En nommant Soumeylou Boubeye Maïga (SBM) à la tête de ce département très stratégique au sortir d’une crise multidimensionnelle, IBK a pris un grand risque. Mais, il s’est agi de le récompenser pour le travail abattu lors de la présidentielle. Avec toujours un agenda propre à lui, l’homme empêchait le Chef de l’Etat à dormir. Malgré tout, il est resté patient jusqu’au coup magique réussi par son fils Karim qui a contraint le président à demander à SBM de jeter l’éponge.
« La patience est la moitié de la foi », dixit Me Alioune Blondin Beye. En vieux briscard, IBK a fermé les yeux jusqu’à l’ultime sacrifice qui lui a permis de sortir très grandi de sa relation tumultueuse avec SBM.
Au sortir de la présidentielle, SBM était pressenti pour occuper le fameux poste de Premier ministre qui échoit dans les mains du jeune Oumar Tatam Ly. Très déçu, l’homme se contente du Ministère de la Défense qu’il avait occupé sous Alpha Oumar Konaré. Brusquement, il met en branle ses stratégies qui aboutiront à anéantir les têtes de proue de l’ex junte de Kati. Depuis, les avis étaient partagés. Pour certains, il a violé toutes les règles militaires pour les jeter en prison. Ceux-ci soutiennent qu’ils devaient d’abord passer sous l’autoritaire disciplinaire. Pour d’autres, ce fut bien fait car les putschistes sont des assassins qui de surcroît se fichaient pas mal d’observer ces règles.
Presqu’à son propre service, SBM relève l’un des hommes clés de la stratégie de conquête du territoire du terrain, Didier Dackouo, pour le cloitrer dans un bureau climatisé. Contre la volonté et le vouloir de tous les hommes de terrain. Qui cherchaient à se rebeller contre Didier qu’ils ont considéré comme un traitre. Dans cette foulée, il nomme le Général Mahamane Touré, Chef d’état major général des Armées avec, dit-on, une mission de démotivation des troupes. Celui-ci, sous ses ordres, se rend sur le terrain pour annoncer l’annulation prochaine des primes de terrain. Alors que le moment est très délicat. Comme si cela ne suffisait pas, l’homme lige qu’il se fait, s’emploie à la réforme des FAMA.
Ministre de la Défense, SBM est de la délégation du PM pour le septentrion. Arrivé à Gao, il rebrousse chemin en jetant ses collègues dans la gueule du loup. Ce qu’il prédisait certainement est arrivé à moitié avec des coups de feu contre le PM et sa délégation à Kidal. L’ayant bien analysé et perçu, le jeune PM Moussa Mara dans ses premières déclarations a laissé entendre que ce qui est arrivé à Kidal est purement politique. L’histoire lui donne-t-il raison ? Allez le savoir !
Quoi qu’il en soit, décidé à laver l’affront, Mara a alors mis le cœur devant l’esprit. Les FAMA ripostent mais sous les ordres de qui ? Les enquêtes nous édifieront. La suite, il y a eu de nombreuses morts. Pis, ce fut un désaveu pour une Armée en pleine reconstruction pour pouvoir reprendre sa place d’antan dans le giron africain.
Désabusé, le peuple se lève et crie sur tous les toits. Face à cette situation dramatique, l’opposition a demandé la démission du PM et la dissolution du gouvernement. Afin donc de tout tirer au clair, le jeune député Karim Kéïta, président de la commission défense de l’Assemblée nationale et ses collègues prennent leur courage entre les mains. Ils prennent attache avec le ministre SBM pour qu’il donne toutes les raisons de la débâcle de nos FAMA mais également de l’origine de l’ordre de l’attaque. Dos au mur et n’ayant presque pas d’arguments solides, il a été dépouillé de toutes ses plumes de grand orateur. Face donc à l’histoire et afin de devenir le vrai maître du jeu pour la stabilité du pays, le président IBK a demandé au ministre SBM de lui apporter sa démission. Sans perdre de temps, il a été remplacé par le Colonel Major Bah N’Daou. Dès le lendemain mercredi 28 mai, a eu lieu la passation de service au grand bonheur de plusieurs porteurs d’uniforme. Dont certains n’ont pas du tout caché leur grande satisfaction de la fin de mission de SBM. Ils ont donc dit ceci : « IBk a failli se mettre le doigt dans l’œil. Cet homme pense qu’il ne peut pas tenir. Il ne travaillait que dans ce seul dessein. Dieu seul a sauvé le Mali… »
Au moment où nous sommes, il a été indiqué que des enquêtes sont en cours pour situer toutes les responsabilités de cette bévue de Kidal. Alors questions : SBM sera-t-il écouté ? Ira-t-il rejoindre Amadou Haya Sanogo ? Ou encore, le président va-t-il le ménager ?
En attendant, il est urgent pour le président et le PM de prendre des dispositions adéquates d’indiquer aux troupes qu’il n’y aura point d’annulation de primes et que d’ailleurs des voies et moyens sont en cours pour une probable augmentation desdites primes.
Boubacar DABO