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L’Indépendant N° 3509 du 28/5/2014

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Nord-Mali: Et si, finalement, c’est ATT qui avait raison ? L’ex-président malien a été incompris dans sa volonté de privilégier la négociation avec les groupes armés
Publié le mercredi 28 mai 2014  |  L’Indépendant


© Autre presse par DR
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Depuis que l’offensive gouvernementale contre Kidal a viré au fiasco et à la honte, la polémique enfle au bord du fleuve Djoliba. Pour le gouvernement, la tournée de Moussa Mara était inscrite dans son programme. L’étape de Kidal y était prévue. Pour Bamako donc, l’opposition lui fait un faux procès. Pour l’opposition, cette tournée a été plutôt malencontreuse puisqu’elle aura été à l’origine de la déculottée que l’armée a subie à Kidal. L’on peut dire que l’opposition malienne est dans son bon droit d’exploiter les défaillances du pouvoir pour tirer à boulets rouges sur celui-ci.

L’armée malienne, qui a été piteusement défaite à Kidal, n’a pas pu donner de la matière à IBK pour écrire son épopée.

En exigeant la démission du Premier ministre, Soumaïla Cissé et ses camarades entendent donner de la voix pour relever les manquements de Bamako et sa responsabilité dans ce qu’il convient d’appeler la gifle de Kidal. IBK a véritablement donné du grain à moudre à ses opposants dans cette affaire. En effet, le fait de clamer qu’il n’a pas donné l’autorisation à l’armée d’attaquer Kidal ne peut pas l’absoudre dans l’humiliation que le peuple malien a profondément ressentie dans ses entrailles, suite à cette fâcheuse offensive de ses sofas contre Kidal.

L’attitude de Bamako, tendant à dégager sa responsabilité dans l’expédition contre Kidal, vient au contraire mettre à nu le dysfonctionnement de l’Etat malien. Comment en effet, une armée républicaine peut-elle prendre une telle initiative sans en avoir discuté avec celui qui est censé en être le commandant suprême, c’est-à-dire le président de la République ? La réalité est que la défaite est orpheline.

Si l’armée malienne avait réussi le coup de force de bouter le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) hors de Kidal, IBK en aurait été célébré dans tout le Mali, et cela ne lui aurait pas déplu en tant que digne héritier de Soundjata Keïta, dont les hauts faits de guerre ont toujours alimenté l’inspiration des griots maliens. Mais là, l’armée malienne, qui a été piteusement défaite à Kidal, n’a pas pu donner de la matière à IBK pour écrire son épopée. Cela dit, si quelqu’un devrait démissionner dans cette histoire, c’est bel et bien IBK qui est la seule personne à qui la Constitution malienne accorde les prérogatives de mettre en mouvement l’armée malienne. De ce point de vue, la question ne devrait plus se poser à Bamako de savoir qui a donné l’ordre à l’armée d’attaquer. Moussa Mara, le pauvre dont l’opposition réclame la tête, peut seulement avoir une responsabilité morale dans cette affaire. Selon certaines indiscrétions, celui-ci a voulu remettre sa démission à IBK qui l’aurait refusée.

Mais la responsabilité à la fois morale et politique en incombe véritablement à IBK. Les énormes pertes en vies humaines et les pertes liées au matériel de guerre acquis grâce aux contribuables maliens, lui sont imputables au premier chef. Il doit donc s’assumer pleinement et en tirer tous les enseignements politiques et moraux. La défaite humiliante de l’armée malienne à Kidal nous fonde à croire que l’ancien président Amadou Toumani Touré (ATT) avait peut-être raison de n’avoir pas opté pour une solution militaire dans la crise au Nord-Mali.
Il a certainement été incompris dans sa volonté de privilégier la négociation avec les groupes armés. Cela lui a valu d’être déposé et accusé de haute trahison. Aujourd’hui, avec ce qui vient de se passer à Kidal, l’on peut dire qu’il avait voulu jouer la carte du réalisme et du pragmatisme. Avec la débandade de l’armée malienne à Kidal et la conquête d’autres localités par le MNLA notamment, IBK vient de prendre la vraie mesure de la puissance de feu des groupes armés du Nord et de la capacité opérationnelle de l’armée malienne. L’on peut, de ce point de vue, dire que la réalité du terrain ne laisse pas d’autres choix à IBK que de négocier. C’est tout à son honneur car le Mali a impérativement besoin de paix pour engager le seul combat qui vaille. Le combat pour son développement. C’est pourquoi il faut saluer l’action du président mauritanien qui a permis aux parties en conflit d’aboutir à un cessez-le-feu et à s’engager pour le dialogue. L’accord de Ouagadougou, pour peu qu’il soit appliqué intégralement, pourrait aider les frères ennemis maliens à fumer le calumet de la paix. Dans cette perspective, rien ne doit être épargné pour résoudre au plus vite la crise interne que connaît actuellement le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), et que l’on impute à tort où à raison à Bamako.
Cette crise au sein du MAA, qui vient s’ajouter à la grande crise que connaît le septentrion malien, si elle n’est pas impérativement résolue, pourrait rendre plus tortueux le chemin qui conduira à la paix au Mali.

Observateur palga

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