Le Conseil des ministres a adopté en mars dernier un projet de décret instituant l’appellation « Diplôme d’études spécialisées » (DES) pour le parchemin délivré dans nos établissements supérieurs en charge de la formation médicale et biomédicale, en remplacement du « Certificat d’études spécialisées » (CES).
Si ce projet de texte entre en vigueur, les médecins en spécialisation dans les différentes disciplines médicales et chirurgicales seront appelés DES. Ce sont ces DES qui ont organisé hier un sit-in devant le rectorat de l’Université des sciences, techniques et technologies de Bamako (USTTB) et promettent de remettre ça tous les jours.
Les aspirants spécialistes protestaient contre une lettre du rectorat de l’USTTB en date du 1er avril qui les invitait à s’inscrire avant le 15 avril et précisait que, passé ce délai, les non inscrits ne pouvaient plus être considérés comme des médecins en spécialisation.
Les organisateurs du sit-in ont aussi décrié l’attitude des encadreurs, en l’occurrence les enseignants des facultés de médecine, d’odontostomatologie et de pharmacie. Ces encadreurs réclament aux DES, 150 000 Fcfa de frais d’inscription et autant en frais pédagogiques au titre de l’année universitaire 2013-2014. Les médecins en spécialisation soutiennent à ce propos que les frais d’inscription et les frais pédagogiques ont toujours été payés par l’entremise du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique et ne comprennent pas « l’acharnement » des encadreurs à leur faire régler ces frais de leur poche.
Il faut préciser sur ce point que le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné, a, par une décision en date du 25 mars dernier, autorisé le mandatement de 56,7 millions pour la prise en charge des frais universitaires de 189 médecins en spécialisation au titre de l’année universitaire 2013-2014.
Les responsables de l’Association des médecins en spécialisation du Mali reprochent à cette liste de ne pas prendre en compte tous les médecins en spécialisation et de comporter des irrégularités avec des noms de personnes décédées ou renvoyées de la formation. Des médecins figurant sur cette liste seraient même partis à l’étranger, précisément au Canada. « Nous ne comprenons pas. Beaucoup de nos camarades ne figurent pas sur cette liste. Or, l’Etat a toujours payé pour tout le monde. La volonté de changement dans ce pays doit être traduite en actes concrets », a souligné le secrétaire général de l’Association des médecins en spécialisation, le Dr Drissa Sangaré.
Celui-ci a aussi insisté sur l’urgence de reprendre les cours de spécialisation pour ne pas nuire à la qualité de la formation.
L’association est d’autant plus surprise qu’elle assure avoir remis au rectorat de l’USTTB la liste actualisée des médecins en spécialisation quelque temps avant la décision de mandatement du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique. Cette liste actualisée recense 479 médecins en spécialisation, y compris les médecins étrangers en spécialisation dans notre pays.
Les nationaux qui constituent le gros du contingent, seraient un peu plus de 450. Une petite multiplication permet de comprendre que pour régler les frais scolaires de ces DES, le ministère en charge de la santé doit verser un peu plus de 135 millions de Fcfa. Les DES estiment que, pour l’instant, le compte n’y est pas au titre de l’année universitaire 2013-2014.
Pour Florent Dakou, secrétaire à la communication de l’association, celle-ci a l’impression de s’adresser à un mur : « Nos tentatives pour recueillir les explications du rectorat se sont heurtées aussi à un mur de silence ».
Les protestataires estiment avoir fait preuve de bonne volonté en acceptant d’envoyer une lettre d’excuses aux encadreurs comme l’exigeait le recteur de l’USTTB. Suite à l’intervention des leaders religieux, une correspondance a été adressée au coordinateur des encadreurs, le Pr Toumani Sidibé qui explique que les cours auraient dû commencé le 2 février dernier. Les enseignants, explique-t-il, avaient convenu de donner un délai de grâce aux retardataires pour le paiement des frais d’inscription et des frais pédagogiques. Ainsi, l’échéance avait été fixée à fin mars. Ensuite, la correspondance du rectorat de l’USTTB a repoussé l’échéance au 15 avril.
Pour le Pr Toumani Sidibé, les encadreurs ne se préoccupent pas de savoir qui paie pour qui, estimant que lorsqu’on entreprend des études post-doctorales, il faut simplement payer. Il a souligné la détermination des enseignants des Facultés de médecine, d’odontostomatologie et de pharmacie à faire les évaluations en fin d’année. « Nous voulons tenir une année normale en appliquant les normes. Cela passe par des exigences », a-t-il conclu.