Reconduit pour la deuxième fois à son poste, le Premier ministre a publié, le lundi dernier, la liste de son deuxième gouvernement de 31 membres. Mais déjà, les critiques fusent de partout à propos du nombre des ministres et de leurs régions d’origine.
Et pourtant, ce n’est pas le nombre le plus élevé de ministères dans l’histoire au Mali. Sous Amadou Toumani Touré, on avait vu des postes ministériels créés tout juste pour faire plaisir à un ami ou un soutien. Mais le gouvernement actuel a une mission précise. Compte tenu d’urgences comme la réconciliation nationale et la réunification du pays, une équipe de 31 ministres est loin d’être aujourd’hui un scandale, surtout au regard des tâches qui attendent le Président de la République et son Premier ministre. La raison principale du nombre de ministres réside dans la mission du gouvernement. Dioncounda Traoré devrait former un gouvernement d’union nationale pour réconcilier le peuple profondément déchiré par une crise politico-militaire sans précédent. C’est donc dans la logique de l’Accord-cadre signé entre la CEDEAO et le CNRDRE en avril dernier pour le retour à l’ordre constitutionnel que ce gouvernement de mission a été formé.
Attendons de voir le résultat. Par ailleurs, dans des pays comme la Belgique, en plus de 10 Secrétaires d’Etat, les membres du gouvernement atteignent 48. En fait, ils ne recherchent pas la paix car ils l’ont déjà, mais c’est pour rendre les hommes plus efficaces qu’on scinde certains ministères. Dans la foulée de l’annonce officielle de sa nomination, la nouvelle équipe gouvernementale a été présentée. Mais surprise des surprises : aucun changement, enfin, presque. En effet, il n’y a que 6 ministres qui manquent à l’appel de Cheick Modibo Diarra : ils ont préféré prendre une retraite anticipée gouvernementale. Au titre des entrées, on note un ministre délégué auprès du ministre de l’Administration territoriale chargé de la Décentralisation en la personne de Me Demba Traoré.
Revenons à notre nouveau-ancien gouvernement. Qu’en pensent les Maliens ? Dans l’ensemble, le mot le plus récurrent dans les commentaires est déception à un degré plus ou moins important. Le nouveau gouvernement ne présenterait donc rien de surprenant. « Avait-on besoin de perdre 9 jours rien que pour çà ? », s’exclame Makan, un transitaire. Selon lui, durant tout ce temps qu’a duré ce suspens, tous les potentiels investisseurs et tous les financiers qui devraient être reçus par un ministre ont pu retourner chez eux avec leurs sous puisque tous les actes liés à la signature d’un ministre ont été reportés. Sékou Samaké, un responsable d’entreprise, est également déçu, et le choix du Premier ministre le laisse dubitatif, tout comme la reconduction de certains ministres. « Je suis déçu de la reconduction du Premier Ministre dont les capacités de management ne me convainquent pas et de la présence de certains ministres mêlés à des affaires au gouvernement », dit-il. Mais il se résigne tout de même à garder un peu d’optimisme pour lui, histoire « d’avaler la pilule » : « Maintenant, chacun doit assumer sa responsabilité politique. Il faut comprendre qu’un Président de la République accepte parfois des compromis. Jugeons au résultat », conclut-il. Aux yeux de Mme Oumou Tall, une commerçante, cette reconduction de la quasi-totalité des membres de l’ex-gouvernement est le signe que le Premier ministre n’a pas encore rompu avec son statut de plein pouvoir pour embrasser celui d’un Premier ministre qui a du pain sur la planche. Au « nouveau » gouvernement de prouver donc qu’il mérite encore que les Maliens espèrent sur des lendemains meilleurs.
Pour l’heure, rien ne change
Aussi, chaque ministre devra s’atteler à résoudre les difficultés qui parsèment le quotidien des Maliens dont la réunification du pays. Au défi sécuritaire est étroitement lié celui du sort des ex-combattants démobilisés et autres forces associées qui s’inquiètent pour leur avenir. En plus de la vie chère, l’inflation consécutive à la relance économique bat son plein au grand dam des consommateurs. Vivement donc une solution contre la hausse des prix des denrées de première nécessité que les populations supportent de plus en plus difficilement. Autant d’urgences qui attendent le nouveau gouvernement qui n’a d’ailleurs plus de « round d’observation » : c’est d’ailleurs le bon point de cette recomposition gouvernementale.