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L’Indicateur Renouveau N° 1735 du 5/6/2014

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Situation sociopolitique et sécuritaire : Le Mali à vau-l’eau !
Publié le lundi 9 juin 2014  |  L’Indicateur Renouveau




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Le pays va mal. C’est le moins que l’on puisse dire. Présentement, le citoyen lambda, de Kayes à Kidal et de Zégoua à Bintagoungou, ne sait plus à quel saint se vouer.

La situation d’ensemble du pays et de la nation est désespérante. Elu avec un score presqu’à la soviétique de 77,7 % le 11 août 2013, Ibrahim Boubacar Kéita est arrivé au pouvoir avec tous les arguments nécessaires pour opérer les changements attendus et espérés par l’écrasante majorité des Maliens. Hélas ! L’éléphant appelé est visiblement arrivé avec un pied cassé.

La désillusion est à la hauteur de l’estime et l’espoir suscités. En si peu de temps (9 mois) le pays a quasiment perdu tous les acquis de la transition. Pis, le Mali apparait désormais comme un Etat quelconque, sans gouvernail, à l’image désastreusement peinte et profondément plongé dans une situation d’humiliation sans précédent dans son histoire plus que cinquantenaire.

Que s’est-il donc passé pour que le Mali régresse de façon si catastrophique ? La mauvaise gouvernance au sommet de l’Etat ; l’immixtion jamais égalée de la famille dans les affaires publiques ; l’égocentrisme trop poussé des vainqueurs du jour ; l’absence de modestie, d’humilité et de vision dans la gestion de l’Etat ;
l’amateurisme érigé en système de gouvernance ; une communication « lamentable » de l’avis même du chef de l’Etat ; le mensonge, la flagornerie, la duperie et la fuite en avant devant des situations dont l’évidence crève les yeux de l’observateur le moins avisé…

L’absence de cap et de perspective ont fini par convaincre le plus optimiste des partisans du régime sur son incompétence et son incapacité à sortir le pays du chaos dans lequel il a replongé depuis le 21 mai dernier date de ce que d’aucuns ont qualifié « de pire défaite jamais infligée à l’armée malienne par des groupes armés » à Kidal.

Le Mali va à vau-l’eau depuis lors sans qu’on sache qui fait quoi et qui doit dire quoi. C’est la confusion généralisée à tous les niveaux de l’Etat. Dans cette situation de cacophonie et d’amertume, la rencontre initiée par le président de la République avec la classe politique (majorité et opposition) apparaissait naturellement comme le déclic pour l’apparition d’une certaine lueur d’espoir.

Encore hélas ! L’improvisation, l’absence de préparation adéquate et l’amateurisme enfantin de certains acteurs avaient déjà plombée cette initiative somme toute salutaire. La rencontre fut ainsi galvaudée avant même d’avoir eu lieu. Les différents couacs ayant émaillé son organisation auraient pu servir de raisons suffisamment valables pour améliorer le contenu.

Soliloque
Mille fois hélas ! En lieu et place d’un espace d’échanges ou de concertation, les invités du jour (en tout cas ce qui est de l’opposition) ont été soumis aux affres d’un genre de monologue de la part du président de la République pour, a-t-il justifié, « ne pas faire de traitement de faveur » entre l’opposition et sa majorité, qu’il a avait rencontré un peu plus tôt.

Il a certes fait un large tour d’horizon sur divers sujets d’intérêt national, mais dans la réalité et de l’avis de bon nombre de participants à cette rencontre, il n’a fait que « rappeler » ce que l’opinion savait déjà pour l’essentiel. La seule véritable nouvelle était celle relative à la signature prochaine d’un « accord de coopération militaire » entre le Mali et la France prévue dans les jours à venir.

Pour le reste, le président de la République n’a fait que répéter la même chose par rapport notamment à la visite de Premier ministre, Moussa Mara à Kidal, aux événements des 17 et 21 mai 2014 et de la « démission » de l’ancien ministre de la Défense et des Anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga. Il a également reconnu la gravité de la situation actuelle du pays.

D’où, selon lui, l’impérieuse nécessité d’unir tous les fils et toutes les filles autour du Mali. Etant donné surtout qu’opposition et majorité nourrissent les mêmes sentiments de patriotisme pour le pays. La prise de contact a de ce point de vue permis au moins de décrisper un tant soit peu la situation de méfiance et de suspicion lancinante qui avait fini par s’installer entre le président de la République et la classe politique dans son ensemble.

Le sentiment de satisfaction, voire de soulagement, qui se lisait sur le visage des uns et des autres au sortir de la rencontre, se justifiait ainsi, d’autant plus que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita a promis que l’initiative allait se poursuivre sous plus ou moins d’autres formes.

En tous les cas, au regard de la situation critique du pays, on peut dire qu’il était temps, grand temps que le président de la République « revienne » à ses compatriotes après avoir pratiquement fait le tour du monde (Europe, Amérique, Asie, Afrique, entre autres). Car, c’est ici, au Mali, que la crise va d’abord se dénouer. Prioritairement entre Maliens d’abord, dans l’union des cœurs et l’unité d’action. La communauté internationale venant en appui et en soutien à l’action collective des Maliens et de tous les Maliens.

Il y a donc lieu d’espérer que cela soit effectivement le début de la fin du calvaire et des pires souffrances qui sont aujourd’hui le vécu quotidien de tous les fils et de toutes les filles de ce pays, d’est en ouest et du sud au nord, sans exception et sans exclusive aucune.

« Le Mali d’Abord » doit à présent cesser d’être un simple slogan pour se traduire dans les propos, actes, faits et gestes de chacun. A commencer par ceux-là qui ont la lourde responsabilité d’être aux affaires de l’Etat, notamment le président de la République, le seul ayant un mandat de ses compatriotes. L’histoire nous observe et son jugement est implacable !
Bréhima Sidibé

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