A l’annonce de l’assaut donné par les FAMA, le mercredi 21 Mai 2014, c’est tout le peuple malien qui était aussi heureux que fier de voir la 8ème région, Kidal, retourner enfin dans le giron de la République. Ce, en raison, selon les sources officielles et militaires, de l’impressionnant dispositif en hommes et matériels acheminés vers le septentrion depuis le retour progressif à l’ordre constitutionnel normal.
Malheureusement, l’euphorie suscitée par cette offensive des FAMA a vite laissé place au désarroi, à la désillusion, voire à la colère. Plusieurs parents n’ayant pu entrer en contact avec leurs proches au front.
C’est ainsi que de la matinée, aux environs de 11H, l’on nous annonçait une victoire éclatante des FAMA sur les combattants du MNLA, précisément au niveau du gouvernorat qui est passé sous le contrôle de l’armée malienne. Subitement, comme par magie, les adversaires ont repris le dessus, venant à bout des FAMA qui ont non seulement été délogés du gouvernorat, mais également chassés de leur QG traditionnel, le Camp 1, sur lequel flotte le drapeau noir, celui de la fantomatique république de l’Azawad.
D’après le ministre porte-parole du gouvernement, cette défaite s’explique par des problèmes au niveau de « la coordination et des renseignements « . Dont acte. Toutefois, selon une source sécuritaire, les soldats maliens se sont battus jusqu’à la dernière balle avant d’être contraints à déposer les armes et se rendre à l’ennemi. Bravo aux vaillants soldats, quoiqu’étant fait prisonniers. Ils se seront montrés dignes fils du Mali.
Cependant, dans les milieux militaires, les langues commencent à se délier.
Ainsi, beaucoup dénoncent le fait, pour la hiérarchie militaire, d’avoir jeté son dévolu sur des jeunes qui n’ont pas encore une année d’expérience dans l’armée pour faire face à des combattants aussi aguerris qu’intrépides. C’est ainsi qu’il nous est revenu que l’essentiel des troupes combattantes des FAMA du 21 mai dernier était constituée par le bataillon du GTIA Balanzan.
D’un effectif de 1.500 éléments, ces recrues sont sorties du Centre d’Instruction (C.I) de Tiby, Cercle de San, en décembre dernier, date à laquelle ils se rendent à Koulikoro pour la formation EUTM.
Après pratiquement deux mois de formation, ils sont envoyés au Nord Mali pour une durée de neuf mois au cours desquels ils doivent passer par Anéfiss, Aguel Hoc et Tessalit.
La réalité du terrain ayant décidé autrement, le GTIA Balazan s’est subitement retrouvé dans le feu de l’action, à Kidal, après l’agression perpétrée sur le Premier ministre et sa délégation.
Arrivés dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas, le dimanche 18 mai, ils ont reçu ordre de procéder, officiellement, le mercredi 21 Mai, à la » sécurisation des personnes et de leurs biens « . L’offensive qui a bien commencé, a vite tourné au cauchemar. D’après plusieurs témoins joints au téléphone depuis Kidal, le MNLA a fait tellement de morts parmi les soldats maliens qu’il s’interdit de donner un bilan. D’après un chercheur proche des irrédentistes, c’est effectivement la première fois que le MNLA entretient un silence de cimetière sur le bilan des affrontements qui l’opposent à l’armée malienne.
Toujours à propos de la déroute des FAMA, un responsable militaire nous a indiqué que la hiérarchie ne s’est pas entendue sur les éléments à envoyer au front. Au moment où certains demandaient de n’envoyer que des soldats qui ont au moins cinq ans de carrière dans l’armée, d’autres, par contre, ne faisaient pas de distinguo. C’est ainsi que les éléments du GTIA Balanzan ont été envoyés pour la bataille du 21 mai.
Autre élément qui a pesé dans la défaite en relation avec l’inexpérience des jeunes envoyés au front, ils ont tiré beaucoup de rafales dès leur arrivée sur le champ de bataille. Un responsable du MNLA a déclaré sur le site de ce mouvement que l’armée malienne a tiré plus de 20 minutes sans qu’un seul coup de feu soit parti des rangs de son mouvement.
Résultat, lorsque les choses sérieuses ont commencé, nos braves jeunes gens se sont trouvés à court de munitions. Malgré les mises en garde de leur commandant, beaucoup ont cru trouver le salut dans la fuite. Ils rencontreront plutôt la mort. Ceux qui ont suivi la consigne de leur chef et se sont constitués prisonniers seraient entre 70 et 120 (toujours pour le GTIA Balazan). On n’ignore s’ils sont les prisonniers du MNLA, ou du HCUA, un groupe issu de Ançar dine de Iyad Ag Ghali et qui entretient des liens très poussés avec AQMI à cause de leur projet d’instituer une République islamique au nord du Mali.
On espère que leurs geôliers ne les exécuteront pas sauvagement comme ils l’ont fait avec les six administrateurs faisant partie des otages du gouvernorat de Kidal. Et que les organisations de droits de l’homme veilleront à ce qu’ils bénéficient des conventions relatives aux prisonniers de guerre.
Abdoulaye DIARRA