À première vue, les violences au Nord-Mali, au Nigeria ou en Centrafrique ont peu de chose en commun. Pourtant, tout est lié, et c'est en partie à Kadhafi qu'on le doit. Enquête sur cet arc de crises qui inquiète les chancelleries.
Trafics
Où sont passées les armes de Kadhafi ?
C'est l'héritage maudit de Kadhafi. Des milliers d'armes et de munitions qui se jouent des frontières, transitent par le Niger, le Tchad ou le Soudan pour finir entre les mains de groupes terroristes implantés au Nigeria, au Mali ou en Somalie. Et bientôt trois ans que cela dure ! En mars 2013, des soldats français de l'opération Serval saisissaient encore près de Gao et dans la région de l'Adrar des Ifoghas, au Mali, des missiles sol-air à moyenne portée de type SA-7b, de fabrication soviétique. Selon les conclusions du groupe d'experts du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye, rendues en février, des émissaires d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), du Mouvement pour l'unité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et d'Al-Mourabitoune font toujours des allers-retours entre le sud de la Libye et le nord du Mali. Bien sûr, la présence des Français et des hommes de la mission onusienne au Mali (Minusma) ont compliqué la tâche des terroristes et des contrebandiers. Mais les millions de dollars générés par le trafic de drogue et les libérations d'otages ont permis l'ouverture de nouvelles "routes" à travers le Sahel. Chez les Toubous, beaucoup ont vendu au plus offrant leur parfaite connaissance de cette zone, à cheval entre la Libye, le Tchad et le Niger. N'Djamena dit ainsi avoir interpellé sur son territoire plusieurs nomades reconvertis en trafiquants d'armes en 2012 et équipés de missiles sol-air. En mars et en mai de l'année suivante, le Tchad disait encore avoir la preuve que des armes libyennes étaient acheminées jusque dans le nord du Nigeria, où opère Boko Haram. Résultat : la secte islamiste dispose aujourd'hui d'un équipement digne de celui d'une petite armée régulière, selon les autorités françaises.... suite de l'article sur Jeune Afrique