Dans l'édition papier de "Jeune Afrique" à paraître le 1er juin, Michel Sidibé, Directeur exécutif de Onusida, à nos questions. Il revient notamment sur l'effet néfastes des lois discriminatoires contre les homosexuels sur la lutte contre le Sida.
Le Malien Michel Sidibé, 61 ans, consacre depuis plusieurs décennies son engagement à la lutte contre le Sida à Onusida, agence onusienne à la tête de laquelle il a été reconduit début 2014 pour cinq nouvelles années. Il porte une attention particulière aux groupes les plus exposés à la pandémie, notamment les homosexuels. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique dans ses bureaux à Genève, Michel Sidibé soutient que l'Afrique ne mettra jamais fin au Sida si "elle n'aborde pas la question de toutes ces populations à risques". "Il est évident que les lois qui excluent ou criminalisent les homosexuels les obligent à se cacher et les éloignent des services de santé, martèle le patron de Onusida.
Lorsqu'ils sont infectés, ils continuent donc à transmettre la maladie". Il plaide pour une approche pragmatique de la lutte contre l'homophobie sur le continent et déconseille des mesures punitives contre les pays qui adoptent des législations répressives contre les gays, lesbiennes et transsexuels. "Si le débat est uniquement axé sur les droits civils, comme le mariage, il est clair qu'il y aura une levée des boucliers systématique dans la plupart des pays africains" met en garde Sidibé qui ajoute aussitôt : "Par contre, si on le déplace, comme le fait le Rwanda, sur la justice et l'accès aux médicaments, du droit à la vie et à la dignité, on progressera beaucoup plus vite".