En prélude au versement d’un nouveau prêt au Mali, le Fonds monétaire international (FMI) devrait envoyer au mois de juin une équipe d’auditeurs au Mali pour évaluer la gestion des fonds qu’il alloue au pays. Mais la colère de l’institution financière ne faiblit pas contre les mauvaises pratiques de gestions du régime d’IBK depuis un peu plus d’un mois. Conséquence: le retardement de cette évaluation, qui bloque à son tour le décaissement de près de 70 milliards de nos francs.
L’Union Européenne et la Banque mondiale ont également déclaré suivre de près la gestion financière de l’Etat malien, emboîtant le pas au FMI qui avait dans un premier temps reporté sa mission de revue au Mali, une réunion prévue le 15 mai dernier. La raison fondamentale de la colère des institutions de Bretton Woods est l’opacité qui entoure l’achat de l’avion présidentiel, le Boeing 737, et de matériels de guerre.
A cause du report de la mission de revue du FMI, tous les programmes d’appui budgétaire menés par la Banque mondiale, la France et l’Union européenne sont aujourd’hui gelés. Le gouffre financier résultant de cette sanction est colossal car estimé à plusieurs centaines de millions d’euros. Le FMI à lui seul a gelé déjà 3 milliards de FCFA. Quant à l’Union européenne, elle aurait gelé 65 milliards de FCFA, soit 100 millions d’euros.
Après de longues investigations, il s’avère que l’avion du président de la République a été payé à partir des deniers publics, avec une ponction de 14 milliards F CFA. Ce montant qui aurait été prélevé du Trésor public risque de causer une grave crise sociale et financière. Les bailleurs de fonds souhaitent que le pactole décaissé pour l’achat de l’avion soit remplacé le plus rapidement possible avant de lever le gèle de leurs prêts.
De son côté, le gouvernement pare au plus pressé, de nombreux ministères étant déjà frappés au portefeuille car le FMI ne transige pas sur ses principes. Il exige en effet que le fonds détournés soit remis en place avant novembre prochain. Et à en croire des observateurs, tous les budgets des départements ministériels, les budgets spéciaux d’investissement ont subi des coupes sombres ces dernières semaines.
Un audit attendu
Il y a un peu plus d’une semaine, le ministère des Finances a pris des mesures pour fixer les montants à prélever sur le budget de chaque ministère. En plus des explications claires et nettes, le FMI veut aller loin en faisant l’audit sur le marché de l’avion pour connaître les véritables acteurs de ce marché polémique.
Autres marchés incriminés, ceux liés à de récents achats d’armements qui ont été entourés d’une opacité déconcertante. Le gouvernement malien s’était déjà expliqué sur ces marchés d’armement, selon l’ancien ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, pour qui la législation nationale interdit de faire de la publicité sur les achats d’armes.
Par ailleurs, la ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, avait apporté les mêmes explications au FMI, insistant sur le fait que les appels d’offres ne sont pas autorisés compte tenu de la sensibilité des questions militaires. Mais ces arguments n’ont pas suffit à donner confiance aux bailleurs de fonds qui craignent une mauvaise gestion de leur aide financière.
En janvier dernier, le FMI notait dans un rapport l’inefficacité, faute de sanctions graduées, des contrôles pourtant abondants et parfois redondants. L’absence d’instruments de suivi quantitatif et qualitatif de la gestion et la complexité des procédures précontractuelles ainsi que la vulnérabilité des dépenses dérogatoires pouvant concerner de gros montants dans les régies spéciales étaient dénoncés aussi.
Ce qu’ils nous apportent:
-Banque mondiale : La Banque mondiale va financer 22 projets au Mali pour 650 milliards de FCFA, dans les cinq ans à venir, selon son directeur des opérations au Mali, Paul Noumba Um.
-Union Européenne : Lors de la conférence internationale de soutien au développement du Mali, qui s’est tenue ce mercredi 15 mai 2013, à Bruxelles, la communauté internationale s’est engagée à aider le Mali. Plus de 3,25 milliards d’euros ont pu être mobilisés à l’occasion de cette conférence.
FMI : Au titre de la facilité rapide de crédit, le FMI apporte un appui budgétaire de près de 20 milliards de FCFA à l’Etat malien.