imposer une religion en fonction du pourcentage national. Dans le cas échéant, notre pays doit s’attendre à une éventuelle mésentente religieuse découlant d’une certaine volonté « d’infecter » la laïcité républicaine. En tout cas, la Constitution malienne est claire là-dessus : « Le Mali est un pays laïc ». Alors méfiance et vigilance !