Après 20 ans d’arrêt de ses activités (depuis 1991) et 4 ans de discussion sur la nécessité de son rétablissement, le Service National des Jeunes renait de ses cendres.
Créé par la loi N°083-27/AN-RM du 15 aout 1983, sous la 2è République, avec pour missions principales de développer l’esprit de patriotisme, de civisme et le reflexe de la défense nationale, le Service National des Jeunes (SNJ) a eu à son actif, la formation de six (6) contingents réguliers et deux (2) contingents spéciaux pour un effectif de 6.635 éléments. Ces différents contingents ont participé, à plusieurs activités comme la confection des briques et la construction du siège du Service National des
Jeunes,la coupe de la canne à sucre à Dougabougou et à Séribala…
Après 8 ans de services à la nation (1983 à 1991), le SNJ s’est vu forcé d’arrêter ses activités pour faute de financement, laissant ainsi la jeunesse sans repères. Depuis lors, le service est resté dans une situation de léthargie car, la loi qui l’a créé n’ayant pas été abrogé, les multiples réclamations sur sa restitution ne cessaient de se sentir.
Il a fallu 20 ans dont 4 ans de discussions intenses et de réticences pour voir renaitre le Service National des Jeunes. Le projet de loi a été adopté lors du conseil des ministres de ce mercredi 04 juin 2014 et sera soumis pour adoption par l’Assemble Nationale cette semaine.
Les initiateurs de ce projet pensent qu’il permettra entre autres de développer les aptitudes physiques, mentales et civiques des jeunes; parfaire l’éducation, la formation civique et professionnelle des Jeunes. Mais aussi de leur permettre de participer au développement économique, social et culturel du pays. Il s’agit aussi de mobiliser les jeunes pour les besoins de la défense nationale. Le coût global pour la phase pilote est de 1 290 360 000 F CFA avec une formation de 2 ans dont 6 mois militaires et une (1) année et 4 mois de formation civique et morale. La formation débutera en 2015 et sera basée cette fois-ci sur le volontariat. La limite d’âge variera de 18 à 35 ans.
Un couteau à double tranchant !
En ce qui concerne les inconvénients, les autorités craignent le risque de déviance des jeunes formés non insérés. Cette vision n’est pas partagée par tout le monde. Selon certains, avec une bonne formation militaire et civique, ces non insérés seront tout sauf un danger pour la société. Les défenseurs de ce point de vue conseillent de faire appel à un technocrate pour la gestion du nouveau service des jeunes. Ce dernier travaillera pour la promotion d’une cause, d’un idéal dont la réussite sera salutaire pour sa communauté, pour son pays etc.
Ils craignent de confier cette gestion à un politicien qui n’hésiterait pas de la politiser et par conséquent de détourner la nouvelle structure de son objectif qui est avant tout national.
Pour préserver ce caractère national, Ils exhortent les autorités à promouvoir le brassage culturel dans cette formation. C’est-à-dire, envoyer les jeunes du nord au sud et ceux du sud dans les centres de formation du nord et éviter de ne faire bénéficier que les jeunes diplômés.
En tout cas, il serait bien de signaler que si les autorités de la 2ème République ont facilement réussi à intégrer les jeunes dans ce système, c’est parce qu’à cette époque, la jeunesse était soudée et elles ont hérité elles-mêmes de l’expérience de la 1ère République qui avait instauré des écoles saisonnières qui préconisaient aussi le vivre ensemble. Par contre, les autorités de maintenant ont face à elles, une jeunesse qui présente beaucoup de handicaps à être fédérée.
D’abord, entraînée dans les luttes partisanes, elle est souvent animée par la haine et divisée sur tous les sujets. Ensuite, elle est sujette au gain facile et voudrait tout obtenir sans coup férir. Enfin, cette jeunesse semble ne pas avoir de repère dans un monde où les valeurs morales cèdent le pas de jour en jour à un matérialisme inouï. On constate que depuis près de 20 ans, la jeunesse malienne est instrumentalisée à des fins politiques et détournée de vraies initiatives pouvant susciter et aiguiser son sens de la responsabilité. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux comme facebook, tweeter et autres, pour se rendre compte de telles réalités. Cela à travers des commentaires, des publications sur ces réseaux -là.
Aujourd’hui, la menace de l’intégrité territoriale qui devrait être une source d’union sacrée, est elle aussi utilisée comme arme de guerre entre les politiciens. Cela n’est pas sans effet sur la jeunesse. Malgré cette triste réalité que nous vivons aujourd’hui, certains restent toujours optimistes sur la réussite d’un tel projet car disent t-ils, tout dépend de la volonté et de l’importance accordée à ce sujet et pensent même que c’est l’occasion idéale et le bon moment.
Du côté du Conseil National des Jeunes, Salia TOURE, joint par téléphone, pense que c’était une nécessité qui s’imposait, vu les différentes réalités du moment. Il en a profité pour saluer les autorités de l’initiative mais s’étonne quand même que le conseil ne soit pas autant associé qu’il l’aurait souhaité dans la réalisation de ce projet. La question était également à la Une de l’émission « Appels sur l’Actualité » de RFI ce lundi 06 juin 2014. Sur la page de l’émission, nombreux sont les internautes qui ont salué cette initiative du gouvernement malien.
L’amicale des anciens du SNJ avait suggéré le rattachement du service au Ministère de la Défense et des Anciens Combattants.
Une doléance non prise en compte car le service serait plutôt rattaché au Ministère de la Jeunesse et de l’Action Citoyenne.
Dans la communication écrite, nous avons relevé deux points qui semblent être des signes de réticence sur le rétablissement du SNJ : d’une part, l’absence de certains départements ministériels à plusieurs réunions tenues sur le sujet ; d’autre part, le projet est resté en discussion durant quatre ans, de 2010 en 2014.
Une chose est sûre, le vote du projet à l’Assemblée Nationale nous édifiera sur l’importance que les élus de la nation lui accordent.
Modibo Dolo