«Nous ne laisserons personne tirer un profit politique personnel de cette tragédie en utilisant les épaules et la tête des autres», c’est ce que Soumeylou Boubèye Maiga, ancien ministre de la Défense a déclaré le samedi 31 mai 2014 au Centre international de conférence de Bamako (CICB), au cours de la cérémonie d’ouverture du forum des femmes de l’ASMA-CFP (son parti politique) sur le thème : «Rôle et place des femmes dans la réconciliation nationale».
Selon Soumeylou Boubèye Maïga, président de l’ASMA, ce forum se tient dans un contexte très difficile, marqué par une crise sans précédent au Nord du Mali. Depuis quelques années, a-t-il dit, une partie de notre pays (de Nara à Tessalit) est en guerre. « Dans cette guerre, il y a une alliance permanente entre ceux que l’on peut appeler les rebelles et les terroristes. D’où sa complexité ».
Des affrontements qui ont eu lieu entre l’armée malienne et les groupes armés les 17 et 21 mai dernier à Kidal, ont tourné à la tragédie. Car ils se sont soldés par la déroute de l’armée malienne faisant plusieurs dizaines de morts et de blessés. Aussi, ces affrontements ont engendré une crise politique au sommet de l’Etat surtout avec la démission, la semaine dernière, du ministre de la Défense et des Anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maiga, non moins président de l’ASMA-CFP.
Après les affrontements entre l’armée et les groupes armés, le Premier ministre Moussa Mara a laissé attendre que l’ordre n’était pas venu de l’autorité politique comme ça doit être le cas et que la démission du ministre de la Défense et Anciens Combattant fait partie des «mesures de redressement».
Sans entrer dans les détails, Soumeylou Boubèye a, pour sa part, répondu au cours du forum des femmes de son parti que «l’histoire rétablira les faits ». Il a indiqué que les députés de l’ASMA-CFP saisiront lundi prochain l’Assemblée nationale qui incarne le peuple, afin que qu’une commission d’enquête parlementaire soit mise en place pour rétablir la vérité, toute la vérité sur les évènements douloureux de Kidal et de trancher définitivement cette fameuse question de «qui a donné l’ordre à l’armée » de lancer l’offensive.
«Toutes les communications et les SMS seront mis à la disposition de cette commission d’enquête afin que le peuple sache qui a dit et fait quoi dans cette histoire», a affirmé Soumeylou Boubeye Maiga. Avant d’ajouter : «Nous sommes et nous resterons engagés pour le Mali. Mais nous ne laisserons personne tirer un quelconque profit politique personnel de cette tragédie». Car, a-t-il dit, sous les tribunes, il y a des abris et dans ce pays aujourd’hui, il y a ceux qui passent d’une tribune à un abri.
Pour Soumeylou Boubèye Maïga, ce qui se passe au nord du Mali est une tragédie qui dépasse, la capacité d’un seul individu ; cette situation demande l’effort collectif de tous les Maliens. Les élections de 2013, dira-t-il, ont prouvé que le Mali un pays uni mais avec une diversité ethnique et géographique et chacun doit accepter cette diversité si l’on veut que le Mali soit à l’abri des crises. C’est pourquoi, Soumeylou Boubèye Maïga invite les femmes de son parti à dégager, au cours de ce forum, des pistes de sortie de crise.
Rappelons que Soumeylou Boubèye Maïga est l’un des rares leaders politiques qui a soutenu Ibrahim Boubacar Kéita aux premières heures de l’élection présidentielle de 2013. Mais aujourd’hui, la rupture semble être consommée entre les deux hommes.