Ils prévoient d’organiser demain une marche de protestation contre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
La détermination des médecins en spécialisation ne faiblit pas. Ils étaient hier encore en sit-in devant le rectorat de l’université des sciences, des techniques et technologies de Bamako (USTTB), pour la 5è fois en moins d’une semaine.
Ils protestent contre ce qu’ils appellent « l’incapacité » du rectorat de l’USTTB à imposer aux enseignants des facultés de médecine, d’odontostomatologie et de pharmacie, la reprise des cours après sa correspondance en date du premier avril invitant les aspirants à la spécialisation à s’inscrire avant la date butoir du 15 avril. Passé ce délai, les non inscrits ne pouvaient plus se considérer comme des médecins en spécialisation, précisait la lettre (Voir l’Essor du mercredi 4 juin).
Les médecins en spécialisation estiment que cette correspondance est l’origine du refus de leurs encadreurs (les professeurs des facultés de médecine, d’odontostomatologie et de pharmacie) de les accepter dans les centres hospitalo-universitaires (CHU) pour poursuivre la formation. Ils réclament simplement leur retour dans ces établissements de soins. Ce retour est tributaire du paiement de 150 000 Fcfa pour l’inscription et autant pour les frais pédagogiques par aspirant en spécialisation.
Aujourd’hui, le dossier s’enlise dans les vérifications de listes des médecins en spécialisation. Jeudi dernier, le rectorat aurait demandé aux différents départements d’études et de recherche (DER) des facultés de médecine, d’odontostomatologie et de pharmacie de lui faire parvenir la liste des médecins admis à leurs probatoires (concours de recrutement de médecins en spécialisation) pour la comparer avec la liste fournie par la coordination des médecins en spécialisation. Non seulement, tous les DER n’auraient pas fait ce travail mais de plus les listes envoyées comportaient aussi des erreurs.
Sur injonction des religieux qui sont médiateurs dans le dossier, les aspirants en spécialisation sont allés voir le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ils ont été éconduits par ce dernier qui leur aurait signifié que la formation post doctorale se paie sous tous les cieux.
« Dans un pays sérieux, on cherche des bourses avec les partenaires pour former des compétences. Nous sommes des médecins, notre place est dans les hôpitaux pour soigner les malades », s’est défendu le secrétaire général de l’Association des médecins en spécialisation du Mali (AMESMA), le Dr Drissa Sangaré.
Pour Florent Dakouo, le secrétaire à la communication de l’AMESMA, les choses sont très claires. « L’implication du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique est réelle. Ce département a fait de gros efforts, mais c’est le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qu’on ne sent pas », a-t-il commenté.
Rappelons que le Conseil des ministres a adopté en mars dernier un projet de loi qui consacre l’appellation du Diplôme d’études spécialisées (DES) en remplacement du Certificat d’études spécialisées (CES) dans les établissements en charge de la formation médicale et biomédicale. Les médecins en spécialisation communément appelés CES seront donc des DES, une fois le texte entré en vigueur.
Les médecins en spécialisation sont décidés à poursuivre leur mouvement en changeant cependant de méthode. Ils entendent ainsi organiser demain une marche de protestation dirigée contre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Ils englobent dans leur désapprobation leurs encadreurs que l’implication de l’Etat semble déranger. Quand les pouvoirs publics paient, les pièces justificatives des frais engagés sont exigées alors que dans le cas où les aspirants paient de leur poche, les professeurs gèrent les fonds à leur guise, constate un médecin en spécialisation. C’est pourquoi, ajoute-t-il, nos encadreurs nous avaient demandé, un moment, d’aller récupérer nous-mêmes l’argent au département de la Santé pour venir payer.
Face à l’incapacité manifeste du rectorat d’exiger des professeurs des facultés de médecine, d’odontostomatologie et de pharmacie, la reprise des cours, la situation semble aujourd’hui bloquée. En fait, elle ne l’est pas mais dans la configuration actuelle, elle ne peut évoluer que dans le sens d’une aggravation. Jusqu’à dégénérer en violence dans l’espace universitaire ? Il faut espérer que non.