Dans le nouveau gouvernement, la question genre a été prise en compte avec la nomination de quatre femmes : Mme Alwata Ichata Sahi de la Famille, de la Promotion de la femme et de l’enfant ; le Dr Diallo Deïdia Mahamane Kattra du travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle ; Mme Diallo Fadima Touré, du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires foncières ; Mme Traoré Rokiatou Guikiné des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine. Ces femmes auront la lourde tâche de diriger ces quatre départements. Rappelons que trois d’entre ont été reconduites. Celle qui fait sa première entrée dans le gouvernement s’appelle Mme Deïdia Mahamane Kattra. Votre rubrique « Parole aux femmes », s’est intéressée à ces quatre femmes ministres.
Quatre femmes sur 32 ministres ! Le nombre des femmes dans le nouveau gouvernement d’union nationale est peu, voire insignifiant dans un pays où la promotion féminine et l’égalité du genre occupent une place importante dans tous les débats discours politiques, surtout pour connait le rôle important que jouent les femmes dans la résolution des conflits. Toutes les femmes maliennes comptent donc sur leurs quatre consœurs ministres pour relever les défis du Nord et celui des élections.
Les 4 battantes du gouvernement
La ministre de la Famille, de la Promotion de la femme et de l’enfant, Mme Alwata Ichata Sahi, conserve son portefeuille. Elle n’est d’ailleurs pas étrangère dans son département pour avoir dirigé l’Organisation panafricaine des femmes (OPF) pendant des années. Avant sa nomination dans l’ancien gouvernement, elle était Chef de Cabinet au ministère du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires foncières. Elle est née le 27 mars 1961 à Gao et a fait ses études primaires à l’Ecole catholique privée et obtient son DEF en 1978. Elle opte alors pour le Lycée régional de Gao où elle décroche son Baccalauréat en 1982. Elle choisit l’Ecole normale supérieure (ENsup.) et en 1987, elle est diplômée de l’Ensup, spécialité Anglais). Après des stages et des formations, elle est détentrice de plusieurs diplômes et attestations dans le cadre du renforcement des capacités. Professeur d’enseignement secondaire de formation, elle a acquis beaucoup d’expériences dans le domaine de la gestion et de la protection de l’environnement, de la promotion de la femme, du management, de la formation et de l’organisation des associations de femmes et de jeunes. Mme Alwata est membre fondateur d’une coopérative de jeunes diplômés sans emploi s’occupant de l’environnement et de questions de population. Très active dans la vie associative, entre 1993 et 1998, elle fut présidente de la Coopérative des femmes pour l’éducation, la santé familiale et l’assainissement (COFESFA). De 1995 à 2002, elle est conseillère municipale en commune II du district de Bamako. Parallèlement, elle est consultante et facilitatrice de plusieurs ateliers de formation. La native de Gao fut maintes fois Chef de projet. Celle qui doit relever des défis de la promotion de la famille, de la femme et de l’enfant (entre autres) parle français, anglais, sonrhaï, tamasheq, bamanan et haoussa. Elle est médaillée du Mérite agricole du Mali dans le cadre de l’environnement et Chevalier de l’Ordre national du Mali. En dehors du travail, elle consacre son temps à la cuisine, à la lecture, à la musique et …à la marche.
La ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, le Dr Diallo Deïdia Mahamane Kattra, est Pharmacienne de son état. Elle est née en 1957 à Tombouctou où elle a mené à bien sa scolarité jusqu’à l’obtention de son Baccalauréat en série Sciences exactes en 1974. Elle soutient ensuite son Doctorat en pharmacie à l’Ecole nationale de médecine et de pharmacie. Elle se lance alors dans des études de perfectionnement au Centre d’énergie atomique de Saclay et à l’Université « Blaise Pascal » de Clermont-Ferrand, en France. Ainsi, elle travaillera à la Pharmacie populaire du Mali (PPM) et à l’hôpital du Point G avant de voler de ses propres ailes. En 1990, elle ouvre donc sa propre officine de pharmacie : « Les Hirondelles ». Tout comme Mme Alwata, la pharmacienne est très active dans la vie associative. A partir de 1998, elle préside durant quatre ans la Fondation de l’association « Inter ordre pharmacien africain ». Son passage au Conseil national de l’Ordre des pharmaciens du Mali et à l’Association pour la promotion de la santé (APSAN) fut remarquable. Parallèlement, elle dirige le « Lion’s club de la zone 152 », le « Lion’s club Sigui », l’Association des femmes du Nord du Mali et participe aux actions de solidarité organisées par l’Alliance pour la communauté arabe « Alkarama ». Avec l’occupation du Nord, le Dr Diallo Deïdia Mahamane Kattra s’implique dans les activités du Collectif des ressortissants du Nord (COREN). Celle qui a la lourde tâche de relever les défis du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle est Chevalier de l’Ordre national du Mali, mariée et mère de 5 enfants.
La ministre du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires foncières, Mme Diallo Fadima Touré, a changé de département car elle était chargée de gérer le département de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme. Elle est née dans la 4è région (Ségou) en 1952. Son Baccalauréat en poche, elle opte pour l’Ecole nationale d’administration (ENA), obtient sa Maîtrise en Sciences économiques en 1977 et s’envole pour Montréal en 1985 pour compléter sa formation en Gestion des finances municipales. Puis en 1996, elle va aux Etats-Unis, plus précisément à l’Université d’Atlanta (Géorgie) pour faire Management des organisations. Au Mali, Mme Diallo Fadima Touré a effectué une riche carrière professionnelle au ministère des Finances et celui de l’Administration territoriale. Elle est Inspectrice des impôts et des domaines et a occupé des postes de responsabilité dans le domaine du patrimoine cadastral de l’Etat et des collectivités du Mali. Ce qui lui a valu la direction du Contentieux et de la statistique de la Direction régionale des Impôts de Bamako. Jusqu’à sa nomination, elle était vice-présidente de « SNC-Lavalin International INC », une grande entreprise internationale spécialisée dans le domaine de l’ingénierie des affaires basée au Canada. Elle est auteur de publications dans des revues telles que Finances et Développement du Fonds monétaire international (FMI). Elle a également élaboré plusieurs thèmes de cours pour l’Ecole nationale d’administration (ENA), l’Assemblée nationale, l’Université de Bamako (2002) dans les domaines des finances publiques, de la gestion domaniale et du marketing international. Mme Diallo Fadima parle couramment français et anglais.
Avant sa nomination dans l’ancien gouvernement, l’actuelle ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Mme Traoré Rokiatou Guikiné, était à la tête du Secrétariat général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale depuis juin 2011. Elle est née le 23 juin 1953 à Toukoto (cercle de Kita, région de Kayes). En juin 1972, elle passe son Baccalauréat, section Sciences biologiques, avant de choisir l’Ecole normale d’administration (ENA) et d’en sortir avec une Maîtrise en Economie. Puis elle intègre la Fonction publique où elle se voit confier le dossier de la coopération bilatérale Europe de l’Est-Asie au ministère des Affaires étrangères. Entre 1980 et 1986, elle est successivement Chef de la division Coopération culturelle et sociale, Correspondante nationale de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) pour la Francophonie, Chef de la division Coopération économique multilatérale et Correspondant national ACCT pour l’UNESCO. Elle devient ensuite Directrice adjointe de la Coopération internationale, puis Conseillère technique au ministre des Affaires étrangères chargée des questions culturelles et sociales jusqu’en 1990.
Durant un an, elle fut Commissaire au Tourisme. Plus tard, elle est chargée du dossier de la coopération bilatérale Mali-France-Espagne-Portugal. Entre 1995 et 2003, elle redevient Directrice adjointe de la Coopération internationale et Ordonnateur suppléant FED avant d’être promue Directrice avec le titre d’Ambassadeur et Ordonnateur déléguée FED. Mme Traoré Rokiatou Guikiné fut Ambassadrice du Mali au Burundi, au Cameroun, en République centrafricaine, au Congo (RDC), au Gabon, en Guinée équatoriale, au Rwanda, à Sao Tomé et Principe et au Tchad avec résidence à Libreville. Elle est Officier de l’Ordre national du Mali, et Commandeur de l’Etoile équatoriale du Gabon.
Elle est mariée et mère de deux garçons, aime la lecture et le sport.
Des femmes se prononcent sur leurs consœurs ministres
- Mme Mary Beth Leonard, Ambassadrice des Etats-Unis au Mali :
J’ai entièrement confiance aux femmes dynamiques, intelligentes et engagées du Mali. Choisir 32 ministres pour la formation d’un gouvernement d’union parmi tant de candidats sans doute bien qualifiés autant les femmes que les hommes, n’a pas été très facile.
-Dr Djénéba Traoré, Recteur de l’Université des Lettres :
Ce n’est pas le nombre de femmes qui compte, mais leur capacité et leur qualité à accomplir leur mission. Je suis sûre que celles qui ont été choisies vont ajouter leur force à celles des autres membres du gouvernement pour accomplir leur première mission qui est d’apporter la paix au Nord. C’est notre souci constant et la base de toute autre action. Aussi, que les femmes ne soient pas mises à l’écart par rapport à cette mission essentielle qui a été assignée par le peuple malien. Je connais certaines d’entre elles et je suis sûre qu’elles relèveront le défi.
-Mme Doumbia Mama Koité, Présidente du réseau FEMNET :
C’est la catastrophe ! Ce n’est même pas un gouvernement d’union nationale ! On ne peut pas comprendre que les femmes, qui représentent plus de 50% de la population, ne soient pas représentées convenablement dans ce gouvernement. Quatre femmes sur 31 ministres ! Je suis déçue car ce nombre est insuffisant. Alors qu’en matière de paix, les femmes jouent un rôle important et qu’elles sont mieux indiquées pour promouvoir la paix. Aujourd’hui, il y a des femmes capables qui méritent d’être dans ce gouvernement. Ce n’est pas une question de pouvoir, mais une question d’efficacité et de vision. Nous, en tant que femmes, notre souci, c’est de préserver la paix et l’unité nationale car ce sont les femmes et les enfants qui sont victimes de cette situation au Mali, plus précisément au Nord. Les hommes seuls ne peuvent pas résoudre ce problème. La gent féminine asa place et son rôle a jouer dans cette transition. Le Mali a ratifié des conventions et des traités pour l’accès des femmes dans les instances de prise de décision. Malheureusement, chaque fois qu’il s’agit de concrétiser cette volonté politique, on dégage une autre vision et on expose des arguments fallacieux. Nous exigeons que la femme malienne jouisse de ses droits et de sa place dans cette transition !